We need to talk about Kevin - critique du film

:. Réalisateur: Lynne Ramsay
:. Acteurs: Tilda Swinton, John C. Reilly
:. Scénario: Lynne Ramsay Rory Kinnear
:. Titre Original : We need to talk about Kevin
:. Durée: 1:50
:. Année: 2011
:. Country: GB, USA
:. Pays: We need to talk about Kevin

  
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Quelles sont les raisons qui poussent un ado à commettre l'irréparable ? A cette question qui brûle les lèvres des parents des victimes comme de la famille hébétée du coupable, Lynne Ramsay ne fournit aucune réelle réponse. Sans doute parce que Kevin, comme il l'avoue lui-même à sa mère, ne le sait pas lui-même. C'est là que réside la force de We need to talk about Kevin. Tout en retenue, en ellipses, en suggestions : du carnage, on ne verra rien. Et ça tombe bien, puisque ce n'est pas le propos du film.

Adapté du roman de Lionel Shriver, le film s'articule autour de la vie ravagée d'Eva, mère d'un ado ayant perpétré un massacre dans son lycée, et de flashbacks sur leur vie de famille, de sa naissance à ce jour funeste, qui tentent de recoller les pièces du puzzle de la compréhension. Avant la naissance de Kevin, Eva menait une vie de Bohème, voyageait, profitait de sa liberté. L'arrivée d'un enfant a bouleversé son univers, et implicitement, l'enfant l'a ressenti dès son plus jeune âge. Au cours d'une belle scène, pour trouver un moment de calme au milieu des cris du bébé qu'elle promène dans les rues de New York, Eva s'arrête à deux pas d'un marteau piqueur en pleine action. Le brouhaha de la rue plutôt que les pleurs de sa progéniture : de quoi traumatiser l'enfant et le pousser à la révolte. Pour autant, Lynne Ramsay ne dresse pas le portrait d'une mère indigne. Bien au contraire, Eva aime son fils, au point de se laisser manipuler et dominer par lui, jusqu'à l'effroi. Le film ausculte cette relation conflictuelle à travers le point de vue d'Eva, par le truchement de ses propres souvenirs, de son interprétation des faits. A l'écran, c'est une Tilda Swinton en état de grâce qui insuffle à son personnage toutes les nuances de ses sentiments, entre désespoir, colère, résignation et apaisement. Face à elle, Ezra Miller se montre inquiétant, du regard à la posture du corps, jusque dans la voix.

Si l'histoire elle-même de cette famille qui accouche d'un futur meurtrier porte en elle la terrible force de l'inexpliquable, elle se trouve en revanche desservie par une mise en scène trop sophistiquée pour le propos. Lynne Ramsay expérimente et apporte un soin chirurgical à ses plans, par moments à la limite du clip, le tout appuyé par une bande sonore (et la musique du guitariste de Radiohead, Johnny Greenwood) un tantinet outrancière. Si l'intrigue et le jeu du casting sauvent le film, ses excès formels lui ôtent une certaine dose d'authenticité et de spontanéité qui l'aurait porté vers le haut. Il n'en demeure pas moins que laisser le spectateur avec ses propres interrogations et ses propres hypothèses sauve l'entreprise.


  Moland Fengkov


     Festival de Cannes 2011


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