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La Secrétaire













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La Secrétaire
Réalisé par Steven Shainberg

Avec : James Spader, Maggie Gyllenhaal, Lesley Ann Warren, Jeremy Davies
Scénario : Steven Shainberg, Erin Cressida Wilson
Titre Original : Secretary
Durée : 1:44
Pays : USA
Année : 2003
Site Officiel : La Secrétaire
Je me rappelle un séjour à New York où, après une nuit de beuverie, des amis locaux et moi nous étions mis à parler cul. Plongés dans une comédie romantique typiquement new-yorkaise, nous en arrivons à apposer des qualificatifs sur nos comportements et préférences sexuelles. J'en viens à dire que je me considère comme étant un « masturbateur », terme cher à Vincent Ravalec, et c'est un fait, je prends plus de plaisir à mater qu'à toucher. Mes copains explosent de rire (ils sont américains.) et depuis, l'anecdote me revient régulièrement aux oreilles. C'est que ça les a marqués. Virgile le masturbateur. J'étais tout à fait sincère en admettant ce que certains pourraient considérer comme déviant. Eux riaient. Ils ne voyaient pas comme cette pratique me permettait d'épanouir totalement ma sexualité. Je n'étais pas blessé pour autant. Nous avions juste sur la question une perception différente.

Cette parenthèse autobiographique qui gênera peut-être plus le lecteur qu'autre chose n'a pas d'autre intérêt que de montrer les différentes manières dont les subjectivités pourront percevoir un film qui s'avère être un véritable manifeste pour une alter-sexualité, habilement camouflé en comédie romantique classique. La secrétaire, de Steven Shaiberg est une réussite et une surprise rare qui vient prouver qu'il est toujours bon de découvrir un film de but en blanc. Car il faut bien l'admettre, j'ai une faiblesse pour James Spader, et c'est le seul nom que je retenais d'une affiche qui avait l'air de vendre une comédie française grassement sociologique des années 70/80 dans lesquelles se sont largement illustrés Roland Giraud ou Grace de Capitani.

Quelle surprise alors de découvrir qu'une distribution de bon ton venait servir ce qui apparaît comme une comédie romantique dans son seul dernier quart d'heure, menant le reste du film une histoire qui, tournée par un réalisateur à la recherche de sensations extrêmes se serait soldée par une fin tragique et glauque, à mille lieux de la superbe morale positive qui vient ponctuer l'histoire.

La découverte du film, c'est évidemment la sublime Maggie Gyllenhaal, aperçue à droite à gauche dans des rôles mineurs (on se souvient un peu de la jolie goth torturée du raté Cecil B. Demented de John Waters) et qui ici est transcendée et passe à la postérité quel que soit son avenir, dans le corps d'une icône fétichiste. Elle se double d'une comédienne à la présence indéniable, joli mélange d'une Kristen Dunst et Audrey Tautou qui auraient pris conscience qu'il faut souffrir un peu pour devenir comédienne. Elle règne, et elle accepte le full frontal, marque exclusive des grandes.

Quand on la découvre, elle est Lee, gravure de Stanton : talons hauts, bas nylon, jupe courte, chemise de soie aux manches évasées, les bras pris dans une barre d'attache, se débattant soigneusement avec un café. Sourire épanoui aux lèvres. Sublime.

Flashback/ Plus tôt, elle sortait d'une dépression nerveuse. Rentrée à l'hôpital pour cause d'auto mutilations diverses qu'elle est encore tentée de s'infliger. Le prix de l'existence dans une famille trop normale ou trop tordue. En tout cas un peu trop clicheteuse pour qu'on s'étende trop sur elle. Copain au même passif qu'elle, interprété par le toujours rigolo Jeremy Davies et super puceau de l'enfer. Un brevet de secrétaire en poche, elle se fait engager chez James Spader, avocat visiblement collectionneur de mobilier 30's qui exige qu'on ne tape qu'à la machine et qui entoure les fautes au Sharpie rouge parce qu'il refuse le Ti-Pex. Fétichiste, visiblement. C'est tout naturellement que va s'instaurer entre eux une belle relation qui passera aux yeux de certains pour comique, dérangeante pour d'autres, voire dégueulasse.

Telle qu'elle est montrée, il faut avouer que cette relation est, plus que tout autre chose, pornographique à mort. Un point c'est tout. Une forme de manifeste dans ce qu'il raconte, dans ce qu'il décide de montrer, dans l'ordre dans lequel il décide de le montrer. Toujours très bien jouées, les scènes en question font mouche. Fessées violentes, scènes de masturbation magnifique, soumission volontaire et épanouissante. De mémoire, on a jamais monté de telles scènes dans un film de cette classe (comprenez classique) et quand bien même, on ne les a jamais montrées si crues et ressenties. La beauté de la chose réside essentiellement dans ce que ce qui pourrait passer pour de la dégradation de la femme aux yeux des plus puritains est superbement justifié par cet épanouissement qu'il provoque, aussi bien spirituel que physique. Même ce que Lee s'inflige, qui la fera passer pour une « connasse » aux yeux des chiennes de garde frustrées dans la salle, est expliqué de telle manière qu'il en ressort toute la beauté qui peut transpirer d'une telle relation, aussi dérangée qu'elle puisse en avoir l'air.

La réussite du film réside bien dans le fait qu'il rende extrêmement justement le salut que la relation apporte à ses protagonistes, alors que tout est là pour que le spectateur idiot ne perçoive qu'une vulgaire histoire de harcèlement sexuel, d'abus de pouvoir et de mauvaise souffrance. La perception de la sexualité que les personnages transmettront aux spectateurs se fera ainsi de manière totalement respectueuse des codes régissant le rapport unissant Lee à son patron rencontrant l'âme siamoise pour la première fois. Ce ne sera qu'une fois les barrières de l'inhibition franchies que les corps se révéleront. Une fois les passions acceptées que les corps s'assumeront à leur tour aux yeux de tous. C'est à ce moment-là que le film se dévoile aussi. Nous ne sommes pas dans un film tendu dans des relations que l'on jugerait de la même manière, mais dans une comédie romantique dans laquelle les relations violentes qu'on nous a exposées sont, dans la manière dont elles sont assumées et désirées — quelles qu'elles soient et par-delà tout jugement moral —, totalement légères et salvatrices. On retrouve ce sentiment de liberté qui transpirait du Novo de JP Limosin. On y verrait presque une version hollywoodienne du Seul contre tous de Gaspar Noé. En tous cas, dans la perversité dont il fait preuve en offrant aux spectateurs de réels moments de pornographie qui échapperont totalement à certains, Shainberg se rapproche assez dignement de ce que Verhoeven pourrait faire d'une comédie du genre.

Ceux qui l'ont raté au cinéma auraient tord de ne pas fondre sur le DVD dès qu'il sera disponible. C'est une bonne pellicule pour le tout venant, mais pour qui s'intéresse ou se sent touché par des rapports humains et sexuels « alternatifs » tout en restant bon esprit, ce film est une aubaine. Il va à l'encontre de toutes une vague de cinéastes actuels se complaisant à montrer des pratiques différentes, des rapports réels d'un œil injustement accusateur, jugeant leurs protagonistes pour offrir à leur film un vague air sulfureux et rentrer dans une esthétique de la décadence morale voire physique bien protestante et dégueulasse.

L'onanisme n'est pas une pratique bien extrême. A longs termes elle vous isolera éventuellement du monde. En société, elle fera rire votre voisin. On ne fera jamais de film incriminant directement cette pratique (impossible à prendre au sérieux. Cronenberg pourrait en faire quelque chose.) pourtant, en tant que « masturbateur », praticien d'une sexualité différente et épanouissante, je me sens en droit de réclamer beaucoup plus de films traitant de ce genre de plaisir comme le fait Steven Shainberg avec La secrétaire. Accident de parcours ou propos intrinsèquement ressenti ? On attend son nouveau film impatiemment.

  Virgile Iscan





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