TrafficTraffic Critique du film






Traffic













        :: Les Sorties
     :: Sur les Ecrans
     :: Agenda Sorties
     :: Sorties DVD
     :: Guide Previews
     :: Archive Critiques

<-- AdButler 120x90 Code was here -->

Gratuit - Les nouvelles critiques par e-mail
 
Powered by YourMailinglistProvider


Traffic
Réalisé par Steven Soderbergh

A travers Traffic, Steven Soderbergh dresse le constat cruel de l’inefficacité de la lutte contre la drogue. Le réalisateur (The Limey, Erin Brockovich, Out Of Sight, Sex, Lies & Videotapes) construit son film autour de quatre histoires situées dans trois mondes bien distincts mais pas si distants.

Benicio Del Toro & Jacob Vargas incarnent deux policiers lancés dans une croisade contre les traffiquants dans les faubourgs de Tijuana, à la frontière du Mexique. Les deux hommes travaillent en solitaire dans une région rongée par la corruption jusqu’à ce qu’ils soient invités à prêter main forte à un groupe militaire anti-drogues. Les scènes liées à ce récit sont tournées dans un jaune délavé et granuleux, symbolisant la chaleur, la dureté de leur tâche, ainsi qu’une société malsaine pourrie par l’argent sale. Michael Douglas est Robert Wakefield, un juge autoritaire nommé chef de la lutte anti-drogue pour l’administration américaine. Alors qu’il s’initie aux rouages que sa fonction commande, il doit confronter un danger plus proche, celui de la dépendance aux drogues dures de sa fille. Les scènes sont tournées dans des couleurs bleuâtres symbolisant la dimension officielle (et politique) mais aussi la propreté de ce monde riche aux antipodes de celui de Del Toro, comme pour accentuer le contraste. Enfin entre ces deux mondes, et ironiquement à la frontière entre les USA et le Mexique (San Diego) se situent les deux autres histoires, les seules vraiment connectées, des deux côtés de la loi, et qui confirment ainsi l’ambivalence comme fil conducteur de ce film. Don Cheadle et Luis Guzmán interprètent les deux policiers qui font tomber l’homme d’affaire (Steven Bauer) écoulant la drogue aux USA et mari de l’innocente et enceinte Helena (Catherine Zeta-Jones). Ces deux histoires sont traitées d’une manière visuelle plus conventionnelle afin d’accentuer leur aspect transitoire entre les deux autres mondes.

Traffic met l’accent sur le réalisme. Le film ressemble à un documentaire, en particulier les histoires de Javier Gonzales (Del Toro) et du juge Wakefield. Soderbergh qui a tiré la leçon de réalisme du “Dogme” emploie une caméra à main et un montage rapide, accentuant ainsi l’aspect documentaire de l’ensemble. Il a poussé d’ailleurs le vice jusqu’à employer de véritables “acteurs” et éléments de la lutte anti-drogue pour le récit du juge. De véritables sénateurs et experts tiennent leurs propres rôles durant le cocktail où Wakenfield rencontre ses pairs; un passage en fait improvisé puisque ceux-ci donnent leurs véritables avis sur le problème. Le centre anti-drogue a aussi ouvert ses portes pour la première fois pour ce tournage et la voiture remplie de cocaïne et saisie à la frontière avait en fait été appréhendée le matin même. Le cinéaste utilise un procédé habile, puisqu’en utilisant des personnages et lieux réels, il met Michael Douglas (seul personnage fictif) dans la peau du spectateur pour faire une mise au point précise sur la situation actuelle.

L'originalité et le talent du réalisateur se manifestent aussi dans la multiplication des lignes scénaristiques. Soderbergh passe avec aisance d'une histoire (ou d'un monde) à l'autre sans ne jamais perdre le fil (ou le spectateur) tandis que ses transitions rapides évitent tout temps mort. Au contraire de P.T. Anderson (Magnolia), il réussit à tenir avec fermeté ses quatre récits jusqu'à la fin pour offrir une conclusion cohérente et non une explosion scénaristique bâclée. Chaque récit est de plus indépendant et, hormis pour celui de San Diego, les protagonistes ne se rencontrent jamais. Le cinéaste s'amuse seulement à les faire se croiser. Grace à l'utilisation de couleurs différentes, on suit facilement la trajectoire de chaque personnage. Il peut ainsi prouver que ces différents microcosmes sont reliés: par exemple, lorsque un personnage quitte son propre territoire pour rentrer dans celui d'un autre, il est alors filmé dans les tons de ce monde. Ainsi quand Helena rentre au Mexique, elle quitte les couleurs naturelles de San Diego pour rentrer dans celles jaunâcres de Tijuana. De la même manière, Javier se fond dans des tons bleux lors de sa rencontre avec le juge américain.

Et le constat de cette situation est pessimiste. Le message du film est clair: les moyens employés sont inefficaces voire insuffisants. Cette guerre contre la drogue semble perdue d’avance, l’ennemi étant mieux organisé et les dégâts déjà trop importants. Ce message est apporté à travers l’histoire basée à San Diego, celle basée au Mexique et la fille du juge. Les efforts de deux policiers (Don Cheadle et Luis Guzmán) pour faire tomber le “gros bonnet de l’importation” de San Diego seront vains, tandis que la prise soudaine de responsabilité par l’innocente Helena balaye tout espoir de moralité par le pouvoir de l’argent. La perte d’illusions de Javier marque le découragement face à un cycle sans fin. Côté victimes, la fille du juge est la preuve de l’avancée du fléau jusqu’au sein du noyau familial américain, mettant à jour une gangrène trop profonde de la société. C’est d’ailleurs pour cela que Wakefield semble baisser les bras. Étant l’homme le plus au courant de la situation, il comprend que le problème doit être traité à la racine (les consommateurs) et non comme une guerre (on notera son insistance à ne plus utiliser le terme “guerre” contre la drogue). Et c’est là que réside le message du film.

Les acteurs ont été triés sur le volet. Benicio Del Toro crève l’écran dans son rôle de policier mexicain désabusé et nonchalant. Michael Douglas interprète tout en justesse et avec une retenue surprenante un homme puissant qui remet tout en cause pour sa famille. Catherine Zeta-Jones prouve qu’elle peut aussi jouer, passant avec conviction d’une femme artificielle et naïve à une femme froide et calculatrice. Don Cheadle et Luis Guzmán sont un régal dans un duo excentrique tandis que Dennis Quaid est à l’aise dans la peau d’un homme sournois. La présence de Steven Bauer de Luis Guzmán et certains décors rappelleront d’ailleurs Scarface, San Diego remplaçant Miami. On notera aussi la présence de Salma Hayek et Benjamin Bratt dans des caméos amusantes.

Traffic est le croisement réussi d’un film indépendant (par sa vision pessimiste et artistique peu conformiste) et commercial (par son casting). Avec ce film, Steven Soderbergh se pose comme le réalisateur le plus intéressant du moment, le seul arrivant à préserver son indépendance à Hollywood tout en utilisant les ressources, assurant ainsi une totale liberté artistique.

  Fred Thom

     Che
     Eros
     Ocean's Twelve
     Solaris
     Full Frontal
     Ocean's Eleven





| Info Plume Noire | Contacts | Publicité | Soumettre pour critique |
| Rejoignez-Nous! | Chiffres-clés | Boutique | Mailing List | Charte |

Copyright ©1998-2006 LA PLUME NOIRE Tous droits réservés.

Poster Store Poster

Like Us On Facebook