Xtrmntr est l'album incontournable d'un des groupes les plus influents de la scène électronique.
Si Screamadelica avait marqué le début des années 90 en appliquant une armature rock-pop sur une structure dance, ambiant et techno, le groupe avait ensuite perdu son edge sur le—succés commercial—Rolling Stonien Give Out But Don't Give Up, pour ensuite revenir aux sources avec le minimaliste électro mais pas totalement abouti Vanishing Point. Avec Xtrmntr, Primal Scream vient remettre les pendules à l'heure et reprendre sa place au panthéon de l'électronique. Loin de recycler ce qui a fait son succés, le groupe prouve qu'il est toujours innovateur avec un des albums les plus importants du genre, tout comme le fût dernièrement The Contino Sessions de Death In Vegas. Et la connection entre ses deux groupes n'est pas pur fruit du hasard, puisque Bobby Gillepsie—le leader du groupe—était un des invités de marque de ces sessions.
Xtrmntr est le résultat de la réaction du groupe aux aléas de ces dernières années, à ses détracteurs, imitateurs et à la morosité ambiante de la musique actuelle. L'album dégage donc une rage qui flirte avec la punkitude et contraste avec la lenteur du posé Screamadelica. Du titre du LP aux titres des chansons, provocation et rage sont de rigueur. En commençant avec le révélateur "Kill All Hippies" qui mixe rythme marteleur à la Prodigy, et bidouillages dans la lignée du "Kowalski" de Vanishing Point. Arrive ensuite le Stoogien "Accelerator" avec ses guitares sales et son attitude à la Iggy Pop (tiens tiens, un autre invité des Contino Sessions). Et ces guitares sont d'autant plus sales que le guitariste du groupe noisy My Bloody Valentine est venu en renfort. "Exterminator" prône la désobéissance avec sa basse noisy et son mid-tempo manifestant. Puis le morceau de bravoure de l'album: "Swastika Eyes", bombe imparable avec sa basse électronique enflammée en boucles. Le morceau sonne comme une réponse au "Out Of Control" des Chemical Brothers (album Surrender) co-écrit er chanté par Bernard Summer de New Order auquel Gillepsie apportait le renfort de sa voix. Et ceux-ci viennent ici rendre la politesse puisque Summer vient prêter sa voix alors que les Chemical Brothers offrent un remix de "Swastika Eyes" en cloture du LP. "Pills" est un rap colereux peu mélodieux qui marque son point. Le cacophonique "Blood Money" est l'enfant malsain des Primal Screames originales des années 70 genre "Dirty Harry". "Keep Your Dreams" résonne du meilleur de Screamadelica, rappelant au milieu de la furie que le groupe sait toujours ciseler des ballades électroniques envoûtantes. "Insect Royalty" est fidèle au son Xtrmntr tandis que le suivant est une directe et dispensable reprise du "If They Move Kill 'em" de Vanishing Point. Le disque s'achève donc enfin en beauté sur la version surgonflée de "Swastika Eyes" par les Chemical Brothers qui ravira les fans des deux groupes ainsi que par un morceau pur-noisy—Kevin Shields de My Bloody Valentine oblige.
Xtrmntr est donc un disque indispensable. Mais fallait-il le préciser?
Primal Scream Xtrmntr
