Parle Avec Elle filmParle Avec Elle Critique du film






Parle Avec Elle













        :: Les Sorties
     :: Sur les Ecrans
     :: Agenda Sorties
     :: Sorties DVD
     :: Guide Previews
     :: Archive Critiques

<-- AdButler 120x90 Code was here -->

Gratuit - Les nouvelles critiques par e-mail
 
Powered by YourMailinglistProvider


Parle Avec Elle
Réalisé par Pedro Almodóvar

Avec : Benigno Javier Cámara, Marco Darío Grandinetti, Alicia Leonor Watling, Lydia Rosario Flores
Durée : 1:52
Pays : Espagne
Année : 2001
Hable con ella (Parle avec elle), cette phrase qui résonne comme une injonction prononcée par Benigno à Marco. Il lui conseille de parler avec " elle " Lydia. Lydia, " torero " amante de Marco (écrivain) gît sur son lit d'hôpital, de la même manière qu'Alicia reste enfermée dans son coma malgré les efforts de Benigno.

On le sait, Almodovar atténue (parfois à l'extrême) les différences existantes entre les deux sexes. Cela se retrouve parfaitement dans son dernier film : Parle avec elle où Marco pleure facilement, Lydia a un corps sculpté de manière masculine, autant d'hommes que de femmes sont présents aux cours de danse… A partir de cette conception de l'humanité qui suppose une abolition de la frontière délimitant les différences intrinsèques aux sexes, il ne peut en surgir qu'un récit alambiqué. Ainsi, Hable con ella s'impose d'emblée comme une œuvre non consensuelle, intrigante, délivrant un discours étonnement personnel et pourtant si universel.

Une certaine conception des rapports liant les êtres humains ressort du film. Il pourrait d'ailleurs se poser en œuvre " anti-porno ". En effet, alors que le porno filme cliniquement l'acte le plus intime et sensuel qui soit, le personnage de Benigno apporte le sexe dans le milieu hospitalier, la démarche inverse donc. Parle avec elle prend également le contre pied du porno étant donné l'importance qu'il donne à la parole, bien loin des injonctions dominatrices proférées par les mâles dans les films X à leur partenaire, Parle avec elle sous-entend implicitement, un dialogue avec elle, la femme, mais aussi elle, la mort.

Une dimension philosophique s'ouvre alors au film, avec toutes les complications, contradictions et enchevêtrements que cela implique. Des recoupements, à l'image du film dans le film : L'amant qui rétrécit, court métrage muet en noir et blanc, vu et raconté par Benigno à Alicia. On y voit un homme ingurgitant une potion confectionnée par sa femme (et ce malgré son avertissement sur les effets possibles), rétrécissant jusqu'à n'être pas plus grand qu'un doigt. Cette mise en abîme du cinéma est extrêmement riche en sens, de par sa présence même, mais également par les plans symboliques que le film muet propose. En plus de la réflexion qu'il propose sur le cinéma (et l'importance du jeu : regardé / regardant, le lien de cause à effet que cela entraîne), ce petit film montre l'incroyable dépendance de l'homme vis à vis de sa femme, sa petitesse face à elle, et cela malgré sa présence pourtant nécessaire.

Cependant, Parle avec elle n'est pas une démonstration des rapports entre dominants et dominés, de part la non-différenciation qui est faite entre les sexes. Ainsi la survie n'est possible que si l'autre est présent, mais aussi si un dialogue (même à sens unique) existe. Par la conversation peut également naître une assimilation entres deux personnes : un discours peut rassembler. Marco et Benigno pourraient ne faire qu'un, comme le révèle un plan qui montre leurs visages se confondant dans des reflets provoqués par des vitres. Si on ajoute à cela l'intrusion par le vagin de la femme de l'homme minuscule dans le film muet (ce qui poursuit également le parallèle avec le porno, ce court métrage en étant un pastiche), il s'en dégage une certaine idée de l'importance de la parole. Ainsi, sans dialogue (muet oblige), l'un subi inévitablement l'autre, alors qu'avec, malgré une opposition inhérente aux rapports humains, une certaine empathie peut surgir.

Un éloge de la parole visant à lui donner un rôle parfois réconfortant, rassembleur, suscitant le désir ou la peur, et surtout englobant. Le dialogue conditionne les rapports humains. En plus de permettre le débat d'idées, il aide à la construction et à la sauvegarde d'une relation. Ainsi, il n'est pas que garant des échanges purement intellectuels, mais aussi émotionnels.

En élaguant ses personnages, Almodovar ne se sert que des parties de leur personnalité servant le récit, et il permet donc à celui ci d'être pile au centre du sujet. A cela s'ajoute une aisance remarquable avec la chronologie donnant un style coulé à la narration malgré la richesse et l'émotion dégagé par le récit. J'en profite pour saluer le choix de tourner en cinémascope, un format que beaucoup délaissent aujourd'hui au profit d'un 16/9 rendant la mise en scène bien moins complexe. Le type de cadrage qu'impose le cinémascope entraîne une rigueur d'autant plus grande qui sied parfaitement à Almodovar, perfectionniste comme il est. Mais la plus grande force du film est de fournir un discours universel, dans lequel chacun peut se retrouver, mais marqué et influencé par une culture pourtant forte (présence de la tauromachie par exemple) : n'est ce pas ce que la mondialisation des œuvres (leur exposition planétaire) peut fournir de mieux ?

  François Quil

     La peau que j'habite
     Etreintes Brisées
     Volver
     La mauvaise éducation






| Info Plume Noire | Contacts | Publicité | Soumettre pour critique |
| Rejoignez-Nous! | Chiffres-clés | Boutique | Mailing List | Charte |

Copyright ©1998-2006 LA PLUME NOIRE Tous droits réservés.


Parle Avec Elle

Like Us On Facebook