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Le Cabinet du Dr. Caligari















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Le Cabinet du Dr. Caligari
Réalisé par Robert Wiene

Avec : Werner Krauß, Conrad Veidt, Friedrich Feher, Lil Dagover
Durée : 1:12
Pays : Allemagne
Année : 1920
Film allemand expressionniste réalisé en 1920 par Robert Wiene, Le Cabinet du Dr. Caligari est avant tout une des oeuvres les plus marquantes du 7ème art.

Le film est en effet la première et sans aucun doute ultime oeuvre d'art cinématographique qui 80 ans plus tard suscite toujours la passion des critiques et analystes cinéphiles et artistiques. Et il est clair que l'influence du film s'étend bien au delà de son traitement artistique et symbolique, puisque sa construction cinématographique se reflète dans nombre de productions contemporaines.

L’histoire est trompeusement simpliste. Caligari (Werner Krauss) est un hypnotiseur qui, de foire en foire, exhibe son attraction: un somnambule du nom de Cesare (Conrad Veidt) qui lui obéit aveuglément. Quand la nuit tombe, Cesare quitte le cercueil qui l’abrite pour des virées meurtrières dans la ville endormie.

La première dimension du film est éminemment artistique. Le Cabinet du Dr Caligari est en effet une oeuvre d’art à part entière. Mais remettons-nous dans le contexte. Caligari naquit en plein coeur de l’explosion de l’art moderne, et plus particulièrement de l’expressionniste allemand. En réaction à la proéminence du cinéma commercial d’Hollywood (qui ne date donc pas d’hier), le cinéma allemand opta pour un positionnement artistique. Ce mouvement allait d’ailleurs engendrer deux autres classiques du genre: Metropolis de Fritz Lang et Nosferatu de F.W Murnau—on notera d’ailleurs la ressemblance entre Cesare qui dort dans un cercueil le jour et tue la nuit et le vampire Nosferatu.

Robert Wiene fit donc appel à des artistes du groupe Der Sturm (Röhrig, Rienmann & Warm) pour les décors combinant les courants expressionnistes sous forme de peinture, architecture mais aussi de décors de théâtre. Le tout évidemment vu à travers l’oeil expressionniste de la caméra. Chaque scène est donc une oeuvre d’art et le film par la même une fresque artistique composée d’un ensemble d’oeuvres d’art. Evidemment, le film comme chaque scène peuvent donc être vus et revus d’un oeil différent, tout comme l’on regarde un tableau d’un point de vue esthétique mais aussi symbolique—les symboles abondent et chaque passage mérite d’être analysé. On peut ainsi voir dans les décors distordus et claustrophobiques l’influence de l’expressionnisme et du cubisme de l’Allemagne industrielle et d’artistes comme Edward Ludwig Kirchner, Lynel Feininger, Erich Heckel et Franz Marc entre autres.

Le film a aussi une dimension politique. Si le scénariste avait à la base conçu le film comme une critique du pouvoir aveugle qui avait engendré la première guerre mondiale—Caligari symbolisant le pouvoir prussien et Cesare son peuple pantin—le film échappa en quelque sorte à ses créateurs pour devenir visionnaire. L’expressionnisme à l’image de l’art moderne se voulait l’antithèse du réalisme, utilisant l’art comme moyen d’expression au lieu d’une banale représentation de la réalité. Et ce mouvement moderniste s’opposait directement à la tendance d’un nazisme montant tentant de museler l’art comme moyen d’expression. De nombreuses analyses ont confronté Le Cabinet Du Dr Caligari au contexte historique dont le livre de Siegfried Kracauer From Caligari To Hitler: A Psychological History Of The German Film qui élucidera pour les intéressés les références du film à Hitler et à la montée du nazisme dans les années 20.

Le film a enfin une influence cinématographique incontestable. Le Cabinet Du Dr Caligari est astucieusement manipulateur sur trois niveaux. Il met d’abord le spectateur en confiance à travers sa forme narrative, affirmant que ce qu’il montre est la réalité. Si la réalisation est trompeuse, elle dissimule toutefois des indices révélateurs d’une autre vérité. Le film remet ensuite en cause tout ce qui précède, prenant ironiquement le spectateur dupé pour un fou (une idée du producteur Erich Pommer). Il fut d’ailleurs l’un des premiers à démontrer l’aspect manipulateur du cinéma— procédé qui serait ensuite largement utilisé par le cinéma de propagande nazi. Le film, enfin, sur sa dernière scène, un scène clé, apporte l’ambiguïté à la vérité qu’il venait juste d’établir, en montrant que la folie est parfois plus proche de la réalité qu’on ne le pensait. A ce moment-là, vous aurez compris l’importance du Cabinet Du Dr Caligari qui désamorce des films aussi populaires et originaux que The Usual Suspects, The Sixth Sense, Basic Instinct et bien d'autres utilisant des procédés autrefois mis en scène par Robert Wiene.

Il est donc urgent de voir Le Cabinet Du Dr Caligari. En plus d’être une leçon d’art, de cinéma et d’histoire, il permet de ne pas être dupe d’un Hollywood qui n’hésite pas à profiter d'une mémoire cinéphile trop courte pour recycler des chefs d’oeuvre pionniers du 7ème art.

  Fred Thom

     Commentaire audio DVD du professeur Mike Budd
     Dictionnaire des Films, Georges Sadoul, Microcosme.

     Nosferatu






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