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Cannes 2008 Films




La frontière de l'aube La frontière de l'aube
Philippe Garrel

Lors de sa présentation en compétition officielle du Festival de Cannes 2008, La Frontière de l'aube a largement suscité la controverse. A la fin des scènes, applaudissements moqueurs et sifflets invitaient le film à couper court et à abréger le supplice qu'il faisait subir au public. C'est entendu, Philippe Garrel jouit en France d'une aura et d'un respect auprès de la critique dite intello, celle-là même qui rédige ses papiers en appliquant l'indécrottable politique des auteurs selon laquelle on défend un réalisateur à travers toute son œuvre et on se refuse d'appréhender son dernier film dans sa singularité. Un certain snobisme se plaçant en rebelle du cinéma d'auteur suranné, décrétant fièrement que les détracteurs du film, une large majorité, presse internationale comprise, ne pouvaient qu'appartenir à la famille nombreuse des imbéciles.

Si le jeu emprunté de Laura Smet et de Louis Garrel (qui s'échine à tourner en rond dans son éternel registre de sombre et ténébreux romantique), servi par des dialogues d'une autre époque (pourra-t-on un jour sortir de la Nouvelle Vague sans avoir à subir des comédies populaires idiotes ?) trouve sa place dans le beau noir et blanc, l'intrigue se perd dans un ridicule navrant qui atteint des sommets lorsque le spectre de l'amoureuse défunte réapparaît sur les miroirs pour inviter son bel amant à la rejoindre. Pour le reste, Garrel emploie toutes les recettes de l'histoire d'amour tragique, entre jalousie, névrose et trahisons, avec une paresse teintée de prétention qui tirent irrémédiablement et tristement le film vers le bas. Complètement raté. — Moland Fengkov

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal
Steven Spielberg

Ah, les bonnes recettes à papa. Paresseux au possible, Steven Spielberg déçoit avec le quatrième volet des aventures du docteur Jones. A une époque où le film d'aventures a su se réinventer, grâce notamment à la trilogie des Pirates des Caraïbes, Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal se contente de recycler les codes qui ont contribué au succès de la licence. Les méchants sont cette fois-ci de vilains soldats soviétiques à la recherche du pouvoir absolu que confère le crâne de cristal à quiconque le remet en place dans la cité d'or qui l'abritait, jadis. Malgré quelques scènes de poursuites et une débauche finale d'effets spéciaux remplissant le minimum syndical, le film s'étire et se perd dans les relations de la famille Jones, Indy retrouvant son amour du premier volet et se découvrant un fils. Si Spielberg excelle lorsqu'il aborde les attentats du 11 septembre via l'adaptation de la Guerre des mondes, ou lorsqu'il livre une œuvre sombre comme Munich, il ne parvient pas à rattraper ses contemporains concurrents lorsqu'il tente de toucher le grand public. Dommage. — Moland Fengkov

Kung fu Panda Kung fu Panda
Mark Osborne et John Stevenson

Une production Dreamworks sonne depuis un moment maintenant comme la promesse d'une réjouissante bouffée d'air, une récréation dont on ne doute plus de la réussite. Kun Fu Panda ne déroge pas à la règle. Si certains personnages manquent de consistance (les cinq Cyclones : Tigresse, Grue, Mante, Vipère et Singe), le panda du titre dénommé Po, qui s'interroge tardivement dans le film sur ses liens réels de parenté avec son jars (!) de père, tient le haut de l'affiche.

A grand renfort de mimiques et de maladresses hilarantes, ingrédients éprouvés pour le rendre sympathique au possible, le gros nounours sert le discours du film selon lequel il n'existe pas d'ingrédient secret pour rendre un plat unique et inestimable, cet ingrédient, c'est votre propre foi. Pétri de sagesse enfantine et superficiellement empruntée aux légendes chinoises, le film déroule ses décors aux mille et uns détails, ses gags efficaces et ses combats homériques au cours desquels le rire se mêle au spectaculaire. Un grand moment de divertissement rapidement consommé et digéré qui ne sert d'autre ambition que le plaisir de se laisser aller. — Moland Fengkov

La Nouvelle vie de Monsieur Horten La Nouvelle vie de Monsieur Horten
Bent Hamer

Odd Horten, cheminot conducteur de train près de 40 ans, arrive à l'âge de la retraite. Sa vie est dédiée à son métier. Il est le plus chevronné, il est rigoureux, efficace, respecté et discret. Tout est réglé comme une horloge de gare. Odd est un homme attachant qui pourrait être le grand-père de tout un chacun ; un homme célibataire avec pour seule compagnie celle de ses perruches. Dormant un jour chez lui, le lendemain dans une pension avant de repartir pour le trajet retour. C'est un homme d'habitudes.

Mais dès lors que l'heure de la retraite sonne, tout bascule. Horten va devoir réapprendre à vivre avec ce monde qui l'entoure. Et bien que la mécanique huilée de sa vie déraille, il découvre petit à petit les autres. A-t-il vu le monde changer ? Le comprend-t-il encore ? C'est un portrait émouvant de ce personnage peu commun mais qui est aussi monsieur tout le monde. On le voit faire des choses que lui-même pensait impossible. Il n'est jamais trop tard pour faire ce qui nous a échappé.

O'Horten (ou la nouvelle vie de monsieur Horten) est une fable moderne. Un film plein d'humour où s'inscrit un chemin où vieilles et nouvelles connaissances apprennent à Odd que les choses peuvent changer. On peut aussi le voir comme une note d'espoir pour tous ces futurs sexagénaires qui vouent leur vie à leur travail et qui se retrouvent désœuvrés lorsque que l'heure de la retraite a sonné. Cette retraite peut se transformer en renaissance où tout est encore permis (les amis, les folies et l'amour). — Dan Rapaport

Les Trois singes Les Trois singes
Nuri Bilge Ceylan

Three monkeys (les trois singes) se regarde comme les précédents films de Nuri Bilge Ceylan. Avec toute la patience qu'ils exigent. Le réalisateur turc qui fit sensation à Cannes avec Uzak et les Climats explore ici le thème du mensonge. Ou comment les relations entre un père qui accepte d'endosser la responsabilité d'un accident mortel à la place de son patron de politicien, moyennant une récompense, sa femme qui tombe amoureuse dudit patron et le fils qui baigne dans l'ennui, se délitent autour des petits et grands secrets que chacun tente de préserver.

Comme à son habitude, Ceylan plante sa caméra et laisse le temps s'écouler en de longs plans séquences. Comme à son habitude, il peint le paysage et les visages de couleurs grisâtres. Comme à son habitude, son film est traversé par cette atmosphère poisseuse sublimée par la beauté de la photographie, l'économie des dialogues et un scénario bien plus subtile qu'il n'y paraît. Il manque cependant ces petits accidents qui contribuaient à la réussite d'Uzak pour que Three monkeys s'impose. Sa réussite se trouve parasitée par des éléments inutiles, comme l'incursion du fantastique dans le récit (le fantôme du fils mort) et Ceylan se laisse un peu trop séduire par ses propres images. Le film réussit néanmoins à laisser cet arrière-goût de poisse à la sauce Ceylan que reconnaîtront immédiatement ses défenseurs. — Moland Fengkov

Of time and the city Of time and the city
Terence Davies

Les premiers plans de Of time and the city peuvent effrayer. On craint de devoir subir pendant plus d'une heure des séquences d'archives sur Liverpool, commentées par une voix off, celle du réalisateur, lisant un texte au style quelque peu maniéré. Puis, on se laisse embarquer dans cette évocation de la ville. Terence Davies invoque de grands auteurs comme Joyce, filme sa ville et se raconte à travers ses contemporains, en égratignant au passage les travers de la société en mutation, à l'image de cette église reconvertie en restaurant. Le tout avec un ton flegmatique et un humour fin que seuls les Anglais savent maîtriser, à grand renfort de jeux de mots servis par une diction péremptoire et amusée. Au final, un documentaire sur Liverpool, un témoignage touchant qui pose un regard tendre et personnel sur un parcours intime inscrit dans et lié à une ville en marche vers sa propre histoire. — Moland Fengkov

Serbis Serbis
Brillante Mendoza

On nous promet du sexe. On nous en sert. Sauf que… Serbis (service) désigne les passes que les jeunes offrent dans le cinéma porno où une famille philippine a élu domicile. Entièrement tourné dans ce décor, le film de Brillante Mendoza se perd hélas dans les couloirs et les étages de son cinéma, au propre comme au figuré. Il tourne en boucle, se cogne aux murs et pète plus haut que ses ambitions. Après une ouverture sur le corps d'une jeune collégienne nue devant sa glace que la caméra effleure, plutôt de bon augure, le film appuie grossièrement sur les détails pour bien signifier que la vie, c'est trop dur, et que la prostitution, c'est une fatalité qu'on ne peut juger, et que la pauvreté, ça colle à la peau comme aux murs tels ces graffitis qu'une des filles de la famille tente d'effacer à l'éponge. A la lisière du ridicule. Dommage. — Moland Fengkov

The Chaser The Chaser
Na Hong-jin

Les polars coréens semblent tous formatés. Très proche de Memories of murder dans son traitement stylistique et dans son approche un tantinet moqueuse de la police, The Chaser joue au bon élève. Servi par un scénario qui tient le spectateur en haleine en choisissant le parti pris de révéler rapidement l'identité du tueur et en axant l'enjeu de l'intrigue sur la découverte de sa planque et la survie d'une de ses victimes, Na Hong-jin impose un rythme soutenu qui mène son film jusqu'à un final convenu et paradoxalement surprenant : un règlement de compte qui ne se solde pas par la mort de l'un des adversaires. Entre-temps, on aura eu droit à de belles poursuites pédestres à travers les ruelles d'un quartier de Seoul, filmées caméra à l'épaule, quelques interrogatoires musclés, quelques rebondissements et une poignée de morts violentes. Le casting de gueules patibulaires ou ridicules rappelle lui aussi celui d'autres productions du genre, éructant moult insultes comiques. Au final, un film qu'on regarde avec plaisir mais qu'on oublie une fois sorti de la salle de projection. — Moland Fengkov

Un conte de Noël Un conte de Noël
Arnaud Desplechin

Film somme qui puise dans les œuvres précédentes, Un conte de Noël d'Arnaud Desplechin revendique sa fantaisie salvatrice. A Noël, tout est possible. Junon doit subir une greffe de moelle osseuse pour espérer guérir d'un cancer du sang. Réunis pour les fêtes, les membres de la famille testent leur compatibilité et en profitent pour régler ou solder leurs comptes, à l'issue d'une soirée qui les changera tous.

Ce qui frappe dans le cinéma de Desplechin, outre les thématiques empruntes au théâtre et à la psychanalyse, c'est cette impressionnante direction d'acteur. Le cinéaste aime sa petite famille (il tourne régulièrement avec les mêmes comédiens, Matthieu Amalric et Emmanuelle Devos en tête) et celle-ci le lui rend bien, tant le plaisir de jouer et de se retrouver déborde de l'écran. Tout en finesse, Desplechin offre à chacun de ses personnages son heure de gloire, comme le personnage interprété par Melvil Poupaud qui, lorsqu'il découvre sa femme au matin dans le lit de son cousin, passe son chemin en prince digne. Dans ce conte sans morale, sans queue ni tête, un tantinet longuet, amour et haine habitent les mêmes scènes d'où émerge l'émotion. Témoin, cette scène où Junon déclare au fils banni Henri que son corps le rejette avant d'accepter de jouer sa vie à pile ou face. En somme, Un conte de Noël célèbre autant la vie que le cinéma lui-même. — Moland Fengkov

Vicky Cristina Barcelona Vicky Cristina Barcelona
Woody Allen

Comédie désabusée, légère et mélancolique sur l'impossibilité de vivre un amour idéal, Vicky Cristina Barcelona a le mérite d'être servi par des acteurs en pleine possession de leurs moyens qui savent communiquer au spectateur leur plaisir du jeu. Penélope Cruz, en ex-épouse suicidaire et hystérique, tient le haut de la barre, que lui disputent Javier Bardem plus viril que jamais, Scarlett Johansson, tout sex-appeal dehors, en épicurienne romantique, et Rebecca Hall dont le charme discret irradie son personnage de fiancée incapable de renoncer au confort pour une vie plus palpitante.

Si Woody Allen enfonce des portes ouvertes et aligne tous les poncifs sur la complexité des relations entre les sexes, il signe néanmoins une comédie romantique au rythme efficace et dont les gags quelque peu téléphonés parviennent toutefois à insuffler de l'émotion au détour du rire. Un film dont les effets durent le temps d'un battement de cœur, ou au mieux, le temps d'une escapade amoureuse dans un village catalan. — Moland Fengkov



     Festival de Cannes 2008


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