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Buena Vista Social Club: Wiltern Theatre, Los Angeles










Buena Vista Social Club
Wiltern Theatre, Los Angeles, Californie—18/01/00

Quel évènement pouvait bien rassembler Puff Daddy et Alanys Morrissette dans la même salle? Ce ne pouvait être qu’ne nuit au théatre Art-Déco Wiltern de Los Angeles avec au programme le pianiste Ruben Gonzales et le chanteur Ibrahim Ferrer du maintenant célèbre groupe Buena Vista Social Club. Sous l’égide du Conga Room, Jennifer Lopez et Jimmy Smits (co-propriétaires de la boite) étaient aussi venus apporter leur support.

Gonzales et Ferrer déclenchèrent une nuit de liesse qui ne s’achèverait que deux heures plus tard lorsqu’ils quiteraient la scène aprés un dernier encore. Ruben Gonzales fit l’ouverture, accompagné par un orchestre de neuf musiciens dont le maestro de la contrebasse Cachaito Lopez. Le groupe sut rester à l’unisson des doigts agiles du pianiste sur des morceaux traditionnels comme "Toma Chocolate" et "Mi Guajira", tandis qu’un solo de trompette émouvant pris le dessus sur "Somewhere Over the Rainbow". La merveilleuse Omara Portuondo, présentée comme la "La chica mas sexy de Cuba" vint aussi prêter sa voix langoureuse sur quelques chansons. Seul regrét, l’absence de morceaux solos du maître, un regrét égoïste si l’on considère la dextérité des membres du groupe.

Quand Ibrahim Ferrer fit son entrée, la foule fut en délire. Et dés que le malicieux crooner surenchérissait d’un des tours dont il a le secrêt, la foule surenchérissait de plus belle. Alternant morceaux de bravoure comme "Como Fue" et "Aquellos Ojos Verdes" supportés par son groupe de 17 musiciens et chansons plus lentes comme "Candela" et "Cienfuegos Tiene Su Guaguanco", Ferrer dança, flirta avec le public, tout en s’amusant, prouvant ainsi qu’il est un véritable homme de scène.

Omara Portuondo le rejoignit à plusieurs occasions, notamment sur l’intime "Silencio" qui fit chavirer la salle. Ils dédièrent même "Mami Me Gusto" à Jennifer Lopez, qui gracieusement leur répondit en lançant un baiser alors qu’elle quittait la salle avec Puffy. Portuondo et Ferrer forment un parfait duo sur scène, et leur chimie est indéniable. Avec sa sensualité de jeunette, sa coquetterie et son air débraillé, ils possèdent la voix et un goût du théatre qui rendent leur présence contagieuse. Quoique Ferrer fut la star du concert, sa générosité s’étendit à ceux qui l’entouraient. On pouvait discerner son plaisir, comme celui de son groupe. Sa belle voix de velours n’était que tempérée par les arrangeemnts rutilants du groupe. Leurs mouvements gracieux permettaient à Ferrer de faire le clown et de montrer sa tendresse. En se complétant, ils communiquèrent leur passion aux spectateurs. A voir leur allégresse, les deux compèrent semblent presque parés pour encore 25 années de spectacle.

Le guitariste américain Ry Cooder était aussi de la partie, accompagnant Ibrahim Ferrer durant son set. Cooder doit être amusé que son projet d’enregistrement de sons cuabains se soit mué en un tel succés. L’album du Buena Vista Social Club et le film éponyme de Wim Wenders en seraient presque éclipsés par les projets solos de chaque membre du groupe. La soif de sons cubains, loin d’avoir étanchée, le projet de Cooder de rassembler quelques musiciens a ravivé la flamme de cette passion cubaine. Seuls Elaides Ochoa et Compay Segundo manquaient au grand final, quand Gonzales rejoignit Ferrer sur scène pour le fier "El Cuarto de Tula" (ils tournent en fait séparemment). Il aurait été un peu trop surréel qu’ils jouent "Chan Chan", d’où son absence. Ils conclurent sur une belle note, comme ils avaient débuté. On avait vraiment la sensation qu’ils étaient aussi heureux de nous voir que nous l'étions. Si cette nuit était d’une indication, c’est sans aucun doute celle que les relations cubano-américaines vont de mieux en mieux, chanson aprés chanson. Aprés tout comment seraient-elles pires?

  Anji Milanovic

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