L'apollonide - critique du film

:. Réalisateur: Bertrand Bonello
:. Acteurs: Hafsia Herzi, Jasmine Trinca
:. Scénario: Bertrand Bonello
:. Durée: 2:02
:. Année: 2010
:. Country: France
:. Pays: L'apollonide

  
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L'Apollonide aurait pu s'élever au rang des grands films. Porté par des actrices tout en sensualité et en justesse gracieuse, il rappelle immanquablement le chef d'œuvre de Hou Hsiao Hsien, Les Fleurs de Shanghai, par la torpeur qui baigne le confinement feutré de ce huis-clos où se jouent les derniers souffles d'un monde. Par la beauté des corps et des âmes qui se dégage à chaque plan, au détour d'un élégant mouvement de caméra. Par la pudeur qui accompagne chaque histoire personnelle, chaque drame, chaque joie des protagonistes. Bonello compose ses scènes avec précision, la lumière y est précise, picturale, les costumes de toute beauté, les femmes irradient de beauté dans un monde cruel dont toutes rêvent d'échapper sas trop d'espoir que celui de la mort ou de l'indigence.

Ce monde, c'est celui d'une maison close, à l'aube du 20e siècle. Hormis pour un pique-nique au bord d'un étang, la caméra ne sort pas une seule fois des murs de cet établissement pour mieux rendre compte des relations que les filles de joie entretiennent entre-elles et avec leurs clients privilégiés. On apprend peu à peu à les connaître, on s'attache à l'ensemble du groupe davantage qu'à chacune, on commence à comprendre les règles de sociabilité qui régissent ce lieu de rencontres.

Refusant d'inscrire son film dans un simple exercice de reconstitution d'époque, Bonello lui confère une certaine modernité, par le truchement de la musique, rock, et du langage des actrices, contemporain dans son lexique et dans sa syntaxe. Ainsi que par son tout dernier plan, plongeant l'une des prostituées en plein périphérique parisien au 21e siècle.

Mais peut-être que son film souffre justement de ses principales qualités. Cette modernité à la limite de l'outrance (split-screens, montage par moment éclaté effectuant des aller-retour dans le récit) en fait une œuvre excessivement prétentieuse. Bonnello se regarde filmer, croit en ses symboliques, distille les références littéraires, plastiques et cinéphiliques, et les nombreux emprunts qu'il effectue (sa femme qui rit, une prostituée aux lèvres tailladées, renvoie directement au Joker de Batman et à Impitoyable, de Clint Eastwood) rendent presque suspects ses choix de mise en scène, puisque finalement, malgré la beauté de l'ensemble, malgré l'attachement pour ses personnages, on ne parvient pas à s'extraire de l'ennui dans lequel l'intrigue nous entraîne. L'entreprise séduit à bien égards, mais il demeure un sentiment de frustration face à l'étalage des intentions de mise en scène qui freine le plaisir qu'on aurait pu éprouver face à ce qui aurait pu être un beau film sur la décadence et la mélancolie. Sauf qu'à l'instar de ces animaux en cage, le film finit par tourner en rond entre les murs de sa propre esthétique.


  Moland Fengkov


     Tiresia
     Festival de Cannes 2011


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