Avec : Ziyi Zhang, Liu Ye, Feng Yuanzheng, Toru Nakamura Scénario : Lou Ye Titre Original : Purple Butterfly Durée : 2:05 Pays: Chine Année : 2003 Site Officiel : Purple Butterfly

L'amour dans la tourmente de l'histoire. Mandchourie, années 30 : le Japon occupe le pays. Un groupe de résistants chinois lutte contre l'oppresseur nippon. Bientôt, cette organisation, connue sous le nom de Purple Butterfly, fomente l'assassinat d'un haut dignitaire japonais.

Lou Ye, dont c'est la première réalisation officielle en Chine, après le très remarqué Suzhou River (2000), livre une œuvre stylisée, à la structure temporelle éclatée, loin de la reconstitution historique sépia. Sur un motif classique, qui appellerait une réalisation orthodoxe, Lou Ye explore d'autres champs, s'essaye à l'expérimentation formelle : ruptures de tons, brutalité des mouvements de caméra, juxtaposition de grands pans temporels disjoints, tous ces éléments concourent à la sophistication artificieuse du film.

Secoué par de brusques effusions de violence, le film revendique pleinement son appartenance au cinéma contemporain. La séquence nodale de la gare, où s'opposent Chinois et Japonais, surprend par son découpage saccadé et ses plans resserrés d'une grande force visuelle.

D'ailleurs, cette scène pivot structure le récit de bout en bout. Le destin de chacun des protagonistes se joue à ce moment clé. Lou Ye revient sur cette scène primitive, après la disparition de chacun des membres de l'organisation. Cette boucle temporelle vise à rendre palpable et vibrant le sentiment de fatalité. En effet, les personnages ignorent qu'ils vont sceller leur destin dans cette gare. Lou Ye accorde au spectateur une longueur d'avance sur la tragédie qui s'enclenche inexorablement.

Lou Ye prend le parti pris d'une esthétisation excessive. Le soin scrupuleux apporté à la réalisation édulcore son impact émotionnel. Purple Butterfly se délite peu à peu sous nos yeux, au même titre que se désagrège progressivement l'organisation et l'amour tragique des jeunes gens. Le film se clôt sur d'éprouvantes images d'époque. Ce retour de l'archive, dans un film qui a revendiqué sa singularité formelle de bout en bout, invalide la démarche de son auteur.

Récit de résistance, Purple Butterfly, vaut essentiellement pour l'interprétation sans faille de ses interprètes, la somptueuse Zhang Ziyi en tête.

  Sandrine Marques