Kinatay - critique du film

:. Réalisateur: Brillante Mendoza
:. Acteurs: Coco Martin, Julio Diaz
:. Scénario: Armando Lao
:. Titre Original : Kinatay
:. Durée: 1:45
:. Année: 2009
:. Country: USA
:. Pays: Kinatay

  
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Avec un titre plus qu'explicite (kinatay signifie massacre), on pourrait taxer Brillante Mendoza de complaisance. Ce serait là une erreur, car le film se veut plutôt une manifestation de la nécessité qui motive le réalisateur Philippin lorsqu'il livre une interminable mais magistrale séquence centrale qui relève presque du cinéma expérimental tel qu'on peut le trouver, toute proportion gardée, dans l'univers de Gandrieux.

Plongée dans l'obscurité qui devance l'horreur, l'image s'étire dans le temps et s'accouple à une bande-son électro-acoustique morbide, lui cédant par intermittence tout l'espace. La caméra embarquée dans un van qui file avec une lenteur tropicale au gré du trafic routier saturé de Manille suggère plus qu'elle ne montre le drame qui se met en place, pratiquement en temps réel : l'enlèvement punitif d'une prostituée par un gang qui fait les gros titres par ses méthodes sanguinaires. Tout comme cet élève flic un peu naïf participant à la mission, Mendoza prend le spectateur en otage, referme son piège, celui de la violence qui sourd pour mieux surgir, brusquement, sans que l'on ose franchement s'y attendre, par refus d'y croire. Effet garanti. Par tout refus d'esthétisation de la violence de l'exécution (dans un abattoir au-dehors de la ville, les malfrats violent, saignent à blanc, puis découpent leur victime, avant d'éparpiller sur le chemin du retour les morceaux de son corps), Mendoza dénonce le sentiment d'impuissance dont on peut s'habituer si facilement grâce à une distanciation banalisée.

De l'extérieur vers l'intérieur. Telle est la leçon dispensée par un des professeurs de Peping, le jeune apprenti flic, lorsqu'il enseigne les méthodes d'investigation. Kinatay applique la leçon. La première partie du film le montre dans son univers quotidien : en famille, dans son école, son petit monde ordinaire. Cette partie, saturée de la lumière du jour, contraste avec le parti pris esthétique adopté dans les séquences nocturnes, où la caméra avance à tâtons. Jusque sa rencontre avec le gang et cette lente immersion dans l'horreur. Et lorsqu'au petit matin, à l'heure où les tueurs s'arrêtent pour prendre le petit-déjeuner, une fois le dernier sac poubelle balancé, la lumière ne réinvestit pas tout à fait l'écran, le soleil commence à peine à darder ses premiers rayons. La ville s'anime dans le brouhaha des voitures, mais on n'aura pas retrouvé pas pour autant son souffle. Au final, on ressort de se film comme d'un cauchemar fiévreux : en sueur, hors d'haleine, pâteux, sali. Poursuivi.


  Moland Fengkov


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