Slumdog Millionaire - critique du film

:. Réalisateur: Danny Boyle
:. Acteurs: Dev Patel, Anil Kapoor
:. Scénario: Simon Beaufoy
:. Titre Original : Slumdog Millionaire
:. Durée: 2:00
:. Année: 2008
:. Country: GB/USA
:. Pays: Slumdog Millionaire

  
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Les nouvelles sont tombées : Slumdog Millionaire est LE film de l'année. Danny Boyle repart avec huit Oscars et tout le monde est content. Bien entendu, ce "monde" ne concerne qu'une partie, l'autre "monde" n'aura guère l'avantage de se faire apprécier par celui qui juge Slumdog Millionaire comme une référence. Et c'est à cet autre "monde" (celui qui reste hérmétique) que nous nous intéressons ici...

Pour rappel, Slumdog Millionaire parle d'un jeune indien, Jamal, participant au jeu télévisé "Qui veut gagner des millions ?" et parvient à gagner la grande somme. Chose rarissime et étonnante surtout de la part d'un petit gars à l'apparence très simple et issu des bidonvilles. Le présentateur du jeu, croyant à de la tricherie, fait arrêter le jeune homme pour comprendre comment il a réussi à arriver à ce stade du jeu. Est-ce un génie ? A-t-il vraiment triché ? En réalité, chaque question posée lors du jeu remonte à un événement de la vie de Jamal...

Cette dernière indication n'est pas un spoiler, loin de là, cette révélation est offerte dès le début au spectateur, ce qui constitue le premier défaut du film : le faux suspense. Car si nous nous référons à l'affiche du film, sa bande annonce et même son introduction, la question est bel et bien "Comment Jamal Malik a-t-il atteint la question à 20 millions ?". Suspense détruit dès les premières minutes, ce qui conduit le spectateur à se demander ce que le film a d'autre à lui offrir. Manipulation pour parvenir au véritable suspense du film qui est en fait "Dans quel but Jamal participe-t-il à cette émission étant donné qu'il n'est pas passionné par l'argent ?". Chaque question introduit donc un flash-back qui pourra nous aider à trouver réponse à cette interrogation...

La manipulation a parfois de bons résultats, des films comme Funny Games de Michael Haneke ou même Dot the i de Matthew Parkhill en sont de bons exemples car ils parviennent à instaurer un véritable dialogue avec le public, tandis que Slumdog Millionaire préfère taire ce dialogue et continuer égoïstement son récit. Celui-ci est d'ailleurs intéressant au début : malgré le suspense tué, nous parvenons à suivre l'enfance de Jamal se situant principalement dans les bas quartiers de Bombay. Un contexte politique et social complexe y est abordé, mais Danny Boyle préfère s'intéresser à la lutte de Jamal pour survivre dans celui-ci. Une attention déjà plus intéressante que celle de Wes Anderson dans son nullissime A bord du Darjeeling Limited où l'Inde et ses habitants font fondamentalement office de clowneries et d'éléments de décoration.

Mais là où Danny Boyle trébuche, c'est dans son désire d'en faire trop en terme de mise en scène, mais au final, il ne fait pas grand chose et devient même paresseux. Boyle abuse de son style "caméra nerveuse" et abonde les couleurs chaudes qui, malheureusement, anesthésient le parcours présenté et ses événements. La relation entre Jamal et son amour d'enfance Latika reste très superficielle à l'écran et n'offre jamais d'indice sur ce qui cause cette passion. Sans oublier l'évolution la relation avec son ami/ennemi Salim se présentant comme l'une des plus ennuyeuses et faciles de ces dernières années.

Si nous devions aborder les quelques qualités du film, il serait intéressant de se demander ce que Slumdog Millionaire aurait pu être si Danny Boyle aurait éviter de miser sur l'idée du "question = flash-back". En soi, le film de Danny Boyle a des qualités qui auraient pu offrir un thriller, peut-être pas forcément original scénaristiquement parlant, mais original dans son contexte, car ce n'est pas tous les jours que l'occasion nous est donné de voir un thriller (car c'est bien au film de genre que certains éléments du film appartiennent) hindou prenant compte de toute la dimension sociale et politique du pays. Mais Slumdog Millionnaire n'en est pas là, il survole, presque tout. Autant son histoire d'amour (dont les complications ont déjà été abordées mille fois et n'offrent aucune surprise ici) que son protagoniste (qui demeure presque désincarné) qui sont les sujets essentiels du film. Quant à la réponse du "Dans quel but ?", le film y répondra de la manière la plus paresseuse et bavarde qui soit, pour ensuite nous emmener vers un générique de fin gênant qui ne fera plaisir qu'aux nostalgiques de la culture Bollywood.

Danny Boyle est réputé pour être un réalisateur-caméléon. Il se sera frotté à plusieurs genres différents et aura à chaque fois abordé des sujets casses gueule, un peu comme Stanley Kubrick tenait à réaliser une "expérience" avec chacun de ses films. Parfois le risque fonctionne agréablement (Trainspotting, The Beach, 28 Days Later et Sunshine), parfois la sauce ne prend pas (A Life less ordinary, et maintenant Slumdog Millionaire). Malgré les défauts de chacun de ses films, Boyle a le mérite de ne jamais réaliser deux films qui se ressemblent et laisse au spectateur le loisir de choisir son camp.

Certains disent que la jalousie mènent les critiques à écrire des horreurs sur certains films et il serait hypocrite d'affirmer le contraire comme une vérité. Toujours est-il que cet avis sur le grand gagnant de la 81ème cérémonie des Oscars n'est pas (entièrement) motivée par la jalousie, mais plutôt par une interrogation : que désire le public ? (entendons par là, "public étranger aux événements contés ici", car n'oublions pas que le film de Boyle n'est guère très adulé par le public indien) En cela, Danny Boyle, avec toutes ses bonnes attentions, aura plus ou moins trouvé une réponse (restant mystérieuse mais guère rassurante) avec Slumdog Millionaire...


  Rock Brenner


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