Blindness - critique du film

:. Réalisateur: Fernando Meirelles
:. Acteurs: Julianne Moore, Mark Ruffalo
:. Scénario: Don McKellar, José Saramago
:. Titre Original : Blindness
:. Durée: 1:58
:. Année: 2008
:. Country: Brésil
:. Pays: Blindness

  
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Dès l'ouverture du film, la voix off de Danny Glover prend en otage le spectateur. « Je ne crois pas que nous soyons devenus aveugles. Je pense que nous l'avons toujours été. Des gens qui peuvent voir mais ne voient pas. »

Le pitch de Blindness, adapté du roman de José Saramago, Prix Nobel de littérature, par Don McKellar et mis en scène par Fernando Meirelles, avait de quoi séduire. Une épidémie de cécité se répand de part le vaste monde. Les contaminés se retrouvent en quarantaine dans un hôpital désaffecté. Rapidement livrés à eux-mêmes, ils tentent de réorganiser une société édictant de nouvelles règles hiérarchiques et d'où surgira la barbarie face à la dignité humaine. Parmi eux, une femme épargnée par le mal, qui mènera une poignée de survivants à la révolte et au salut.

Dès le début du film, Fernando Meirelles prend de vitesse le spectateur, ne lui laissant aucune seconde de répit. Son montage frénétique emmène le film à la lisière du cinéma d'action jusqu'à sa partie centrale dans le lieu de confinement où les pestiférés vont céder à leurs instincts de survie, après une série de séquences montrant la propagation du mal frappant au hasard.

Si l'idée de figurer la cécité par un cadre envahi par le blanc, où tout reste à inventer, recueille l'adhésion, elle se trouve réduite à un gimmick stylistique, à grands renforts de flous et d'images abstraites figurant la perte des repères et de structure dans un monde où la liberté de mouvement devient le cauchemar de l'aveugle. Meirelles semble buter constamment au fond de l'impasse de l'adaptation, ne fait pas confiance à ses plans qui pourraient parler d'eux-mêmes. Résultat : de brillantes idées anéanties par un didactisme trop appuyé et complètement desservi par l'insupportable voix off, résidu de l'écriture du romancier.

Le réalisateur ne parvient jamais à trouver un juste équilibre entre les codes d'un film de genre qui aurait pu flirter avec Je suis une légende et autres films se réclamant de l'univers des zombies, et le discours moralisateur sur la fragilité de la société qui, une fois livrée à elle-même, sombre dans le chaos et la loi naturelle du plus fort.

Constamment perché sur un fil, le film trébuche en passant d'une partie à l'autre (une fois sortis de leur prison, les personnages se retrouvent à nouveau livrés à eux-mêmes, à l'extérieur, dans un nouveau chaos), en passant d'une ambiance à l'autre sans parvenir à négocier la transition. Ses différents segments explorent des idées contenues dans le roman lui-même et tentent de résonner avec des questions contemporaines, en prétendant susciter des questions sans en délivrer les réponses. Hélas, on a l'impression que Meirelles se contente avant tout de prêcher des convertis.

Au final, Blindness est un film qui doute de sa propre mise en scène, trop appuyée pour laisser le cinéma s'exprimer, un peu comme si cet écran vierge suscitait chez le réalisateur l'angoisse de la page blanche chez le romancier. Raté.


  Moland Fengkov


     La Cité de Dieu


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