Two Lovers - critique du film

:. Réalisateur: James Gray
:. Acteurs: Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow
:. Scénario: James Gray Ric Menello
:. Titre Original : Two Lovers
:. Durée: 1:40
:. Année: 2008
:. Country: USA
:. Pays: Two Lovers

  
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A peine un an après la sortie de We own the night, celui qui nous avait habitués à la patience pour découvrir sa nouvelle œuvre (7 ans entre The Yards et We own the night) revient sur les écrans avec Two lovers. L'occasion d'abandonner les thrillers qui imposèrent sa marque de fabrique (Little Odessa, The Yards, We own the night) et d'explorer l'inépuisable thème de l'amour. Tournant plus que réussi mais pas un véritable virage à coup de frein à main dans sa filmographie, tant on retrouve dans Two lovers le sens de la tragédie qui nimbe l'œuvre de James Gray.

Dès les premiers plans, on comprend que Two lovers se démarque des comédies romantiques habituelles à l'américaine, traitant l'état amoureux comme un état parfois absurde. Ici, on ne risque pas de rire mais on nous promet des larmes et le ton est donné dès le sublime premier plan. Filmé de dos en contre-plongée sous un ciel de cendres, Leonard (Joaquin Phoenix) s'avance au ralenti sur un ponton avant de sauter dans l'eau. Une mouette traverse le cadre, on aperçoit le bout de réverbère, la bande-son, un grondement industriel assourdissant remplit l'espace. Dès l'ouverture du film, une tentative de suicide, James Gray brosse un personnage meurtri dont les cicatrices ne risquent pas de se refermer.

Leonard, donc, vit chez ses parents, après la rupture avec sa fiancée. Ses parents le poussent vers la fille (Vinessa Shaw) du nouvel associé de son père qui le voit comme son successeur. Lorsqu'il rencontre sa nouvelle voisine (Gwyneth Paltrow), son cœur commence à balancer et à vaciller. Entre la brune conquise d'avance qui lui promet une vie bien rangée et la blonde qui ne le voit que comme un fidèle et dévoué confident, Leonard devra opérer des choix qui ne le laisseront pas indemne.

Two lovers est un film pour un public ayant un déjà parcouru un bout de chemin sur la route de l'amour. Pas de happy-ending, chez Gray, on connaît l'issue. Gray ne joue pas au petit malin en nous réservant un twist. Toutes les situations sont téléphonées : on sait ce que va écrire au doigt sur le bras de Michelle, on sait quelle mauvaise nouvelle elle descend lui annoncer à leur dernier rendez-vous, on sait ce que Leonard va faire de la bague qu'il n'aura pas eu le bonheur de lui offrir. Pourquoi ces scènes qui semblent mille et une fois vues fonctionnent malgré tout, mieux, font mouche, droit dans le cœur ? Derrière le classicisme de la mise en scène et de l'histoire même, le film invoque l'expérience intime du spectateur et le renvoie à sa propre solitude, à ses propres souffrances, à ses propres frustrations. Il parle au cœur, directement, celui de celles et ceux qui ont un jour aimé, qui ont un jour envisagé de tout plaquer, littéralement, par amour, celles et ceux qui ont touché le fond, qui ont affronté les pires déceptions, se sont arraché les yeux à force de ne plus parvenir à pleurer, et qui se sont résolus. Ont capitulé face au poids du destin, de la fatalité. Car chez Gray, si on connaît la fin, c'est justement parce que son film se situe du côté de la tragédie. Celle d'un personnage qui ne parvient pas à échapper à son destin (ici, reprendre l'entreprise familiale et fonder un foyer avec la jeune et belle promise qu'on lui a choisi) et qui ne parvient pas à embrasser l'amour idéal après l'avoir caressé.

Malgré quelques raccourcis dramatiques, Gray expédie le processus de séduction pour aller à l'essentiel de son discours : ici, ce qui l'intéresse, c'est davantage l'impossibilité pour ses personnages d'échapper au destin — Two lovers se révèle comme une excellente et réjouissante surprise qui ne s'éloigne finalement guère de l'esthétique et du style qui ont contribué à bâtir l'œuvre de Gray.


  Moland Fengkov


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