Le Ruban Blanc - critique du film

:. Réalisateur: Michael Haneke
:. Acteurs: Christian Friedel, Ernst Jacobi
:. Scénario: Michael Haneke
:. Titre Original : Das Weisse Band
:. Durée: 2:24
:. Année: 2009
:. Country: Autriche
:. Pays: Le Ruban blanc

  
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On reconnaît les grands réalisateurs à leur capacité à se renouveler sans s'éloigner de leur credo, de leur foi en leur art. Michael Hanake compte parmi ces auteurs, et chacun de ses films s'accompagne d'une attente fébrile, d'une curiosité empreinte de frilosité suspicieuse. On sait le cinéaste Autrichien soucieux de bousculer le spectateur. Que nous réserve-t-il, cette fois-ci ? se demande-t-on. C'est pourquoi on reste à l'affût, sur ses gardes, face à cet observateur de nos plus vils instincts, un tantinet provocateur, dont les films renferment toujours au moins une scène où la violence surgit pour mieux prendre à la gorge son public.

Avec Le Ruban blanc, il prend à revers les attentes, et livre certainement son meilleur film, œuvre somme et originelle à la fois. Si violence il y a, elle ne se manifeste jamais explicitement à l'écran. Au contraire, elle rôde, s'immisce, plane : hors-champ, dans les ellipses, mais surtout, dans les dialogues et dans les rapports de hiérarchie qu'entretiennent les personnages, au sein d'un couple, d'une famille, d'une communauté, d'un village. Sous les paisibles apparences, le film dévoile des histoires de jalousie, d'inceste, d'humiliation, de frustration, de colère et de honte qui instillent une tension constante durant près de 2h30 et transforment la moindre requête d'un enfant auprès de son père pour garder l'oiseau blessé qu'il vient de recueillir en un supplice, une séance de torture où la peur de l'autorité castratrice écrase toute velléité d'émancipation et de liberté d'expression.

Ce qui frape d'emblée : il s'agit d'un film d'époque (début du 20e siècle) en costumes (là où Haneke interrogeait plutôt notre regard sur le monde contemporain), narrant d'étranges événements survenus dans un paisible village à la veille de la Première Guerre mondiale, servi par un noir et blanc de toute beauté, emplissant des cadres amples parfaitement équilibrés. S'ouvrant sur un étrange accident (la chute à cheval du médecin du village, provoquée par un câble mystérieusement tendu entre deux arbres), le film se déploie lentement, impose son rythme, qui ne variera pas d'un iota, tandis que les incidents s'enchaînent. D'abord sans grandes conséquences, les incidents gagnent en étrangeté (une plantation de choux décapités, un enfant handicapé retrouvé mutilé…) et en gravité. Le film ne dévoilera jamais l'identité ni les motivations des coupables, mais qu'importe, puisque l'enjeu ne se situe pas dans la recherche d'une vérité qui se dérobera toujours. Ce qui intéresse ici, et qui fait la force de la mise en scène du cinéaste, c'est cette façon de traiter toutes ses habituelles réflexions de manière totalement novatrice, sans excès, mais avec une précision d'orfèvre. Une fois happé par le dispositif, le film ne lâche plus le spectateur et l'entraîne dans son étrange univers où on préfère les questions sans réponses.


  Moland Fengkov


     Le Temps du loup


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