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Le Cinéma Taiwanais

Ang Lee

:: LE CINEMA TAIWANAIS
:: Hou Hsiao-Hsien
:: Ang Lee
:: Tsai Ming-Liang
Le cinéaste Ang Lee apparaît d’abord comme le moins taiwanais, voire le moins chinois, des trois cinéastes abordés ici : il vit aux États-Unis depuis 1977 et ses films ont une facture et une structure très hollywoodiennes. Toutefois, plusieurs Taiwanais affirment se reconnaître dans ces films et y voir une description très réaliste des Taiwanais et de la diaspora chinoise en Amérique (dont il est souvent question chez Ang Lee). En fait, le cinéma de Ang Lee situe son propos sur une certaine réalité à Taiwan qui n’est, bien évidemment, pas celle de tous les Taiwanais, mais celle d’une certaine classe sociale en particulier, celle des bourgeois (ou de la classe moyenne élevée) provenant de la Chine continentale et étant suffisamment fortunée pour envoyer ses enfants étudier en Amérique. Généralement, ses films mettent en scènes deux générations de bourgeois chinois : le père ayant une culture de « lettrés » très forte et les enfants de celui-ci qui vivent à l’ère de l’internationalisme et de l’américanisation. Ses films montrent la confrontation entre ces deux mondes opposés, celui de la tradition chinoise et celui de la modernité à l’occidental (avec tous les changements de valeurs qui l’accompagnent). Ang Lee se questionne sur la possibilité que ces deux mondes puissent coexister et se côtoyer paisiblement.

Le film Pushing Hands (Tui Shou), réalisé en 1992, est une production taiwano-américaine décrivant les difficultés que rencontre un couple composé d’une Américaine, Martha, et d’un Taiwanais, Alex Chu, lorsque le père de celui-ci, M. Chu, s’installe dans leur maison, aux États-Unis. Alors qu’Alex est absent toute la journée à cause de son travail et que leur fils métissé se trouve à l’école, Martha, écrivaine, reste seule à la maison avec son beau-père. En l’absence de son mari, l’intermédiaire à la fois linguistique et culturel entre les deux, Martha et M. Chu vivent un problème de communication, due à leurs différences linguistiques et culturelles. Martha et M. Chu représentent deux mondes opposés, l’Est et l’Ouest, qui se font face : il est un Chinois dont les goûts et intérêts s’apparentent à une longue tradition de lettrés confucéens, elle est une Américaine moderne et indépendante ; il pratique des arts martiaux doux (Tai-Chi), elle pratique un jogging rude tous les jours ; il ne parle pas anglais, elle ne connaît que quelques mots de mandarin ; M. Chu croit qu’un bon équilibre de viande et de légume est essentiel à une harmonie du yin et du yang, elle est végétarienne ; il pratique la calligraphie, elle compose directement sur ordinateur. On pourrait continuer encore la liste de tout ce qui les opposent et crée une séparation psychologique de deux personnes qui sont pourtant très proches au niveau spatial. Cette séparation psychologique sera source de frustrations pour chacun d’eux. Alex Chu, quant à lui, est le Chinois occidentalisé travaillant comme informaticien, celui qui a une culture binaire qui lui permet de se sentir à l’aise autant d’un côté comme de l’autre, jusqu’à ce que la relation entre son père et sa femme compromette à la fois sa piété filiale et son mariage. Comme l’expliquent Dariotis/Fung, « the son’s role as the negociator or middleman begins as a means of mediation, but he later loses himself in his bicultural triangulation between father and wife ».

Si Alex ne se résigne pas à choisir entre son père et son épouse, son père, lui, va décider de partir sans laisser d’adresse. Il se retrouve alors comme simple laveur de vaisselle dans un restaurant chinois , ce qui est plutôt humiliant pour un homme dont le grand-père est un lettré de la dynastie Qing, le père un fondateur du gouvernement nationaliste et qui est lui-même un champion de Tai-Chi. En Amérique, son passé et celui de sa famille ne représentent plus rien. Dans le restaurant où il travaille, il est confronté à des chinois capitalistes qui n’ont aucun respect pour le vieil homme. Tout en étant trop caricaturale, la séquence où M. Chu doit se battre contre le propriétaire du restaurant montre bien comment certains Chinois perçoivent le monde occidental : des gens qui ne pensent qu’au profit et qui n’ont plus de respect pour ceux qui sont moins performants (dont les personnes âgées). Il est intéressant de remarquer que Ang Lee utilise ici une scène de confrontation très hollywoodienne (les bons et méchants étant clairement définis) tout en inversant, d’une certaine façon les rôles : ici, ceux qui se comportent en occidentaux sont les méchants et celui qui est « l’étranger » est du bon côté.
En fait, malgré leur facture hollywoodienne, les films de Ang Lee sont beaucoup plus complexes qu’ils ne semblent à prime abord. Il n’y a pas de « solution » chez Ang Lee entre l’Est et l’Ouest, entre le père très chinois et ses enfants, occidentalisés. Bien sûr, la fin du film semble nous donner comme solution un genre de consensus entre tradition et modernité, comme c’est le cas dans biens des films hollywoodiens, mais ces « solutions » n’ont rien de définitif et, au contraire, annonce, d’une certaine façon, d’autres problèmes. Ainsi, dans Pushing Hands, le père décide d’aménager dans un appartement du quartier chinois pour ne plus perturber la famille de son fils. Il tente de s’habituer à la vie américaine et à sa culture individualiste en vivant seul en appartement. Même si son travail comme professeur de tai-chi et son amitié avec une autre Taiwanaise provenant du continent lui permet de continuer à vivre partiellement dans la culture chinoise, on peut dire que sa nouvelle vie ne correspond pas du tout à l’organisation sociale de la Chine traditionnelle qu’il espérait conserver. Quant à Alex, son fils, il aménage, dans sa nouvelle maison, une chambre pour son père, lorsque celui-ci lui rendra visite. Mais, malgré le compromis qu’il ait trouvé pour être en bonne relation à la fois avec son père et son épouse, on peut dire qu’il vit probablement encore un sentiment de culpabilité, car il n’a pu respecter sa reconnaissance avec son père en lui offrant son toit. Les personnages d’Ang Lee, que ce soit dans ce film ou dans d’autres, souffrent à la fois de la rigidité de la tradition et, également, de l’éclatement des rapports sociaux du monde moderne. Cependant, il semble qu’aucun des deux ne représente un idéal :chacune des deux idéologies a ses points forts et chacune peut être aliénante.

À un autre niveau, on peut dire que le film, même s’il se déroule en sol américain, est très lié aux thématiques taiwanaises : l’idée du déracinement que les chinois du continent ont vécu en s’installant à Taiwan et la volonté d’une vie nouvelle. Ainsi, M. Chu se remémore douloureusement les persécutions des communistes à son endroit (son épouse est décédée à la suite d’une « visite » des gardes rouges) et affirme à son fils qu’il y a pire que la solitude qu’il vit en Amérique. Cet anti-communisme est parfaitement lié à l’idéologie des nationalistes taiwanais, dont plusieurs ont été des victimes du communisme. Et, bien évidemment, le thème de l’exil en Amérique est très présent dans la société taiwanaise où l’opposition des valeurs traditionnelles et l’américanisation crée un conflit de générations.

>> Tsai Ming-Liang        

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