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Habemus Papam - critique du film
:. Réalisateur: Nanni Moretti
:. Acteurs: Michel Piccoli, Nanni Moretti
:. Scénario: Nanni Moretti Francesco Piccolo
:. Titre Original : Habemus Papam
:. Durée: 1:44
:. Année: 2011
:. Country: USA
:. Pays: Habemus Papam
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Ceci n'est pas un biopic sur Jean-Paul II ou sur Benoît XVI. On n'y raconte pas l'accession à la tête du catholicisme de l'une de ces deux figures emblématiques. Habemus papam s'assume clairement comme une fiction, une vision très personnelle de ce à quoi peut ressembler un conclave à la mort du pape. Même si la séquence d'ouverture du film utilise des images d'archives des funérailles de Jean-Paul II. Nanni Moretti dynamite le clergé de l'intérieur, du lieu le plus secret et le plus fermé au monde, dans l'enceinte duquel se joue l'avenir de toute une communauté aux abois. Mais surtout, il raconte l'histoire d'un homme, dans toute sa simplicité, face à une fonction et des responsabilités qui le dépassent et offre à Michel Piccoli l'un de ses plus beaux rôles.
Pendant les 15 premières minutes du film, la caméra suit les votes, allant jusqu'à sonder l'inconscient des cardinaux. En voix off, leurs prières se confondent à leurs espoirs et leurs doutes. " Pas moi, Seigneur ", supplie l'un d'eux, effrayé à l'idée de remporter les suffrages. On comprend d'emblée la volonté de Moretti d'inscrire son film entre comédie et drame. Personnel, mais aussi universel. Le cardinal élu, Melville, refuse de se présenter au balcon, pris d'une soudaine crise d'angoisse qu'il manifeste par un hurlement de terreur et de désespoir. Face à la responsabilité, Dieu ne peut lui venir en aide et le renvoie à sa propre solitude, à sa condition d'être humain, avec ses doutes et ses regrets.
Le Vatican dépêche un psychanalyste de renom, à qui il interdit d'aborder des sujets aussi tabous que l'enfance, le sexe, l'inconscient ou l'âme. Autant dire une gageure. Enfermé dans la Basilique Saint-Pierre jusqu'à ce qu'il parvienne à comprendre quel mal ronge le nouveau pape, celui-ci trouve peu à peu sa place parmi les cardinaux qui séjournent là comme dans un hospice de vieux, les journées étant rythmées par les prières, les repas collectifs, les jeux de société et l'enfermement dans leur chambre respective. Le pape, lui, parvient à échapper à la vigilance de ses protecteurs pour partir à la rencontre du commun des mortels, de façon anonyme. De rencontre en rencontre, il découvre ce à quoi ressemble la vie du peuple et affronte ses propres frustrations, à commencer par celle de ne pas avoir embrassé le métier de comédien.
En dressant ce portrait quelque peu cynique, Moretti raconte avant tout l'aventure humaine, dans toutes ses faiblesses, tout ce qui le rend proche de tout un chacun. Il nous rappelle que derrière les figures emblématiques appelées à guider en assumant des responsabilités plus grandes qu'elles, se cachent des hommes, aussi simples puissent-ils être.
Moland Fengkov
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