Eyes Wide Shut film critique Eyes Wide Shut film DVDEyes Wide Shut Analyse du film






Eyes Wide Shut













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Eyes Wide Shut
Réalisé par Stanley Kubrick

:: EYES WIDE SHUT
:: Analyse 1
:: Analyse 2
:: Marketing
Disons tout d’abord que Eyes Wide Shut n’a que très peu à voir avec le battage publicitaire qui l’a précédé ; bien que le propos soit sexuel, le traitement, lui, est beaucoup plus froid et intellectuel que physique et/ou sensuel. En fait, on reconnaît assez aisément la signature (les éclairages très froids, les scènes très longues, etc.) de Kubrick et ce film ne choquera pas nécessairement davantage les saintes-nitouches et les têtes conservatrices que les précédentes créations du cinéaste.

Sans parler de testament cinématographique, l’un ne peut s’empêcher de remarquer que, pour ce qui fut son dernier film, Kubrick ait choisi de se citer lui-même, de faire référence à ses films antérieurs. Certains de ces clins d’œil sont gros comme le bras (la Lolita), mais d’autres sont assez subtils pour amuser l’amateur [qu’on pense au déjeuner de la mère et l’enfant devant les bandes dessinées à la télévision renvoyant à The Shining ou au magasinage avec travelling arrière suivant les personnages rappelant A Clockwork Orange (Bill Harford (Tom Cruise) ne magasine pas pour des cassettes de musique, mais il porte un manteau long de coupe semblable à celui d’Alex)]. Ainsi, le film n’apparaît pas comme le point final de cette filmographie, plutôt comme générateur d’un infini de boucles (et, nous rappelant le regard fixe d’Alex à l’ouverture de A Clockwork Orange, repris par Jack dans The Shining et par Gomer Pyle dans Full Metal Jacket, nous pourrions nous demander si les boucles n’étaient pas déjà inhérente à cette filmographie*) - la structure de Eyes Wide Shut étant elle-même entièrement érigée autour de boucles.

Les boucles

Tous les éléments du film (histoires secondaires, temps et espaces) apparaissent une première fois, puis sont répétées ; s’ouvrent puis se referment :

  •  lorsqu’il demande où elles l’emmènent, les filles répondent à Bill « at the end of the rainbow » - c’est chez Rainbow Fashions qu’il achètera le costume qui pourrait finalement lui permettre d’accéder au triolisme (et davantage) ;

  •  lors de la première overdose de Mandy (Julienne Davis), Bill lui dit « you’re a very very lucky girl » et le journal qui lui apprendra la seconde overdose de la jeune femme titre en première page : Lucky to be alive ;

    De la même façon, l’itinéraire de Bill (qui semble être en constant déplacement) fonctionne par boucles : il repasse une seconde fois à chacun des points de son excursion [la demeure de Victor Ziegler (Sydney Pollack), le bar où Nightingale (Todd Field) joue du piano, Somerton (lieu de l’orgie), l’appartement de Domino, Rainbow Fashions, etc.]. L’espace et les événements se recoupent, se referment sur eux-mêmes, le spectateur ne peut considérer aucun de ceux-ci comme étant objectif ; ce n’est pas un narrateur absent qui nous relate les allées et venues de Bill, il est vite clair que nous parcourons la substance des fantasmes (éveillés ou non) de l’un des personnages (nous y reviendrons).

    Une logique onirique

    Les événements présentés au spectateur sont les perceptions subjectives de l’un des personnages, perceptions fonctionnant selon une logique davantage onirique que rationnelle et concrète (onirisme expliquant les répétitions systématiques ; rêves ou fantasmes récurrents). La fantaisie, même lorsqu’étrange et déroutante, prend ses sources dans le familier et c’est en renvoi constant à l’appartement de Bill et Alice (Nicole Kidman) et à Alice elle-même que se construit la trame narrative. Ceci, nous le percevons en particulier par l’usage des tableaux (mais le sapin de Noël a, à peu de chose près, la même utilité). Malgré que Bill visite un assez grand nombre de lieux, le spectateur peut douter de leur multiplicité ; ne fait-il pas que visiter les salles d’une galerie d’art ? Partout, les murs saturés de tableaux renvoient aux murs de l’appartement des Harford, et plus particulièrement à Alice (la galerie est la sienne - « I used to manage an art gallery in Soho » dit-elle à son cavalier). Du début à la fin, Bill est prisonnier de cette galerie labyrinthique dans laquelle chaque salle affiche son courant (abstraction pour les couloirs de l’hôpital ; impressionnisme pour l’appartement de Bill et Alice ; portraits pour la salle de Billard de Ziegler ; etc.). Certains espaces sont la continuité directe de d’autres :

  •  en entrant au café où il s’installe pour lire le journal, Bill passe sous une décoration de Noël qui se retrouve aussi à l’extérieur de la salle de Billard de Ziegler (le café présente d’ailleurs aussi des portraits) ;

  •  la tapisserie (fleurs de lys dorées sur fond bleu) dans le couloir à l’extérieur de l’appartement de Bill et Alice est la même** que celle dans la chambre à coucher chez Marion (Marie Richardson) ; etc.

    Ces espaces, comme les situations qu’ils contiennent, sont générés par un esprit intrinsèque au récit, difficile d’en douter. Le problème que pose Eyes Wide Shut est à savoir lequel - est-ce les fantasmes de Bill ou ceux de Alice qui tissent la diégèse du film ? Plutôt ambiguë. Bien que ce texte privilégie l’une davantage que l’autre, nous ne croyons pas qu’il y ait une réponse unique à cette interrogation, chacune des réponses offrant une réflexion intéressante sur la nature du couple.

    Réponse #1 : Les fantasmes de Alice

    « If you men only knew ». Fâchée de voir son mari sous-estimer la sexualité féminine (négliger son imaginaire fantasmatique), Alice lui concocte une visite de son musée des perversions (une variation du pays des merveilles, si on veut - d’ailleurs, elle se plaît à fixer les miroirs*** la petite Alice). Cette hypothèse place Alice comme étant génératrice des aventures de Bill et la galerie d’art comme reflet de son intériorité (de sa cervicalité).

    Ce que l’on voit d’Alice dans le film laisse croire à la pertinence de cette approche. Assise à table, elle fume, lit distraitement le journal ou emballe des cadeaux avec amplement le temps de rêvasser. Par deux fois (évidemment), Bill rentre à la maison et Alice s’éveille (donc, elle rêvait) et, lorsqu’elle raconte ses rêves à son mari, ceux-ci correspondent à peu de choses près à ses aventures (alors qu’il revient de l’orgie, elle lui décrit une scène semblable - les deux situations se terminant par l’humiliation de Bill).

    Le masque a ici une grande importance, symbole du théâtre, il est la dénonciation de l’irréalité du fantasme. Bill n’est qu’un acteur dans l’orgie mise en scène par Alice, elle l’imagine jaloux de son matelot parce que c’est ce qu’elle voudrait qu’il soit (« Why haven’t you ever been jealous about me ? »). C’est directement au spectateur que Ziegler s’adresse lorsqu’il dit : « Suppose I tell you that all of that was staged [...] that it was fake » (c’est aussi chez Ziegler que le spectateur trouve le premier indice de la fausseté de la réalité de Bill : Mandy, droguée et écrasée sur le sofa rouge se retrouve également en arrière-plan, sur le tableau). Le masque est ensuite associé au sommeil de Alice, question de ficeler tout ça.

    Réponse #2 : Les fantasmes de Bill

    Après que sa femme lui ait raconté l’anecdote du marine, Bill pique vraiment une crise de jalousie. Torturé, il se tourne vers ses propres désirs extraconjugaux. Cette seconde hypothèse place Bill comme étant le générateur de sa propre histoire et la galerie d’art comme reflet de la prison dans laquelle son mariage l’enferme. Partout où il va, il sent l’emprise de sa femme, il se sent surveiller et coupable [il n’arrivera d’ailleurs jamais à commettre l’adultère - et son sentiment de culpabilité éclatera lorsqu’il la trouvera couchée avec le masque (preuve des jeux auxquels il s’est adonné)]. Dans cette approche, le masque, le discours de Ziegler et le tableau représentant Mandy ont sensiblement les mêmes fonctions. Ce qui devient très intéressant, c’est l’incapacité de Bill d’aboutir à la moindre chose avec les filles qui l’approchent. Coupable, il se fait subir à lui-même le rôle de l’asexué qu’il donnait aux femmes : il est celui qui a besoin de sécurité et qui se sent menacé par l’imminence de l’acte sexuel [il doit quitter l’orgie sans y avoir goûté, sentant sa vie en danger ; il s’abstient de faire l’amour avec Domino (mais paie tout de même les 150$) et s’évite de mourir du sida]. Le « To be continued » que Bill lance aux filles lorsqu’il doit les quitter pour aller soigner Mandy laisse supposer qu’il est conscient de posséder un certain contrôle sur le fil narratif - en supposant qu’elles font partie des invitées de Somerton.

    « The important thing is - we’re awake now »

    Avec sa mosaïque de lieux et de personnages, de tableaux et de citation des précédents films de Kubrick (sans oublier l’exposition de costumes chez Rainbow Fashions), Eyes Wide Shut est tout simplement un film-musée. Complexe, intelligent et ouvert à un tas de différentes lectures ; un musée où il serait pécher de ne pas retourner encore (et encore).

      Sebastian Sipat

    * Il semblerait que l’on voit dans les ruines de Hue (Full Metal Jacket) un rocher qui ressemblerait étrangement au monolithe - information que nous n’avons pas vérifiée.

    >> Analyse 2        

    **   Mme Cynthia Collette pour nous avoir souligner cet élément.
    *** M. Nicolas Handfield pour nous avoir fait remarquer l’utilisation des miroirs dans le film.





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