The CellThe Cell Critique du film






The Cell













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The Cell
Réalisé par Tarsem

Si The Cell a l'armature conventionnelle du genre "tueurs en série" auquel il appartient, ce n'est que pour renforcer l'importance de scènes psychologiques aux portes du surréalisme.

Le film de Tarsem démarre sur les fondations du genre. Un tueur en série (Vincent D'Onofrio) kidnappe des femmes et les enferme dans une cellule isolée, sorte d'aquarium qui se remplit d'eau graduellement sous l'oeil d'une caméra. Un agent du FBI (Vince Vaughn) est à ses trousses. Mais là où ce type de films tourne généralement à la chasse à l'homme, The Cell prend une autre direction. Découvert rapidement mais dans le coma, le criminel cache une dernière victime que la police doit sauver au plus vite. Le FBI fait donc appel à une psychologue pour enfants (Jennifer Lopez) qui grace à une technologie avancée peut entrer dans l'esprit de ses patients. Catherine Deane aura donc pour tâche d'entrer dans l'esprit du tueur à la recherche de son ultime victime.

A partir de ce moment, le film met en parallèle deux histoires ou dimensions complémentaires: l'imaginaire qui hante l'esprit du tueur et la réalité (une course contre la montre pour sauver la victime). La réussite du film réside dans un scénario parfaitement ciselé qui emploie le "symbolique" comme clé des énigmes qu'il pose. The Cell est donc loin d'être un film visuel et sans substance comme on peut l'entendre dire ça et là. Bien au contraire, le visuel est au service d'un symbolisme qui n'échappera qu' à ceux qui n'effleureront que le premier degré de ces belles images.

Dans la scène d'ouverture, Lopez, toute vêtue de blanc, est à cheval en plein désert. Elle quitte sa monture qui se transforme en pion d'échiquier pour rejoindre un enfant prés d'un bateau échoué dans le sable. L'enfant est farouche et fuit la psychologue. Lopez est en fait dans l'esprit de son jeune patient, tentant de l'approcher pour soigner son autisme. Le désert symbolise l'isolement de cet enfant du monde. Il ne peut communiquer et les traces circulaires du sable créent une spirale à l'intérieur de laquelle il est prisonnier. Le bateau échoué dans le sable renvoie au bateau du Fitzcarraldo de Werner Herzog et son rêve fou de déplacer des montagnes. Le film débute donc sur le constat pessimiste que le garçon n'a que peu de chance de sortie de cet état.

A l'apparente tranquilité de l'esprit de l'enfant s'oppose la vision cauchemardesque de celui du kidnappeur Carl Stargher. Là oú le désert, la lumière éclatante et la robe blanche de mariée de Catherine symbolisaient l'innocence et la pureté de l'enfant, des couloirs lugubres, des rencontres menaçantes et les combinaisons sado-masochistes de Lopez représentent l'esprit hostile, la torture permanente et les pulsions malsaines de Stargher. C'est là que le talent du réalisateur intervient. Il réussit à mettre en image l'horreur de l'esprit du tueur à travers un visuel certes artistique, mais surtout à forte dimension symbolique. Les images de Tarsem, réalisateur de pubs et de vidéo-clips (Levi's, "Losing My religion" pour REM) sont d'un grand esthétisme, dans la beauté comme dans l'horreur. Son style dont on pouvait avoir un aperçu dans la fameuse vidéo de REM allie l'imagerie industrielle d'un Nine Inch Nails au surréalisme, avec une dose de kitsch (entre le couturier Jean-Paul Gaultier et les photographes Pierre & Gilles). Les symboles empruntent donc fortement aux peintures des surréalistes, Salvador Dali et Max Ernst en particulier, mais aussi à l'imaginaire de David Lynch et à la religion. On remarquera entre autre l'omni-présence des animaux au milieu de décors infinis, un thème cher aux surréalistes ainsi que la présence de personnages difformes et salles claustrophobiques rappelant la série Twin Peaks. Ainsi la psychologue Catherine Deane sera confrontée à un Carl Stargher encore enfant et innocent (encore autre parallèle avec le garçon autiste) en proie au Stargher adulte qui prend une forme diabolique. Tous ces éléments n'ont qu'un but, celui de représenter l'état de torture dans lequel le personnage de D'Onofrio se trouve, l'enfer des dâmnés (autre allusion au Jardin des Délices du peintre Hieronymus Bosch ).

Dans une scène-clé, Lopez entre en contact avec le jeune Stargher caché derrière un cheval qui le protège. Ce cheval, symbole de liberté et de sexualité non seulement pour les surréalistes mais aussi à travers l'histoire de l'humanité, est soudainement découpé en tranches par des pans de glace. Plus qu'une vulgaire pièce de boucherie, ce cheval en tranches reflète l'éclatement des symboles qu'il véhicule, dans la tête de Stargher. La liberté est hors d'atteinte pour le garçon, alors que dans le cas de l'enfant autiste, le cheval comme le bateau laissent entrevoir l'espoir d'un échappatoire. Dans le monde de Stargher, le cheval est découpé en morceaux et les femmes qu'il tue ressemblent à des automates qu'il peut contrôler. Ni le cheval, ni les femmes ont la possibilité d'exister dans leur véritable et libre nature.

Cette torture mentale qui l'affecte est d'ailleurs si forte qu'elle trouve une représentation physique dans les malaises qu'il endure. Cette souffrance, plus qu'une allégorie du mal qu'il porte en lui, est aussi une punition divine. Il doit souffrir pour ses péchés, et il le sait. D'oú le cérémonial sadique, auquel il se livre et la présence de boucles métalliques accrochées à son dos. Suspendu à des chaînes au dessus du cadavre de sa victime, il accède à une sorte d'orgasme. Sa position suspendue et la souffrance des boucles plantées dans sa chair symbolisent la crucifixion et les stigmates du Christ. A son image, cette crucifixion engendrera la résurrection. En effet, bien que les actes de Stargher soient monstrueux, ils ont dans son esprit un but salutaire. Le tueur est une sorte d'eunuque traumatisé par un autre monstre, son père. Il est asexué car afin de renier les hommes et leur monstruosité. Il kidnappe ainsi les femmes, seuls êtres purs à ses yeux, afin de les sauver des hommes. C'est aussi pour cela qu'il les tue avec l'eau, élement dans lequel il avait été plongé pour son baptême et donc symbole de pureté. Dans un but de purification identique, les cadavres seront blanchis.

Stargher absorbe donc tous les péchés de son père, et de l'homme en général. Tout comme le Christ, il se sacrifie dans une ultime crucifixion.

L'intervention de la vierge "Lopez" qui, lui apporte résurrection et rédemption à la fin, est une conclusion logique. Le rôle divin de Lopez est d'ailleurs confirmé par sa position dans la machine. Elle est suspendue, face au ciel et donc vers le paradis, alors que D'Onofrio est lui suspendu face au sol et donc vers l'enfer.

Si cette conclusion est logique, on aurait tort d'y voir un quelconque message. Le film, bien qu' apportant rédemption au personnage, ne l'excuse pas pour autant. Comme le personnage de Vaughn le mentionne "tout enfant battu ne grandit pas forcément en monstre", une phrase qui résonne d'une expérience personnelle douloureuse.

Le film peut alors refermer sa boucle et revenir à l'enfant du début. Catherine Deane a maintenant la force et l'expérience nécessaires à son sauvetage de ce désert "de l'expression". Elle crée un passage solide jusqu' au garçon (symbolisé par les deux extrêmités de sa robe liées aux arbres) et peut ainsi accéder à la maquette du bateau, la sortir du sable et la mettre dans l'arbre. L'enfant quitte alors son "enlisement dans l'incommunicabilité" pour retrouver le monde. The Cell peut se conclure.

Quant au film en lui-même? Tarsem utilise des couleurs saturées ou trés vives pour contraster entre le bien et le mal. Sa réalisation maniérée et stylisée est une réussite esthétique. Les acteurs eux, sont en demi-teinte. Ils ne sont de toute façon que des pions au milieu de ces images artistiques à forte valeur symbolique. Jennifer Lopez n'est ni Jody Foster ni Julianne Moore (ce qui aurait été un peu trop évident), mais entre bien dans ses combinaisons de latex tout en apportant une certaine douceur à son rôle, tandis que Vincent D'Onofrio n'a que peu de temps à l'écran et que Vince Vaugn manque de poigne pour un agent du FBI.

The Cell est un film original, astucieux et bien maîtrisé dans lequel il est facile de se laisser enfermer pour peu qu'on lui accorde l'attention soutenue qu'il mérite.

  Fred Thom




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