Festival de Paris 2004Festival du film de Paris 2004






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Festival du film de Paris 2004
France

Durée: 29 mars - 6 avril 2004
Salle: Gaumont Marignan
Ville: Paris
Pays: France
Edition: 19e
Web: Festival du film de Paris
La Caméra de bois
Ntshavheni Wa Luruli
Au-delà du portrait d'un bidonville près du Cap, très rapidement esquissé, La Caméra de bois est un film (un peu trop) naïf plein de bons sentiments, qui n'évite pas, malgré une interprétation honnête, tous les poncifs du genre. Ils sont jeunes, noirs et pauvres, ils sont potes, ils s'aiment comme des frères. L'un exerce s'élève de sa condition sociale en filmant et en transcendant son quotidien, l'autre se vautre dans la drogue à deux sous et les braquages qui le mènent inévitablement vers une impasse. Entre eux, une jeune et belle gosse de riches racistes. Et puis un Jean-Pierre Cassel expatrié là… Tout cela ne nous mène pas bien loin. — Moland Fengkov

Deadlines
Ludi Boeken et Michael Allan Lerner

Deadline : terme journalistique pour désigner l'heure limite à laquelle les reporters doivent impérativement rendre leur article, en vue de leur publication. Le titre du film de Ludi Boeken et de Michael Allan Lerner évoque également l'urgence qui rythme le quotidien des correspondants de guerre. Toujours sur la corde raide, ils tutoient constamment le danger, caressant la frontière qui sépare le scoop de la mort.

Liban, 1983 : une guerre aux ramifications et aux enjeux complexes ravage le pays. Alex Randal, jeune pigiste aux dents longues, usurpe le poste d'un collègue en permission à Paris et se rend sur place, pour couvrir les attentats qui ont frappé deux bases militaires. Sa rencontre avec une jolie photographe au passé trouble et au carnet d'adresse suspect va le placer sous les feux des balles et des projecteurs.

Boeken et Lerner connaissent leur affaire. Tous deux ont couvert des conflits pour de grands magazines. Leur expérience du sujet qu'ils abordent donne à leur film un visage réaliste et quasi documentaire sur le monde du journalisme de guerre. « Chaque guerre possède son hôtel », nous affirme Randal, en voix-off. L'hôtel se montre comme le lieu stratégique à deux encablures de la tourmente, où il apparaît vital de nouer de bonnes relations avec le personnel, notamment le maître d'hôtel, toujours prêt à servir ou à lâcher un tuyau, moyennant finance. Il tient également le rôle de havre de paix, pour les journalistes qui préfèrent couvrir les événements depuis le bar ou la piscine, se contentant des communiqués officiels.

A travers le regard ambitieux et candide de Randal, le spectateur découvre toutes les principales ficelles du métier qui permettent au bon reporter de survivre tout en dénichant le scoop : s'offrir les services d'un chauffeur connaissant tous les raccourcis, s'associer avec un photographe de talent, savoir vérifier les informations, suivre son flair.

Une histoire d'amour sur fond de manipulation politique ajoute un agent dramatique à ce film, qui soulève brièvement les questions d'éthique, de vérité et d'honnêteté : la sacro-sainte déontologie. — Moland Fengkov

Gaz Bar Blues
Louis Bélanger
(Canada)
Voilà un film bien nommé tant l'univers dans lequel il s'ancre est des plus cafardeux. Un père gère avec ses fils une petite station service, perdue quelque part au Québec. La fratrie est ébranlée par la disparition de la mère, événement tragique contenu dans l'espace diégétique. Les enfants se heurtent régulièrement à l'autorité paternelle. Le respecté patriarche ne vit que pour son entreprise, quand ses enfants aspirent à vivre pour eux-mêmes. Louis Bélanger dépeint le quotidien chaotique de cette station service, entre braquages et tragédies intimes qui secouent une petite communauté d'habitués, sur laquelle Bélanger porte un regard tendre mais quelque peu condescendant. En atteste son casting, un défilé de « gueules », personnages d'inadaptés, censés apporter un surcroît d'humanité dans un contexte de globalisation. Progressivement, les enfants s'affranchissent de la tutelle paternelle pour s'épanouir dans une carrière artistique. Virage réussi pour l'un, expérience avortée pour l'autre, exilé à Berlin pour photographier l'effondrement du Mur. L'ambition de ce second long métrage est précisément ce qui le condamne. Bélanger voudrait embrasser tout à la fois l'intime et le politique. En somme, filmer une chronique à l'heure de la mondialisation, sur fond de thriller (la prise d'otages qui ouvre le début du film n'est qu'un effet d'annonce). Le film souffre de trop de longueurs pour tenir le fil tendu de la narration. Reste l'interprétation émouvante de Serge Thériault, patriarche digne, tout en intériorité. — Sandrine Marques

Marchant sur les Nuages
Vicente Amorim
(Brésil)
Présenté dans de nombreux festivals, ce film brésilien recèle plus d'une qualité. Une lumière chaude et sensuelle nimbe ce road-movie en bicyclette, qui s'inscrit dans un pays économiquement dévasté. Ce contexte de crise jette sur la route une famille de chômeurs, à la recherche d'un travail décent. Leur périple les mène jusqu'à Rio de Janeiro, six mois plus tard. Le filmage nerveux de Vicente Amorim s'apaise parfois au profit de séquences chargées de surnaturel. Animé par la conviction que son Saint Patron les protégera, un père entraîne sa femme et ses cinq enfants dans une aventure aussi improbable qu'éprouvante. Au bout du voyage, nul travail. Rapidement, cet alibi fictionnel se déplace pour une analyse de relations filiales complexes. En bute à l'autorité paternelle, le fils aîné s'émancipe progressivement. Le film de Vicente Amorim est le récit d'une résistance au père. Dans l'adversité, la famille demeure soudée. Cependant, humilié continuellement par son pacha de père, le fils aîné étouffe. Le périple à travers l'immensité du Brésil se transforme en un véritable parcours initiatique pour le jeune homme. En somme, l'argument économique révèle une crise existentielle plus profonde. Au bout de la route, le père accorde à son fils la liberté à laquelle il aspire. Nul misérabilisme de la part du réalisateur qui signe là un film intelligent et sensible. Pendant près de deux heures, le Brésil devient bien le centre du monde… — Sandrine Marques

Printemps, Ete, Automne, Hiver et Printemps
Kim Ki Duk
(Corée du Sud)
Un lac perdu dans une vallée reculée. Un temple se dresse à la surface des eaux étales. Dans ce lieu exempt de toute faute vivent, en ascètes, un moine et son jeune disciple. Les saisons s'écoulent. Elles épousent symboliquement les différentes étapes de la vie des deux héros. Le printemps correspond à la prime jeunesse, à l'initiation au bien et au mal, au façonnement d'une conscience pure, éloignée de toute turpitude. L'observation attentive de la nature et de ses phénomènes éveille le garçonnet aux valeurs morales, lui ouvre les portes de la connaissance. Le franchissement de la porte, rituel qui prend place dès le premier plan, figure ce passage. Les lourds battants stylisés s'ouvrent, le regard s'engouffre par cette béance. Le spectateur accède à la fiction comme le disciple à la connaissance.

Le film est travaillé en creux par le temps. Les saisons, signalées par de sobres cartons, se succèdent. Un cycle éternel s'enclenche : début, fin et renouveau.

Après la radicalité de L'Ile, Kim Ki Duk, qui compte parmi les cinéastes coréens les plus réputés de sa génération (en cinq ans d'une carrière fulgurante !), s'attache à une chronique minimaliste, délicate et sensuelle. Avec finesse et humour, le réalisateur se fait l'écho du bruissement continu de la vie et de la mort. Des rituels immuables rythment la simple existence menée par le Maître et l'élève, dont la quiétude n'est pas troublée par les turbulences du monde extérieur. C'est précisément l'intrusion d'un élément étranger qui va altérer cet équilibre. Une jeune fille de la ville vient soigner son âme malade. L'été attise les passions, exacerbe les sens. Le jeune moine bouillonne de désir. Kim Ki Duk réalise des séquences d'une sensualité à couper le souffle. Le poisson donné en guise d'offrande scelle l'union charnelle des jeunes gens. L'automne, en revanche, stigmatise la perte de l'être aimé. La prophétie du Maître, qui prône l'ataraxie, s'accomplit : la passion engendre la folie meurtrière. Le vieux moine apaise l'âme d'un assassin, grâce à un sutra gravé sur le sol. Saison des désillusions et du désenchantement, l'automne préfigure l'hiver chargé d'une aura mortifère. Ce segment hivernal, sans conteste le plus beau du film, voit l'implication personnelle du réalisateur. Il incarne le moine, devenu adulte, qui succède au Maître défunt. Tout en intériorité, visuellement magnifiques, ces séquences contemplatives sont tournées vers la maîtrise du corps et de l'esprit, condition sine qua non pour atteindre à la catharsis. La venue d'une femme voilée, accompagnée de son nourrisson, amorce un nouveau cycle. L'enfant est confié aux bons soins du jeune moine. La boucle est bouclée.

Kim Ki Duk, venu des arts plastiques, compose des cadres d'une grande picturalité, assisté par son directeur de la photographie, le talentueux Baek Dong-Hyun. Cette recherche esthétique ne nuit en rien à la portée de son message universel. Film étonnant, aux antipodes des œuvres antérieures parfois extrêmes, Printemps (..) reprend néanmoins des motifs chers à Kim Ki Duk : la femme, comme principe de vie et de mort, le débordement des passions, la corruption de l'âme. L'arrivée sur nos écrans des précédents films de Kim Ki Duk permettra de prendre pleinement la mesure d'une œuvre résolument tournée vers l'humain. — Sandrine Marques

Tomorrow's weather
Jerzy Stuhr
Quel temps pour demain ? Traduire : quel avenir pour la Pologne ? Assez proche de Goodbye Lenin, de Wolfgang Becker (gros succès public et critique de la fin 2003 en Europe), par son sujet et par le ton adopté, le cinquième film de Jerzy Stuhr se vautre lamentablement dans la caricature moralisatrice. A l'orée de l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne, un père de famille qui, 17 ans auparavant, a fui ses combats politiques et idéologiques et abandonné sa famille pour s'enfermer dans un monastère, découvre un pays sauvagement ouvert aux quatre vents du libre échange : un monde qui dépasse son regard candide. Son retour à la vie post-communiste donne l'occasion au réalisateur d'aligner tous les clichés : le fils est devenu un chef de campagne ambitieux et corrompu, l'une des filles perd son âme d'enfant dans les rave-parties, la drogue, et les rencontres sur Internet, tandis que la dernière, vedette d'une émission de télé-réalité, fait fantasmer des millions de téléspectateurs en leur montrant tout. Tomorrow's weather se veut une comédie légère qui prend le parti d'aborder en souriant les questions que se posent les Polonais, mais la lourdeur de l'ensemble dessert finalement le propos même du film. Dommage. — Moland Fengkov

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