critique du film 21 Grammes DVD 21 Grammes21 Grammes Critique du film [21 Grams]






21 Grammes













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21 Grammes
Réalisé par Alejandro González Iñárritu

Avec : Sean Penn, Naomi Watts, Benicio Del Toro, Charlotte Gainsbourg
Scénario : Guillermo Arriaga
Titre Original : 21 Grams
Durée : 2:05
Pays : USA
Année : 2004
Site Officiel : 21 Grammes
Révélé à Cannes, puis au monde entier, avec sa première œuvre, Amours Chiennes, le réalisateur mexicain Iñárritu s'impose comme un metteur en scène inventif et inspiré. Son second long métrage, 21 Grammes, drame inclassable à l'esthétique léchée et à la structure complexe, se place d'ores et déjà comme l'un des films majeurs de 2004.

Alejandro González Iñárritu aime les télescopages. Dans son premier opus, un accident de voiture liait les destins de trois groupes de personnages. 21 Grammes part du même postulat : un ancien voyou renverse un père et ses deux filles ; un professeur de mathématiques hérite du cœur du père, puis séduit la veuve, qui l'entraîne dans une expédition punitive. Auréolé du succès d'Amours Chiennes, Iñárritu bénéficie d'un casting prestigieux composé de trois figures en vogue d'Hollywood, Naomi Watts, Benicio Del Toro et Sean Penn, mais toute l'équipe qui contribua à la réussite d'Amours Chiennes l'accompagne dans cette nouvelle aventure, imprimant un style propre, une photographie chiadée et un travail soigné de la bande son, en somme une marque de fabrique visible à tous les niveaux de la réalisation.

Mais ce qui frappe d'emblée dans 21 Grammes, c'est sa structure. Là où il traitait les trois histoires d'Amours Chiennes les unes après les autres, il use ici d'un montage éclaté, présentant ainsi au spectateur les pièces éparses d'un puzzle qui prend forme petit à petit, au fur et à mesure où les personnages tentent de reconstruire leur vie, bouleversée à jamais par l'accident mortel. Ces incessants aller-retour dans le temps peuvent déconcerter, surtout lorsqu'on voit à deux plans d'intervalle un Sean Penn à l'article de la mort dans une chambre d'hôpital, puis en pleine santé, pistant une Naomi Watts endeuillée. Effet gratuit pour jouer avec le spectateur et l'épater ? Bien sûr que non. Le montage du film ne fait qu'illustrer la destinée des trois principaux protagonistes Tout comme un verre tombant d'une table se brise en mille morceaux, leur vie vole en éclats, alors que leur destin semblait joué d'avance.

Cristina Peck (Naowi Watts, impressionnante, belle dans la douleur et effrayante dans la colère et la haine), mariée à un architecte et mère de deux blondinettes, coulait des jours tranquilles ; Paul Rivers (Sean Penn transfiguré par l'agonie, toujours juste) n'attendait que sa mort avec résignation ; Jack Jordan (Benicio Del Toro méconnaissable en tatoué pétri de culpabilité), ancienne petite frappe, marié, deux enfants, luttait paisiblement pour se réinsérer, avec l'aide de Jésus. L'accident déstabilise les équilibres précaires de ces trois existences. A quoi ça tient, la vie ? A la limite du mysticisme et la métaphysique, les thèmes abordés par le réalisateur dans sa première 'œuvre trouvent ici un écho. L'impossibilité de se soustraire à son destin : si l'univers de Cristina, aseptisé à souhait, semble idyllique (un mari de haut rang social, deux belles et gentilles gamines, une grande maison), on apprend qu'elle porte en elle le Mal, un passé plus trouble, fait de soirées dans des bars embrumés et de drogues variées ; Paul, dont le cœur malade le condamne à une mort prochaine, ne bénéficie que d'un sursis avec celui du mari de Cristina, et Jack, qui se croyait réhabilité et sauvé par la religion, replonge. Son pick-up, sur la carrosserie duquel est inscrit « Jesus saves », gagné à une tombola, tout d'abord vu comme un don du Sauveur, se révèle être un instrument de mort qui précipite son bénéficiaire dans la culpabilité et lui fait prendre conscience que Dieu l'a amené en son sein pour mieux le trahir.

Au moment où commence le film, les personnages en sont à un moment de leur vie (déjà brisée) où les morceaux dispersés tiennent difficilement en place. L'image qu'elle donne est bien celle, impressionniste, d'un puzzle : nette de loin, morcelée de près. L'accident donne un coup dans l'édifice, et révèle la véritable nature des personnages, ou du moins ravive leur passé. La jeune bourgeoise retourne voir son dealer ; l'ancien mourant, prêt à donner son sperme en héritage à une femme qu'il a cessé d'aimer il y a longtemps, abandonne celle-ci à nouveau ; et l'ancien voyou laisse derrière lui tout espoir de rédemption.

Si le montage disperse en apparence la trame narrative, il témoigne cependant d'une réelle maîtrise qui fait de 21 Grammes une passionnante expérience de cinéma. Iñárritu s'autorise de nombreux raccords qui lient des plans complètement opposés au prime abord. Pour ne donner qu'un exemple, lorsque Paul s'apprête à exécuter Jack, il lui demande de le regarder dans les yeux. La scène suivante montre Jack et sa femme. Le souvenir de l'une des filles qu'il a renversées surgit dans la glace et interrompt leurs ébats. « Elle m'a regardé dans les yeux, comme pour me dire quelque chose », lance-t-il alors. Terrifiant, brillant. Là encore, ces liens à peine perceptibles entre les scènes éparpillées dans un apparent hasard du montage ne relèvent pas de l'effet gratuit, mais illustrent à merveille l'un des propos du film : il n'y a pas de hasard. Par ailleurs, le réalisateur manie avec délice et retenue la poétique du hors-champ, comme il l'avait déjà démontré dans son segment consacré aux événements du 11 septembre 2001 ; dans l'œuvre collective 11'09''01, où il accordait autant d'importance, voire plus, au pouvoir évocateur de la bande-son qu'aux images elles-mêmes. Ainsi l'accident lui-même n'est-il représenté que par le crissement des pneus qu'entend un jeune voisin occupé avec des feuilles mortes. Un plan fixe, qui détonne avec la plupart des autres plans du films, tournés caméra à l'épaule, nous le montre affairé, quand soudain une ombre furtive et vrombissante traverse l'écran. Bruits de freins, choc, le garçon quitte le champ et court vers l'origine de ces sons tragiques, laissant le spectateur seul avec sa propre représentation du drame. De même e, les coups de feux tirés par Paul laissent hors champ sa cible, cette fois pour jouer sur un effet de suspense. L'attente du spectateur concernant le sort de Jack va dans le sens de la démarche de Iñárritu, selon laquelle toute décision porte en elle une conséquence souvent irréversible. Que décide Paul, qui détient le pouvoir de venger la mort de l'homme à qui il doit lui-même la vie ? Réponse quelques pièces de puzzle plus loin. Et comme tout ne peut être noir, Iñárritu instille une once d'espoir symbolique, à travers la renaissance, la grossesse, l'héritage de la vie.

  Moland Fengkov

     Biutiful
     Babel
     Amores Perros
     11'09''01






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