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Les Nains et la Mort de Jonathan Coe









Les Nains et la Mort
Jonathan Coe

Jonathan Coe fait ses gammes

Troisième roman de Jonathan Coe, paru avant le succès de Testament à l'anglaise et de La Maison du sommeil, Les Nains et la Mort s'inscrit dans la veine « j'ai pas de bol mais je me soigne ». William, jeune pianiste aspirant à la noblesse du jazz mais contraint par la réalité à se prêter aux pires compromissions musicales, cherche sa voie. Ses rapports avec les femmes obéissent à la même logique : éperdument amoureux d'un bloc de glace - « me disputer avec Madeline était beaucoup plus attrayant pour moi que de faire l'amour avec n'importe quelle autre femme au monde…" - notre héros ne récolte que des miettes, un chaste baiser volé ou la promesse d'un autre rendez-vous. La poisse lui collant à la peau, il se retrouve mêlé à une sombre mais rocambolesque histoire de meurtre.

Peut être y-a-t-il beaucoup de Jonathan Coe dans le personnage de William, jeune homme timide et observateur, légèrement perdu dans la jungle musicale post punk. Il a fait de Birmingham, sa ville natale, le bercail de William, l'Eldorado industriel mais tranquille où il est bon de revenir après la démence londonienne. Si ce nouveau tableau de l'Angleterre n'a pas la force de Testament à l'anglaise, qui réglait son compte à la dame au gant et aux méthodes de fer, il demeure inspiré et généralement hilarant. Surtout dans sa vision de ces groupes de rock minables dont les noms figurent tous en bonne place dans le dictionnaire de la déprime.

Les nostalgiques des années 80 y trouveront leur compte : Coe atteint des sommets lorsqu'il peut s'adonner à la description typologique de musiciens de dix-neuf ans monomanes, snobs et sans oreille dans lesquels beaucoup d'entre nous peuvent se reconnaître. Mais le morceau de bravoure de ce roman à la gloire de « la lose », reste les quelques pages consacrées à l'attente d'un autobus un dimanche qui à elle seules justifient la lecture de ce livre de jeunesse, drôle mais inégal.


  Corinne Le Dour-Zana

L'auteur
Jeune quadragénaire originaire de Birmingham et ancien critique littéraire pour le Guardian, le Times et la London Review of Books, Jonathan Coe s'est fait connaître en France avec Testament à l'anglaise (Prix du meilleur livre étranger en 1996), et La Maison du Sommeil. Musicien amateur, il écrit également des biographies (Humphrey Bogart, James Stewart)

Le style
Enjoué et jouant sur toutes les cordes de l'autodérision.

L'atmosphère
Londres de la fin des années 80, groupes punk sur le retour et déboires musicaux avec une incursion savoureuse dans le no man's land banlieusard. Pour les connaisseurs, en exergue de chaque chapitre, quelques paroles de Morrissey et des Smiths.

La construction
Les dix chapitres constituent chacune des parties d'un morceau de musique tragi-comique.

L'extrait
« Attendre à l'arrêt de bus le dimanche (…) c'est un acte de foi, la manifestation d'une croyance irrationnelle en quelque chose dont vous voulez à tout prix affirmer la réalité, bien que vous ne l'ayez jamais vu de vos yeux. »

La citation
« Quelque part, caché peut être dans une chambre forte ou au fin fond d'une salle d'archives, il doit exister un horaire indiquant où et quand les bus sont censés rouler le dimanche. Il y a même, sur le côté de l'arrêt de bus, un petit panneau destiné à afficher cet horaire, mais l'horaire lui-même n'y figure jamais. Je suis convaincu que la Société des transports londoniens paye des vandales expressément chargés d'arracher les horaires quelques instants après qu'ils aient été placardés, afin que les usagers n'aient aucune idée du moment où les bus doivent arriver et ne puissent donc se plaindre de ne jamais les voir apparaître. »






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