Truands critique de Truands



 

 



critique de Truands

Truands

:. Réalisateur : Frédéric Schoendorffer
:. Acteurs : Philippe Caubère, Benoit Magimel
:. Scénario : Frédéric Schoendorffer, Yann Brion
:. Durée : 1:47
:. Année : 2006
:. Pays : France


Surfant sur un supposé renouveau du polar français, Truands veut poser un regard réaliste et violent sur le gangstérisme hexagonal. Mais ici le réalisme tient avant tout à une question de méthode, et très peu d'esthétique.

On sent bien chez Schoendorffer le souci de documenter son film dans ses moindres détails (le bruit des balles dans une fusillade) jusqu'à sceller toute ouverture scénaristique pour s'en tenir à cette seule démonstration que les gangsters sont des gens brutaux et sans honneur. Une histoire classique de conquête de pouvoir entre bandes rivales fournit ainsi le prétexte à des séquences censées illustrées les mœurs du milieu parisien dans le moindre détail : tortures, exploitation violente des femmes, avidité sans mesure et psychopathie généralisée sont donc au menu.

Il faut ici reconnaître au cinéaste un réel souci de la justesse de ce qu'il montre (nous sommes quand même loin de la pesanteur d'un 36, quai des Orfèvres fabuleusement alourdi par les clichés mythologiques qu'il semblait vouloir réactiver), et Schoendorffer sait aussi se montrer habile et efficace dans les attendues scènes d'action. Mais l'ensemble pêche par un défaut de cohérence qui finit par littéralement empêcher sa narration. Comment comprendre ainsi la place d'une séquence lourdement démonstrative voulant figurer un lien entre gangstérisme et islamisation des banlieues ? Pas un enjeu pour la soutenir, ni un fil narratif pour la justifier, n'y surnage qu'une idée plaquée sur le scénario. C'est que le réalisateur semble comme emporté par sa matière documentaire qu'il n'arrive pas à transformer en séquence cinématographique autrement que par une parade esthétisante.

Mais là où un Michael Mann - évidente influence ici - sait tirer son cinéma vers un théâtre abstrait de lumières, Schoendorffer en reste à des images purement illustratives faisant appel à quelques grandes figures du genre où Caubère fait son Pacino et Magimel son samouraï.

Moins un défaut de fabrication que de conception, Truands semble vouloir tirer plusieurs fils à la fois et laisse au final un goût d'inachevé. C'est là la malédiction d'un cinéma français qui ne sait pas aborder le genre avec l'humilité qu'il exige.


  Guillaume Orignac


    


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