V for Vendetta & The Inside Man Analyses de V for Vendetta & The Inside Man



 

 



V for Vendetta & The Inside Man review

V for Vendetta & The Inside Man

:. Réalisateur : James McTeigue & Spike Lee
:. Année : 2006
:. Pays : USA


V for VendettaEcho l'un de l'autre, The inside man de Spike Lee et V for Vendetta de James Mc Teigue se répondent visuellement et intellectuellement d'un bout à l'autre de leurs minutes précieusement chronométrées. En faux-semblants et trompe-l'œil tout d'abord, où le masque, le déguisement, joue un rôle prépondérant et inédit dans les deux cas : l'attirail ne sert plus à dissimuler une identité, il se détourne habilement du concept de déguisement cher au jeu des acteurs de théâtre (qu'il caricature pourtant dans le même temps) en uniformisant au contraire le(s) personnage(s) affiché(s) à l'écran; il ne s'agit plus ici de cacher mais de montrer : le masque comme révélateur, utilisé à grande échelle, permet de noyer l'individu dans une masse identique où bons et méchants (notion fortement mise à mal dans les deux films) se confondent.

The Inside Man- How are you gonna get out of this place? demande Denzel Washington en service.
- I'll walk through the door…" lui répond un Clive Owen invisible.
Chez Mc Teigue, un policier abattra instinctivement une victime innocente (mais qu'est-ce que l'innocence dans le scénario de Moore revu par les frères Warchowski?) en identifiant dans une brouillard artificiel (commun encore une fois aux deux films) le masque et la cape de criminel recherché.

A noter l'extraordinaire pari des acteurs dont les noms tiennent l'affiche (Clive Owen et Hugo Weaving) malgré l'absence intégrale dans V for Vendetta et presque systématique dans The inside man de leurs visages à l'écran; et dans le cas de Hugo Weaving, l'ironie toute warchowskienne d'avoir multiplié à l'infini les traits de l'acteur dans Matrix pour les ensevelir ici sous une peau brûlée affublée d'un masque sardonique qui en interdisent doublement et définitivement l'accès.

V for VendettaL'intelligence des deux scénarios, dont histoire et thématique sont à mille lieues les unes des autres, repose sur un timing parfait (horloges murales d'une banque chez Lee ou Big Ben monumental chez Mc Teigue) et sur l'assurance mythomane de leur héros : V ne doute pas un instant de la réussite de son entreprise, le film ne cherchera d'ailleurs pas à démonter un mécanisme trop bien rôdé, il en suivra au contraire pas à pas les étapes annoncées, allant même jusqu'à anticiper les scènes d'action, en bande-annonce du film au sein même du film (mise en abyme chère à Soderbergh, par exemple); idem chez Spike Lee où la déconstruction systématique de l'intrigue et sa chronologie malmenée répond, mais seulement en partie, aux questions du spectateur souvent bien avant qu'il ne se les soit formulées.

Fulgurantes démonstrations que la réussite d'un film, au-delà de son esthétique, de la qualité de ses acteurs (qu'elle soit financière ou artistique) et de la trépidance de son action, repose avant tout sur une écriture travaillée et précise, qui vient chercher le spectateur intelligent plutôt que de lui servir des effets de surprise qui, au bout du compte, ne surprennent plus personne.


  Laurent Herrou


    


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