Carlos - critique du film

:. Réalisateur: Olivier Assayas
:. Acteurs: Édgar Ramírez, Alexander Scheer
:. Scénario: Olivier Assayas Dan Franck
:. Durée: 8:00
:. Année: 2010
:. Country: France
:. Pays: Carlos

  
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A travers le portrait d'une figure médiatique, d'un mythe générationnel encore vivant (bien que tapis derrière des barreaux), Olivier Assayas embrasse 3 décennies de géopolitique internationale et livre un film marathon aussi explosif qu'une charge de C4. Carlos est un projet destiné à la télévision, d'une durée totale de 5h30 et divisé en trois volets. Mais ce portrait complexe de l'un des plus grands terroristes de la fin du 20e siècle s'apprécie à sa juste valeur sur grand écran. Présenté in extenso au 63e Festival de Cannes, il se voyait comme un très, très long métrage de cinéma, bénéficiant des moyens du cinéma, affichant les exigences d'un film de cinéma, en somme, balayant dans le souffle d'une explosion le faux débat sur sa présence à Cannes. Cette explosion, c'est celle d'une voiture, qui ouvre le film et annonce d'entrée de jeu la couleur. Assayas ne compte pas s'en tenir à un biopic étriqué mais s'accorde les moyens de ses ambitions. Résultat : une grosse machine lancée à la vitesse d'une balle d'AK47.

Dans un rythme très nerveux, on découvre le jeune Ilich Ramirez Sanchez, révolutionnaire marxiste propalestinien au cours de son accession à la notoriété internationale. Une réputation forgée à coups d'attentats. A travers son itinéraire, c'est tout un éclairage sur les grands bouleversements politiques des 30 dernières années du 20e siècle que le film parcourt, avec une clarté impressionnante. Insaisissable, complexe, le personnage est à l'image de son époque. Incarné par le corps caméléon d'Edgar Ramirez, Carlos occupe l'espace, le cadre, son charisme envahit l'écran, irradie ses nombreux contacts dans les hautes sphères diplomatiques, séduit les femmes et les hommes. Ce chef guerrier, Assayas en fait une figure presque rock'n'roll, brûlant sa vie comme la cervelle de ses ennemis, excessif, ambitieux, idéaliste, mystérieux et profondément humain. Tout au long du film, on observe comment ces armes servent ses ambitions et comment elles participent de son déclin.

Dans la première partie, les attentats et les prises d'otages se multiplient, à l'ancienne (depuis, nous avons connu le 11 septembre et les kamikazes), à coups de roquettes lancées depuis la jetée d'Orly, à coups de voitures piégées, ou au corps à corps, pistolet au poing. Carlos est l'un des premiers terroristes ayant compris comment se servir des attentats comme un mode de communication efficace. Son portrait, universel car touchant à l'international, c'est celui de la fin d'un monde, celui de la Guerre Froide, et celui du début d'un autre. Une véritable métaphore sur le combat pour des causes collectives allié aux ambitions personnelles. En clair, comment le révolutionnaire devient un mercenaire financé par le Grand Capital, avant de devenir un outil périmé, à l'effondrement du Bloc soviétique. Le rythme du film épouse la carrière du terroriste : effréné pendant ses années de gloire, plus lent pendant celles où il se terre, de cache en cache, poursuivi par toutes les polices du monde. Plus qu'un terroriste, Assayas en fait un héros moderne concentrant tous les combats idéologiques d'une époque. Un film nerveux et certainement le meilleur du réalisateur depuis Clean.


  Moland Fengkov


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