Casino Royale movie review DVD critique de Casino Royale



 

 



Casino Royale review

Casino Royale

:. Réalisateur : Martin Campbell
:. Acteurs : Daniel Craig, Eva Green
:. Scénario : Paul Haggis
:. Titre Original : Casino Royale
:. Durée : 2:24
:. Année : 2006
:. Pays : USA
:. Site Officiel : Casino Royale


POUR

Bond à rebours. Le 21e opus des aventures du plus célèbre agent secret au monde dépoussière et modernise le genre par un paradoxal et passionnant retour aux sources.

Un peu sur le modèle des comics Marvel qui publiaient régulièrement les origines des super héros, le remake de Casino Royale raconte une genèse, celle de l'agent 007 tel que nous le connaissions. Loin du surréalisme technologique qui lorgnait du côté de l'univers des jeux vidéo, ou d'un kitsch à peine assumé, ce volet prend à revers tous ses concurrents (XXX, Mission impossible, 0SS117) en misant sur un rythme, certes extrêmement soutenu (témoin, cette incroyable poursuite acrobatique mettant en scène Bond et un terroriste yamakasi), où l'action prime, mais sans jamais se départir d'un certain réalisme. Exit les méchants mégalos ambitionnant de dominer le monde, exit Q et ses invraisemblables gadgets, exit même le cul à la chaîne, on découvre un cœur sous le smoking, prêt à tout plaquer au nom de l'amour. N'oublions pas que cette préquelle narre les débuts de l'agent secret. En cela, tous les choix se justifient. L'assurance et le flegmatisme à venir s'enrichissent de nuances. Avant de se sentir à l'aise dans son costume, Bond ressemblait donc davantage à un voyou, une brute ultra violente proche d'un certain Jack Bauer, dénotant ainsi complètement avec toutes les précédentes interprétations. Et pourtant, on retrouve un peu de ses aînés sous cette épaisseur de muscles. Amoureux, le tueur professionnel se montre même sensible, dans une touchante scène de douche où il offre son corps comme soutien à une femme qui vient d'assister à un massacre.

La grande réussite de Casino Royale réside dans cette faculté à briser les repères tout en jouant avec les codes : la confrontation en duel avec le méchant (traditionnellement dans un casino, tradition déclinée dans certains opus, comme Jamais plus jamais, où le duel a lieu autour d'un jeu vidéo, ou comme Meurs un autre jour, où le duel se décide en tenue d'escrimeurs), les poursuites en voiture, la commande au bar de sa boisson favorite, dont on nous livre ici la recette, et sa réplique la plus célèbre, qui clôt ici le film, comme pour mieux débuter la série toute entière : " Je m'appelle Bond. James Bond. " Le choix de placer cette réplique à la fin éclaire le film tout entier. Tout ce que vient de voir le spectateur, tenté de crier au scandale parce qu'il ne reconnaîtrait pas le Bond qu'il a toujours connu, relève de la logique pure. C'est une (re)découverte, d'où la pertinence des présentations d'usage, que le personnage adresse avant tout à son public. C'est juste avant le générique de fin que l'agent secret devient véritablement James Bond.

Surprenante intrigue, avec une longue scène de poker (la véritable confrontation entre Bond et son ennemi), une séquence de torture inédite et un dénouement des plus surprenants, dont la complexité en laissera plus d'un sur le bas côté, le scénario de Casino Royale ne sert qu'une cause : engendrer, (re)créer le personnage de James Bond. Une mission que remplit avec brio Daniel Craig. L'acteur a digéré les prestations de ses prédécesseurs pour livrer un portrait crédible qui pourrait en réalité les précéder tous et se poser en modèle. Reste à savoir si dans les prochains épisodes, il parviendra judicieusement à instiller la classe qui définit le personnage, tout en gardant son originalité, ou s'il restera enfermé dans cette brutalité qui, si elle se justifie ici, sonnerait alors plus faux. En attendant la suite, et la transformation de l'essai, ce Bond s'avère être le meilleur de la série depuis des années. De quoi trinquer autour d'un verre de vodka martini.


  Moland Fengkov


CONTRE

Récemment intronisé dans le cercle fermé des agents de renseignements autorisés à tuer, James Bond, suite à un cafouillage sanglant lors d'une mission se retrouve aux prises avec une organisation criminelle nébuleuse où terroristes et banquiers retors se disputent la palme de l'ignominie. Des Bahamas à Venise il va la démanteler jusqu'à l'impitoyable régent " Le Chiffre " notamment en s'invitant à une dispendieuse partie de poker au Casino Royale. Au passage il nouera une relation avec la reptilienne Vesper.

Plus qu'un lifting d'une franchise quinquagénaire cette vingt-et-unième adaptation de la création de Ian Fleming a tout d'une secousse tellurique. Car les héritiers d'Albert Broccoli entendent transfigurer (dépecer ?) l'inoxydable personnage flegmatique et ironique en un baroudeur résolument moderne. Pour se faire, ils mettent en image la mission initiale de Bond. L'entreprise se fait limpide à mi-parcours lorsque les caractéristiques classiques abondent enfin (Aston Martin, Walter PPK…). Le héros inconnu - Daniel Craig transparent - et brutal est façonné en direct, acquérant progressivement la distanciation qui faisait le charme des parangons L'Espion Qui M'Aimait ou Goldfinger. Les futures ramifications du mythe nous apprendrons si ce sentiment émanait volontairement du film ou de la psyché de spectateurs marqués par la saveur de l'agent britannique : désuète, littéraire et domestique.

Deux aspects de ce prequel prêtent à deviser. D'abord cette nécessité de relater bégaiements et balbutiements des figures établies de la culture contemporaine. Pourquoi en effet s'escrimer à défricher ces fantasmes sophistiqués si ce n'est pour artificiellement et de manière grandiloquente - estafilades sur la trogne malmenée de l'espion - faire exploser les failles déjà perceptibles et les vaseux penchants des personnages ? Sous le réalisme, les scénaristes pêchent à circonscrire rebuffades et autres anachronismes (portable et slips de bain) d'un héros intemporel et immature, d'où l'inanité du projet.

Seconde constatation, l'échec de l'hybridation entre le glacis d'action violente décérébrée - carence inconcevable de rythme excepté le rêche prologue - et ces suaves séquences de séduction ou de palabres à l'humour badin entre M et son subordonné qui faisaient le suc d'antan. Sans nul doute Martin Campbell a vu La Mort Dans La Peau et autres Chroniques De Riddick, il en conserve la notion de corps noueux et monolithiques mus par une pure célérité et celle d'une réalisation procédant par décadrages et débordements. Mais il apparie maladroitement les deux vecteurs hermétiques de son long métrage (geste/parole) aussi les poursuites ou saccages s'agencent mal entre drinks et repas raffinés. Et cet opus de dépérir, compressé entre deux blocs caparaçonnés. Pour preuve l'incommunicabilité du regard magnétique de Vesper d'une scène à l'autre entre celui langoureux jeté lors d'un dîner et celui imprécatoire voire nécrosé aperçu dans le halo éthéré d'un phare.

Les représentations sexuelles explicites sont à l'avenant quoique se chargeant d'une jouissance commune de bon aloi. Le propos poussant jusqu'à présenter Bond en forçat ombrageux à la carrure imparfaite, supplicié à l'entrejambe avant d'être transi d'amour puis trahi : après des décennies de machisme rogue voici le temps de la virilité dépassée. Car cet opus place aux côtés de ce globe-trotter buté à l'efficacité dédaigneuse une figure féminine échappant aux poncifs de naïade offerte. Peut-être trop tant Eva Green vole la vedette au fantoche agent - courage final plein de moralité. Le héros en devenir ne contrôle rien, tout juste apte à succomber ou à s'agiter dans la cacophonie. Et s'il est la proie d'un spectre, c'est celui de ses prédécesseurs, d'une kyrielle de pénibles références ou simplement de son désir troublant. Les artistes de tous acabits ressassent ce lemme depuis des siècles, la Femme est l'avenir de l'Homme. Alors, seule piste valable pour une cure de jouvence ?


  Frédéric Flament


     Meurs un autre jour
     Le Monde Ne Suffit Pas
     Shaken & Stirred : The James Bond Project Soundtrack


    


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