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Sang et or













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Sang et or
Réalisé par Jafar Panahi

Avec : Pourang Nakhael, Hossain Emadeddin, Kamyar Sheisi, Azita Rayeji
Scénario : Abbas Kiarostami
Titre Original : Talaye Sorgh
Durée : 1:32
Pays: Iran
Année : 2003
Site Officiel : Sang et or
Avec un scénario signé Abbas Kiarostami (Ten), inspiré d'un fait divers, Sang et or de Jafar Panahi, s'interroge sur les raisons qui poussent un être humain à basculer dans la violence, mais également sur la société iranienne. D'une justesse poignante, ce film retrace la route d'un livreur de pizzas qui, d'humiliation en humiliation, finit par assassiner. Glaçant.

Dès les premières images de Sang et or, on constate qu'on se trouve face à une œuvre maîtrisée. Un long plan-séquence dans lequel deux ombres s'agitent furieusement, en contre-jour, ouvre ce drame universel. Un travelling avant, extrêmement lent, laisse la lumière du jour entrer dans le théâtre du drame à venir : un cambrioleur abat froidement le gérant d'une bijouterie, avant de fermer les grilles et de se donner la mort.

Panahi n'use pas d'artifices. Son refus d'une esthétique facile le rapproche de ses personnages, qu'il filme avec pudeur, comme en témoigne l'exécution, reléguée hors-champ. A travers le parcours de Hussein, pauvre hère enfermé dans sa condition, le réalisateur montre du doigt les aberrations de la société iranienne, où la classe moyenne tend à disparaître pour ne laisser qu'un gouffre entre une richesse exubérante et une misère faite de privations. Il pose un regard tendre et sincère sur Hussein Emadeddin, acteur non professionnel au jeu toujours juste, dont toute la dignité se révèle lors de long plans-séquences, comme dans cette scène où il gravit difficilement quatre étages pour livrer des pizzas à un officier sous les ordres duquel il servit l'armée.

A l'époque de la guerre entre l'Irak et l'Iran, porter l'uniforme relevait du devoir patriotique, mais constituait également un moyen de subsister, d'exister en trouvant sa place dans la société. Pour ne récolter que l'ingratitude, une fois les fusils rangés. La façon dont l'officier congédie Hussein prend le spectateur à la gorge et lui rappelle que l'uniforme n'efface pas les différences entre classes sociales. Lors de sa tournée dans les beaux quartiers, voilà Hussein contraint à l'immobilité par des soldats chargés d'arrêter des fêtards, véritable insulte au gouvernement, de par leur liberté calquée sur les mœurs occidentales. L'occasion de discuter avec un soldat de 15 ans qui n'a jamais connu aucun plaisir et qui ne comprend même pas les raisons de tout ce manège. Les sphères du pouvoir jettent dans l'incompréhension et l'incommunicabilité les citoyens qui subissent le système, pions parmi les pions, anonymes, inutiles, quand ils ne gênent pas.

Le dernier segment du film, encore plus significatif, met en scène un client huppé qui invite Hussein à se joindre à sa table. Parce que l'argent ne rime pas toujours avec bonheur, on constate que cet homme, Iranien vivant aux Etats-Unis, déprime parce qu'il se sent étranger sur sa terre natale. Au début du film, Hussein ne parvenait même pas à se représenter une somme exorbitante d'argent que toute une vie de labeur ne pourrait jamais lui offrir. Ici, on ouvre comme lui des yeux hagards au gré de sa visite des lieux. Une piscine couverte privée, des escaliers débouchant sur des vastes pièces décorées de sculptures et de matériel Hi-fi haut de gamme, et une vue imprenable sur Téhéran. L'incommunicabilité entre le riche qui consent à parler au pauvre seulement parce qu'il a besoin d'une oreille pour écouter ses états d'âme, mais qui l'oublie au premier coup de téléphone, conclut la démonstration de Panahi. Hussein, de par sa condition, n'existe pas. Son hôte le dit lui-même à son interlocutrice au téléphone : « je suis avec personne ». C'est pour cette raison qu'il met justement fin à son existence, en emportant dans la tombe le bijoutier qui lui aussi avait dénié sa condition d'être humain.

La structure du film, circulaire, qui s'ouvre et se referme sur la même scène, celle du meurtre, illustre l'impasse dans laquelle s'engage la vie de Hussein. Tout au long du film, cet homme ordinaire subit le mépris et l'indifférence jusqu'à l'étouffement, notamment lorsqu'il sort de la bijouterie après sa seconde humiliation. Engoncé dans sa veste qu'il avait pris soin de revêtir pour se montrer plus présentable, il suffoque en silence, contenant sa colère. Terriblement pessimiste, le film de Panahi ne lance pas un cri de révolte, mais se contente de témoigner et de pointer du doigt les fossés de la société iranienne. Son histoire, efficace, ne laisse pas indifférent. Pari gagné.

  Moland Fengkov

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