This Must Be the Place - critique du film

:. Réalisateur: Paolo Sorrentino
:. Acteurs: Sean Penn, Frances McDormand
:. Scénario: Paolo Sorrentino, Umberto Contarello
:. Titre Original : This Must Be the Place
:. Durée: 1:58
:. Année: 2011
:. Country: Italy, France
:. Pays: This Must Be the Place

  
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L'odyssée d'une rock star déchue, en quête de ses origines, révèle un Sean Penn inattendu d'émotion. Pourtant, à voir l'acteur grimé en Robert Smith (ou en vieux transsexuel, au choix), on craignait que le nouvel opus de Paolo Sorrentino n'exploite, une fois de plus, le goût pour l'outrance et la caricature du réalisateur. Moins virtuose formellement que son film précédent Il Divo, c'est dans l'intime que l'exubérant Italien puise ici sa matière.

Résident britannique, Cheyenne vit en retrait dans sa luxueuse demeure, avec une épouse aussi compréhensive que complice (Frances McDormand). La mort de son père l'oblige à se rendre aux États-Unis, afin d'assister à ses obsèques. À cette occasion, l'ex vedette découvre que son géniteur, emprisonné dans les camps pendant la seconde guerre mondiale, a cherché toute sa vie à retrouver l'un de ses bourreaux nazis. En vain. Cheyenne décide de poursuivre les investigations paternelles. Muni d'une simple valise à roulettes, son enquête l'entraîne d'État en État, de rencontre en rencontre.

Promenant sa dégaine improbable dans les coins parfois les plus conservateurs de l'Amérique, le personnage de Cheyenne joue constamment du décalage de sa présence étrange dans une réalité pragmatique, qu'elle soit liée à son environnement immédiat ou à la mémoire des camps. Sorrentino réalise le mélange casse-gueule des genres, sans dévier de la même trajectoire hasardeuse que celle qu'emprunte son personnage hors norme.

La bonne idée du réalisateur ? Exploiter le côté cabot de Sean Penn jusqu'au bout. Voix geignarde, silhouette chétive, l'acteur livre ici sa meilleure performance car sous le grimage, point une qualité d'émotion rare. C'est la conscience d'un temps que rien ne pourra jamais ramener, le silence qui suit la dernière note d'une partition pop, toujours un peu mélancolique. Peut-être celle des Talking Heads (le titre du film renvoie à une chanson du groupe) que couronne le caméo d'un David Byrne étincelant.

La collision de références pop avec des considérations mémorielles donne, à ce qui n'aurait pu être qu'un énième road-movie existentiel, toute son originalité au film. Grinçante et franchement drôle par endroits (les répliques font mouche), cette comédie douce-amère a pour elle l'audace qui accompagne les entreprises souvent fantasques de ceux qui n'ont plus rien à perdre.


  Sandrine Marques


     Festival de Cannes 2011


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