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Nosferatu
Réalisé par F.W. Murnau

Avec : Max Schreck, Gustav Von Wangenheim, Alexander Granach, Greta Shroeder
Durée : 1:21
Pays : Allemagne
Année : 1922
Réalisé en 1922, Nosferatu est la première adaptation à l'écran du Dracula de Bram Stoker, et de loin la meilleure.

Adaptation libre du célèbre roman, le film devient dans les mains du réalisateur F.W. Murnau une oeuvre multidimensionnelle et personnelle qui se détourne de l'oeuvre originale. Cette appropriation par Murnau explique que le titre du film soit Nosferatu et non Dracula: la veuve de Stoker vit dans le film un plagiat de l'oeuvre de son mari et attaqua en justice la production. Si elle obtint la destruction des négatifs du film, quelques examplaires heureusement survécurent à cette perquisition cinématographique. Un changement de nom par ailleurs salutaire qui préserva la réputation du vampire de Murnau. Alors que Dracula qui a fait l'objet de maintes adaptations, le plus souvent médiocres, sonne comme un cliché grotesque et éculé, Nosferatu résonne d'un effroi certain. Le film a su garder une aura inquiétante, et son seul véritable remake, le Nosferatu de Werner Herzog est un majestueux hommage à son maître. Les interprétations possédées du comte Orlok par Max Shreck puis Klaus Kinski n'ont fait que renforcer le mythe.

Mais afin de pouvoir apprécier Nosferatu il est nécessaire de connaître les fondations sur lesquelles le film repose. En effet, à sa première vision, l’oeuvre de Murnau peut paraître longue et ennuyeuse pour peu qu’on ne soit pas habitué aux films muets en noir & blanc et à de longues séquences bucoliques. Pourtant, assimiler cette Symphonie D’Horreur a un vulgaire film de vampires ou à une énième adaptation du livre de Bram Stoker tel Dracula et consors serait une erreur majeure. Malgré son apparente simplicité, le film prend toute son ampleur dans l’utilisation de la suggestion et les différents degrés qui se cachent derrière une histoire simple qui ne sert que de véhicule aux desseins du réalisateur.

Nosferatu, à l’image du Cabinet du Dr. Caligari et de Metropolis, issus du même courant artistique et cinématographique allemand des années 20, est la définition même du film artistique, où septième art, peinture, architecture, littérature, psychologie et politique se rencontrent dans une oeuvre qui comble les yeux et l’esprit. Le film se développe ainsi sur plusieurs dimensions, de sa revendication artistique Romantico-expressionniste à l’avènement du nazisme en passant par l’homosexualité, le désir, l’internationalisation et une reflexion sur le cinéma lui-même.

Le long métrage de Murnau donne lieu à deux principaux courants d’analyses qui sont d’ailleurs tous deux justifiés: une prédiction de l’avènement du nazisme et d’Hitler, piste que l’on doit au livre de Siegfried Kracauer De Caligari à Hitler: Histoire du Cinéma Allemand, ou une personnification de la peinture romantique, d’après The Haunted Screen de Lotte Eisner.

Nosferatu et le Nazisme

Si la thèse du nazisme nécessite une explication politico-historique poussée, que les intéressés pourront étudier dans le livre de Kracauer, il est clair que le vampire symbolise Hitler. Nosferatu quitte son pays pour répandre son pouvoir à l’étranger. Sa morsure fait de ses victimes des pantins ou serviteurs voués corps et âmes à leur puissant maître, des fanatiques aveuglés qui représentent le peuple allemand, tandis que Knock, son serviteur à l’étranger, peut être assimilé à la collaboration. Les rats que le comte amène avec lui dans son bateau et qui se propagent dans le pays étranger, apportant avec eux la peste, symbolisent l’idéologie nazie qui se répandit dans toute l’Europe. Ceci est d’ailleurs confirmé lorsque l’on sait que le nazisme était aussi qualifié en son temps de peste brune. Par ce fait, Nosferatu est sans aucun doute un film visionaire, la caméra de Murnau servant en quelque sorte de boule de cristal projetant au monde l’avertissement du réalisateur quant à un futur sombre.

Nosferatu et la Peinture

Le film marque la transition entre Romantisme et Expressionnisme. L'appartenance de l'oeuvre de Murnau au mouvement romantique est évidente. Ses thèmes comme la bivalence (la subjectivité et l'inconscient, le mystère et l'imagination) ainsi que le double, le gothique et la communion entre l'artiste et la nature sont omniprésents dans le long métrage. L'ambivalence affecte principalement les personnages d'Orlok (comte/vampire) à Knock (notable/fou) en passant par Hutter (mari hétérosexuel/amant homosexuel) ainsi que le parallèle entre le monde des vampires et celui des humains (voir en particulier l'utilisation du négatif lorsque le carrosse passe du monde normal à celui d'Orlok). L'inconscient se caractérise par une crainte constante du comte qui est matérialisée dans la nature lorsqu'il n'est pas à l'écran. Pour les romantiques, portraits, reflets, et ombres se fondent en une seule entité. L'ombre, particulièrement importante (voir scène de la montée de l'escalier), prévient d'un danger imminent, matérialise un désir sexuel et trahie toujours le meurtrier dans le cinéma allemand. Le gothique se manifeste dans le physique du vampire et l'architecture. La tête ovale et chauve de Nosferatu renvoie aux voutes gothiques de son château, tandis que son corps tordu répond aux courbes du portail. Ses ongles longs symbolisent le despotisme de l'Orient et correspondent aux lignes allongées de l'architecture gothique. Enfin, la nature a un rôle prépondérant, aussi important qu'un personnage. Les montagnes ont un côté surnaturel, les étendues sont la projection mentale des personnages tandis que les vagues de la mer annoncent l'arrivée imminente du comte.

Le film fait aussi des allusions directes à certaines peintures romantiques que Murnau transpose en scènes. Le cinéaste emprunte principalement à Caspar David Friedrich (1774-1840). On remarquera en particulier The Monk By The Sea (Ellen Hutter au bord de la mer), Cross In the Mountains (les croix dans la montagne) et The Churchyard (la portail de son château). On notera aussi La leçon d'Anatomie de Rembrandt (autopsie du cadavre du capitaine), les rues fidèles aux traits de Carl Spiteway, The Coach On the Bridge (le carrosse du comte) ainsi que La Tour Rouge de Halle d'Ernst Ludwig Kirchner. Enfin, certains prétendent que Nosferatu renverrait au personnage du Cri de Münch avec son cri silencieux tout comme dans le film où le nom du comte ne peut être prononcé.

La film s'achève avec la mort du vampire qui sonne le glas du Romantisme pour laisser place à l'Expressionnisme.

Nosferatu et le Cinéma

Le personnage d'Orlok est un constat du positionement du cinéma face aux autres arts et en particulier la peinture. Le vampire est entre la mort (immobilité: la peinture est un art figé) et la vie (mouvement: le cinéma est un art en mouvement). Cette dualité représente aussi l'évolution technique de l'art, le cinéma en étant la forme vivante grace à l'avancée technologique.

Nosferatu et l'Homosexualité

Le film recèle des allusions à ce thème, à l'époque tabou, et reflète les penchants réprimés du réalisateur. Hutter quitte sa femme pour le comte et la scène du repas au château ressemble à une scène de séduction où le jeune homme succombe assez facilement. La morsure du vampire peût être aussi considérée comme baiser interdit entre deux hommes.

Nosferatu et l'Internationalisation

Le film coïncide avec les débuts de la globalisation et en particulier l'investissement de capitaux étrangers dans l'économie locale. Le phénomène, à l'époque considéré un danger, est ici matérialisé par le comte qui est évidemment un prédateur. L'allusion la plus claire est bien sûr que celui-ci investit dans l'immobilier allemand. Ce thème de l'investissement de capitaux étrangers est d'ailleurs confirmé dans une des scènes coupées au montage. Lorsque Nosferatu se voit attaqué dans la rue par un brigand et poignardé au coeur, au lieu du sang, ce sont des pièces d'or qui se mettent à tomber.

Chef d'oeuvre cinématographique et oeuvre visionnaire, Nosferatu, est d'autant plus d'actualité qu'il démontre le potentiel inégalé d'un cinéma réduit à sa forme la plus épurée et, par la même, est le constat cruel de l'auto-épuisement du cinéma moderne. Si la fin des années 90 semble avoir marqué le point culminant de l'exploitation cinématographique commerciale, le XXI ème siècle semble démarrer sur de meilleurs augures, grace au retour à un cinéma sans fards issu du dôgme d'une poignée de réalisateurs européens. Cette renaissance, ou retour aux valeurs qui ont bercé le 7ème art en Europe, est confirmée par l'hommage rendu à au film de Murnau à travers Shadow Of A Vampire venant redonner l'espoir d'un sursaut artistique des cinéastes comtemporains.

Fred Thom

     Cinema And Painting, Angela Dalle Vacche, Texas Press
     The Haunted Screen, Lotte H Eisner, California Press
     De Caligari à Hitler: Histoire du Cinéma Allemand, Siegfried Kracauer, Broché


     Nosferatu - fantôme de la nuit
     Le Cabinet du Dr. Caligari
     Shadow of the Vampire




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