Festival de Cannes 2006 Festival de Cannes 2006



 

 



Festival de Cannes 2006

Festival de Cannes - Edito

:. Durée : 17 - 28 mai
:. Ville : Cannes
:. Pays : France
:. Edition : 2006/59e
:. Site Officiel : Festival de Cannes 2006


Edito | CRITIQUES

Fin du festival - commentaire du palmarès

Le 59ème Festival de Cannes s'achève et avec lui, une certaine idée du cinéma. Car s'il n'a pas brillé par une sélection très marquante, l'événement cinématographique a néanmoins entamé sa mue. Aspect prégnant cette année, le questionnement et le renouvellement des formes. L'ouverture aux images contemporaines, tant désirée dans un contexte conservateur, est en train de s'esquisser. Certes, timidement dans une compétition officielle où l'on trouvait quelques ovnis, comme L'Ami de la Famille de Sorrentino ou Southland Tales de Richard Kelly, tous deux absents du palmarès. On regrette que les membres du jury n'aient pas suivi et se soient cramponnés à une cinématographie classique qui a fait long feu. En distribuant paresseusement des prix d'interprétation à l'ensemble de la distribution de Indigènes et de Volver, le jury a choisi la facilité et le consensus. Ce qui fâche, là-dedans, c'est un nivellement par le bas qui verrait toutes les prestations se valoir. Loin de les servir, ces prix reflètent ironiquement la proposition toute en aplats de films rebelles à l'innovation. A la collégialité des prix répond - ce n'est pas un hasard - des films où le collectif fait retour. Structures chorales, destinées individuelles fondues dans un grand tout filmique (Babel, Selon Charlie, La Raison du plus faible, Indigènes, Volver, etc..) et dramaturgique, la communauté occupe le haut de l'affiche.

Comment se penser à l'aune du collectif et dans un flux (mondialisation, pop culture) décalant ? Visions messianiques, guerres et fin de civilisation, telles furent les réponses. Jamais la béance n'avait trouvé expression plus évidente à l'écran ! Les propositions filmiques ne se situent dorénavant plus du côté du repli sécuritaire, mais dans une forme implosive. L'humanité à la question, c'est tout un système de représentations qui vacille. Cette même humanité qui avait donné son titre au film de Bruno Dumont, lequel renoue là avec un Grand Prix du Jury, et signe le plus beau film de sa carrière. Car Flandres est la conjonction idéale du propos et de la forme renouvelée, au même titre que En avant Jeunesse de Pedro Costa, ses plans tableaux, trous noirs qui vous aspirent tout en distillant leur insatiable vitalité.

Cinéma en état de guerre, à défaut d'être en état de grâce, c'est la consécration attendue du film de Loach, Le Vent se lève, un rapt émotionnel convenu pour artificiers du cinéma. On se désole du palmarès, d'autant plus que les corps, pour une fois, vibraient à l'unisson du contemporain. Certes, Shortbus de John Cameron Mitchell n'a pas connu les honneurs d'une compétition officielle, mais demeure l'une des propositions les plus audacieuses. De mémoire de festivalier, on n'avait jamais vu " CA " ! Qu'Andrea Arnold, avec Red Road, un premier film, se retrouve propulsée Prix du Jury n'est pas étranger à cette manière décomplexée de filmer le sexe au même plan que les sentiments. Histoire de deuil impossible, à la réalisation assez maîtrisée, Red Road pèche par son manque d'originalité, à l'instar d'un palmarès académique qui n'ose s'aventurer dans les chemins de traverse cinéphiliques qui s'offraient pourtant à lui. Sans surprise, le mexicain Gonzalez Inarritu rafle, avec un Almodovar piqué à vif, respectivement le prix de la mise en scène et du scénario.

On se prend à rêver. Et si le 59è Festival de Cannes, en les honorant, avait paradoxalement entériné la fin de règne des auteurs et signé l'avènement d'un cinéma hybride ? Et de songer au dernier plan de l'injustement boudé Marie-Antoinette, une nature morte saisissante dans laquelle on entrevoit, chambre dévastée, la métaphore d'une forme classique sens dessus dessous. Le cinéma est mort, vive le cinéma ! — Sandrine Marques



Premier bilan à mi-parcours du festival

Si la compétition officielle du Festival de Cannes se veut plus intéressante que celles des années précédentes, la Quinzaine des réalisateurs, sous la houlette d'Olivier Père, affiche une sélection hautement réjouissante par ses audaces et son éclectisme.

Si Princess, de Kasper Tuxen Andersen déçoit, malgré l'ambition de son projet (utiliser plusieurs techniques différentes d'animation, ainsi que quelques scènes tournées avec de véritables acteurs, pour une histoire de vengeance mêlant poésie et violence extrême), la première semaine nous aura donné droit de découvrir en avant-première le dernier bijou de William Friedkin, Bug, ou une sombre plongée dans la folie et la paranoïa, comédie grinçante et traumatisante (après une semaine de boulimie d'images, plusieurs scènes du film continuent à me poursuivre), le faux film de genre de Bong Joon-ho, The Host, charge contre les Etats-Unis et la Corée elle-même, à travers l'invasion d'un monstre semant la terreur et que combat une famille d'hurluberlus, ou encore la dernière merveille esthétique de Michel Ocelot, Azur et Asmar (utilisant pour la première fois les techniques numériques, pour créer une œuvre aux milles et unes couleurs).

Toujours dans la programmation de la Quinzaine, Brisseau livre son droit de réponse (suite à son récent procès) avec Les anges exterminateurs. Du cul, du cul, du cul. Si on parlera davantage d'érotisme dans ce film, le festival, toutes sections confondues, se distingue par le nombre de films s'autorisant un traitement du sexe affranchi des tabous de sa représentation à l'écran. Chose étonnante pour un film chinois, Summer Palace de Lou Ye livre des étreintes de toute beauté, s'autorisant la durée. Présenté en tout début de festival, ce film constitue notre premier coup de cœur. Scène explicite de coït dans Red Road d'Andrea Arnold, sexualité au cœur même de Shortbus, de John Cameron Mitchell ou de Destricted, film à sketches réalisé par le parrain de la Semaine de la critique, Gaspar Noé, et plusieurs de ses amis cinéastes, dont Larry Clark (qui signe le meilleur moment de cette œuvre collective, en filmant un casting d'acteurs amateurs en vue du tournage d'une scène porno), sexe filmé comme la guerre dans Flandres de Bruno Dumont, d'ores et déjà la Palme d'or selon Contrechamp, ou encore bite littéralement en feu, viol de cochon mort, j'en passe et des meilleurs, dans l'ovni un peu tape-à-l'œil Taxidermia, de Gyorgy Palfi. Sans oublier la présence du premier long métrage de HPG. Un véritable festival de cul. — Moland Ferkov

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