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Schlock















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Schlock
Réalisé par John Landis

Avec : John Landis, Saul Kahan, Joseph Piantadosi, Eliza Roberts
Scénario : John Landis
Durée : 1:20
Pays : USA
Année : 1973
Avant d'être un film, « Schlock » est le terme générique qu'on donne aux mauvais films de monstres des années 50/60. Ringards pour certains, cultes pour d'autres, enfin et plus rarement : formateurs pour une minorité. Formateur quant à la manière de faire un film, formateur pour certains quant à la manière de voir la vie. Il est bien légitime qu'un film qui reprenne le qualificatif soit réalisé par un cinéaste appartenant à cette dernière minorité. Ce cinéaste, c'est John Landis.

John Landis. Un nom connu d'autant de gens qui sont incapables de lui accoler un titre de film. Un cinéaste singulier qui a vu une carrière ultra prometteuse, voguant en eau parfaitement trouble, rongée par un accident de tournage qui a causé la mort d'un acteur et ami sur le sketch de Twilight Zone : the movie dont il était responsable. Et film dont il partageait l'affiche avec George Miller et les deux alter ego qui composaient son cinéma : Steven Spielberg et Joe Dante. Deux noms pas tant aux antipodes que ça — ce n'est qu'une question de concessions et de mégalomanie — qui faisaient de John Landis un mec à part. Capable de torcher du cinéma américain avec le brio d'un Spielberg, la colère d'un Joe Dante, et une folie potache mais d'une fraîcheur rare une fois alliée aux deux autres, comme ont pu le prouver ses trois seuls films ayant véritablement marqué les mémoires : The Blues Brothers, An American werewolf in London et Trading Places.

Si après ces trois-là, Landis n'a pas fait que des chefs-d'œuvre (les seuls réellement notables restent Into the night et son clip pour le « Thriller » de Michael Jackson et quelques épisodes de la série Dream on dont il est le créateur ; va pour Three Amigos), quelques uns de ses premiers films ont écrit l'avenir, notamment Kentchuky Fried Movie (récupération américaine du Groove Tube* canadien de Ken Shapiro, et du Saturday Night Live, qui a mis en selle les Zucker — Abrahams — Zucker responsables de la série des Y a-t-il.) et le démentiel Animal House (auquel on préfèrera presque la version Corman co-réalisée par Joe Dante Rock'n'Roll HighSchool) qui avec Badlands de Terence Malick et Porky 's de Bob Clark, a fondé tout ce que le teen age movie allait devenir. Mais assez de parenthèses et d'histoire boiteuse du cinéma . Avant de faire tout ça, Landis a signé un coup d'essai qui, vu du bon œil, passe aisément pour un coup de maître : Schlock.

Schlock est un film à part. Un film sans dieu ni maître. Un ovni autant que le vomi d'un fanboy qui a trop longtemps digéré les ordres d'un executive à la con au sein d'un des plus anciens studios hollywoodiens : Universal.

Comment est-ce que Landis a pu bénéficier de quelconque soutien pour sortir Schlock tient du mystère. Il est pourtant facile de croire que bien vendu, le film, bien au-delà de la parodie grossièrement perceptible au premier abord, marque une des dernières productions burlesques classiques, usant du slapstick au lieu des mots, conférant au film un élan poétique singulier. Les gags y sont secs, sans complaisance bien qu'à répétitions multiples, jusqu'à l'essoufflement fatal contre lequel Landis, volontairement ou non, recentre son film sur une dimension de lecture restée jusque-là au second plan : un drame existentiel grossier mais tellement sincère qu'il en est émouvant. Car à l'instar des rares King Kong (l'affiche de Schlock déclamait d'ailleurs que le film était un amour « stranger than King Kong ») et le GillMan de la créature du lac noir, le Schlocktropous est un monstre bien trop humain, incompris et amoureux d'une jeune aveugle qui le prend pour un chien. Lloyd Kaufman, fondateur de Troma, a essayé il y a peu de monter une suite à Schlock : Schlock & Schlockability. Ca n'a rien d'étonnant quand on découvre que le seul héritier de Schlock, en ce qu'il est bien trop conscient de sa monstruosité, n'est autre que le Toxic Avenger, lui aussi épris d'une belle aveugle.

Mais c'est surtout par son montage quasi-expérimental, ses enchaînements de gags, si ce ne sont ses gags eux-mêmes, que Schlock ne ressemble à rien d'autre, si ce n'est un film d'un autre âge, voire d'une autre dimension. Le film de monstre qu'aurait produit Mack Senett. On y voit un homme gorille déambuler candidement à travers ce que la société a à lui offrir, provoquant à chaque occasion un gag qui ne fonctionne que parce qu'il est tellement téléphoné, ou tellement éprouvé, qu'il en est totalement surprenant, donc hilarant. Cette utilisation de gags tellement éculés qu'ils arriveront à vous surprendre provoquera probablement chez les plus sensibles des crises de tremblements frénétiques, symptôme semblable ressenti lors d'un plongeon dans un bain de jouvence. Comme dans une publicité pour un savon hygiénique quelconque : le fraîcheur irrésistible d'un sentiment trop longtemps oublié.

Schlock est un film définitif s'il en est. Lloyd Kaufman et ses envies d'y retourner ne vous dira probablement pas le contraire. Son édition en dvd est une véritable aubaine qu'on doit de nouveau à Anchor Bay et à côté de laquelle il est fortement déconseillé de passer. De sa première image à sa dernière réplique, Schlock a tout du brûlot contestataire dont il ne se revendiquera jamais. Si vous êtes capable d'imaginer un homme singe (dont vous découvrirez vous-mêmes par qui il est interprété) s'attaquer au ralenti à un hippie sur une aire de pique-nique en lui balançant un régime de banane qui, sur le « Zarathoustra » de Strauss, fait ici figure de monolithe noir, et que vous percevez une certaine grandeur à la scène, allez vous procurer Schlock sans tarder, et répandez à votre tour la bonne parole.

* : il faut préciser qu'en plus d'être un film totalement obscurci, Groove Tube est plus ou moins directement à l'origine de tous les sketches télévisuels mondiaux que vous avez pu voir depuis le milieu des années 70 jusqu'à aujourd'hui encore

  Virgile Iscan





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