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Shiri
Réalisé par Je-kyu Kang

Avec : Suk-kyu Han, Min-sik Choi, Yoon-jin Kim, Kang-ho Song
Durée : 2:04
Pays : Corée du Sud
Année : 1999
Web : Site Officiel
Près de trois ans après sa sortie en Corée, le public français a pu découvrir Shiri, un film de Kang Je-Kyu. Rencontrant immédiatement un succès historique en Corée, Shiri s'est hissé à la première place du box-office de tous les temps, détrônant la référence presque universelle Titanic.

Hee (Kim Yoon-Jin) est une mystérieuse jeune femme des services spéciaux nord-coréens. Surentraînée, tireur d'élite et assassin hors-pair, elle multiplie les meurtres d'hommes publics en Corée du Sud, et parvient toujours à disparaître, malgré la traque que mènent contre elle les agents sud-coréens. Parmi eux, Lee (Song Kang-Ho) et Ryu (Han Suk-Kyu) sont les meilleurs éléments. Lorsque après plusieurs années d'absence, Hee réapparaît à Séoul, ce sont eux qui sont chargés de l'appréhender. Hee et ses complices, dont Park (Choi Min-Sik), redoutable agent nord-coréen, parviennent pourtant à détourner une cargaison de CTX, un nouvel explosif particulièrement destructeur. Ayant caché du CTX un peu partout à Seoul, Park menace de tout faire sauter… Lee et Ryu parviendront-ils à mettre les terroristes hors d'état de nuire et à capturer Hee ?

Cela ressemble beaucoup à un film d'action de Hong Kong (par des fusillades remarquables) mais dont certains éléments seraient empruntés aux films d'action hollywoodiens (le film catastrophe mettant en scène des terroristes). Pourtant, le cœur même du film est coréen : il prend racine dans le drame d'un même peuple divisé depuis la fin de la deuxième guerre mondiale en deux nations, drame qui dans Shiri est développé en une histoire d'amour entre une Coréenne du Nord qui tient une boutique de poissons et un Coréen du Sud, Ryu. On pourra noter au passage que le shiri est un poisson exclusivement coréen, comme ce problème de division venu d'un autre âge, celui de la guerre froide américano-soviétique.

Certes, ce sujet n'est pas traité avec la sensibilité d'un Joint Security Area (de Park Chan-Wook, 2000). Shiri, rempli d'incohérences et de « ficelles » , n'en a pas la finesse. Mais il n'en reste pas moins un produit de cette tragique séparation.

On pourra reprocher par exemple que les terroristes nord-coréens sont caricaturaux. On a même peur un temps que le film tombe dans des clichés qui diaboliseraient le méchant Nord agressif voulant écraser le brave et invincible Sud pacifiste, dans un modèle manichéen proche de celui que nous sert le pire du cinéma Hollywoodien avec ses méchantissimes communistes / asiatiques / terroristes stéréotypés. Les toutes premières scènes du film, excessives, qui montrent un entraînement d'une violence rare, nourrissent cette crainte.

Mais Kang se rattrape plus particulièrement à la fin du film, avec cette formidable scène qui vient dissiper nos craintes. Park, dans une tirade remarquable, expose ses intentions et les ambitions qui motivent sa révolte. Ainsi, Park et Hee n'œuvrent pas pour le compte de la Corée du Nord, mais simplement pour l'unification de la Corée, contre la famine des enfants nord-coréens, et parce qu'ils en ont assez de ce que cinquante ans de diplomatie et de politiciens corrompus n'aient pas su effacer la ligne du 38è parallèle. C'est suffisamment original pour toucher, et c'est très bien joué. Cette scène contrebalance de manière heureuse l'agressivité des premières images. D'autant que le match de football final intervient dans un contexte de détente Nord-Sud.

Ainsi, les personnages, qui sont tout d'abord très inconsistants comme dans tout gros film d'action, ont ici tendance à s'affiner à mesure que l'intrigue rebondit — même si on reste toujours très loin du réalisme.

Le succès de Shiri et sa sortie en France rappellent la vitalité du cinéma asiatique, qui rencontre aujourd'hui un public de plus en plus large en occident. Il met aussi à nouveau l'industrie cinématographique de ce pays sous les feux de la rampe, un des rares pays à résister encore et toujours à l'envahisseur hollywoodien, grâce notamment à une loi sur les quotas (l'obligation pour les cinémas coréens de passer des films nationaux un certain nombre de jours par an) que les professionnels tentent de préserver contre les coups fourrés des accords économiques multilatéraux. Une histoire assez familière somme toute pour les défenseurs de « l'exception culturelle ».

Il reste que cette loi sur les quotas a le mérite d'assurer une part de marché honorable au cinéma national. Pour l'année 2001, exceptionnelle, la part de marché du cinéma coréen en Corée s'est élevée à 50% grâce à de vifs succès (dont Friend, nouveau succès historique en Corée, l'histoire de quatre amis d'enfance que l'âge adulte et le monde du crime vont opposer), un résultat comparable aux résultats du cinéma français en France sur la même période. Les détracteurs de cette loi lui reprochent de tirer vers le bas la qualité et la fréquentation, et donc l'économie. Mais il faut sans doute choisir entre la mort du cinéma national comme en Australie ou au Canada (2,5% de part de marché pour ce dernier pays) avec ses conséquences culturelles à long-terme, et les risques économiques liés au protectionnisme.

Shiri et ses frères montrent en tout cas que le cinéma coréen a un gros potentiel que, malgré les hauts et les bas, il faut cultiver, car il reste la meilleure arme contre les excès d'Hollywood ; et que les cinéastes coréens, dont Kang lui-même, doivent continuer à se battre comme ils l'ont fait par le passé, afin de ne pas laisser la mondialisation économique écraser le cinéma national, et préserver — un peu paradoxalement — la liberté de choix par la contrainte d'une loi anti-libérale.

C'est dans cette optique que, par exemple, ils avaient manifesté de manière spectaculaire en 1999 en se rasant le crâne, ou que cinq d'entre eux ont créé il y a quelques mois une société de production, EGG films. Nous leur souhaitons de persévérer — pour que chacun en Corée puisse encore bénéficier d'une alternative culturelle. Et pour qu'en France, on puisse voir davantage de films comme Shiri.

  Laurent Ziliani




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