Gomorra - critique du film

:. Réalisateur: Matteo Garrone
:. Acteurs: Salvatore Abruzzese, Gianfelice Imparato
:. Scénario: Roberto Saviano Maurizio Braucci
:. Titre Original : Gomorra
:. Durée: 2:15
:. Année: 2008
:. Country: Italie
:. Pays: Gomorra

  
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Tentaculaire et anti-spectaculaire. Tels sont le sujet et son traitement dans le film de Matteo Garrone. Adapté du roman de Roberto Saviano, Gomorra entraîne le spectateur dans une plongée en apnée au centre du monde protéiforme de la mafia napolitaine, la Camorra.

Film choral à sa manière qui évite le piège des destins croisés, préférant enfermer les protagonistes dans leur sphère sans horizon, il suit plusieurs acteurs de cette organisation criminelle agissant à différents niveaux de la société et dans divers domaines, de la cité de banlieue où règnent en maîtres les petites frappes au monde des marchés publics où la mafia contrôle le business de l'enfouissement des déchets industriels, en passant par la haute-couture. Au milieu : deux francs tireurs, deux petits voyous épris de liberté, ridicules et dangereux, marchant sur les plates-bandes des parrains, se foutant de leurs lois sans se soucier du danger consistant à défier leur autorité. Deux personnages nourris au culte de Tony Montana, dont la carrure hollywoodienne, pour ne pas dire glamour, plane à des années lumières au-dessus de la réalité des truands, bedonnants, short et chemises de mauvais goût, en somme vulgaires au possible. Deux écervelés rêvant de se faire un nom, lancés dans un trip mortel dont la descente revêtira les atours d'un crash. On ne badine pas avec la mafia et l'ombre de la mort qui l'accompagne.

Après une séquence d'ouverture dans laquelle on assiste à une exécution sommaire, Gomorra s'éloigne du film de gangsters classique auquel cette scène pouvait faire penser pour mieux jeter le spectateur au plus près de l'univers de la Camorra dans tout ce qu'il a plus d'effrayant : que ce soit dans le monde de la mode, celui du trafic de stupéfiants ou dans celui des affaires, la tension règne constamment et la violence se tapit dans les recoins de chaque scène. Pour mieux exploser à la figure des personnages et par ricochets à celle du spectateur. Chaque parcours individuel détaille les rouages bien huilés d'une machine tournant à plein régime. Ici, pas de parrain, que des seconds couteaux et des chefs locaux, faisant tourner la boutique au quotidien. Et des témoins qui attirent notre regard extérieur : ainsi ce commis chargé de distribuer les pensions aux familles de mafieux emprisonnés, pris dans les feux d'une guerre de clans, ce couturier qui fraie avec la mort après avoir vendu ses services aux concurrents chinois, ou encore ce jeune aspirant sommé de choisir son camp, au détriment de ses proches qu'il condamne à mort.

Si l'ensemble peut laisser un arrière-goût de confusion, les images se passant d'explication (quelques données chiffrées closent le film) et entraînant le public dans des séquences au réalisme rêche, le film s'en sort avec brio en imposant un rythme soutenu et en évitant les travers du traitement documentaire. Si la caméra se veut mobile, elle tâche cependant de ne pas se montrer trop épileptique. Au final, Gomorra se démarque des films de mafia et ne s'autorise aucune concession ni aucune complaisance. Durant plus de deux heures, le film aura maintenu la tête du spectateur sous les eaux poisseuses d'un monde craint mais invisible sans se soucier de sa survie.


  Moland Fengkov


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