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Palindromes













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Palindromes
Réalisé par Todd Solondz

Avec : Ellen Barkin, Shayna Levine, Richard Masur, John Gemberling
Scénario : Todd Solondz
Titre Original : Palindromes
Durée : 1:40
Pays : USA
Année : 2005
Aviva Victor, fille unique d'une famille libérale de la côte Est, veut à tout prix être maman. Le problème est que cette idée entêtante l'assaille à seulement 12 ans juste après l'enterrement de sa cousine. Patientant quelques années elle réussit finalement à tomber enceinte. Mais ses parents ne l'entendent pas ainsi et la force à un avortement rapide. Malheureusement l'intervention tourne mal et l'adolescente se retrouve stérile. Incapable de gérer ce traumatisme elle s'élance sur les routes perverses et ignobles de l'Amérique profonde. Dérivant paisiblement entre troubles, dogmes, hypocrisie et ignominies, Aviva — l'un des plus fameux Palindromes esquissé par le titre — entreprend de fusionner les diverses et fractales personnalités qui composent sa conscience issante.

Depuis Bienvenue Dans L'Âge Ingrat, le féroce pamphlétaire qu'est Todd Solondz s'évertue à jeter de manière consciencieuse et régulière une dose de vitriol salvatrice sur les déviances moralisatrices ou libertaires qui agitent notre société moderne. Sans cesse sur le fil du rasoir le magnifique Happiness et le bancal Storytelling nous plongeaient dans une tristesse lucide étendant ses racines dans le noyau familial, amnios fertile et névrosé d'une solitude accablante. Palindromes se pose comme l'aboutissement du système déglingué, virtuose et sadique de l'auteur en sarclant de manière pragmatique le terreau ambigu de ses préoccupations.

D'un point de vue purement technique son nouveau long métrage est certainement le plus maîtrisé. Que ce soit son montage acéré, son mélange de régime d'images (cartons titre et scène originelle de l'oraison funèbre) sa durée parfaite ou l'artifice — que certains diront buñuelien — consistant à utiliser plus d'une dizaine d'actrices de tous âges et toutes corpulences pour incarner Aviva — dont la magistrale et blafarde Jennifer Jason Leigh —, l'ensemble des composantes de la création concourent à son exceptionnelle acuité. A la fois subtilement épuré et taraudé par l'angoisse protéiforme de l'incarnation, le film séduit par son extraordinaire capacité à préserver sa cohérence et son évidence à chaque nouvelle apparition. Difficile d'accès, encombré de quelques références ou parfois trop féroce pour fournir l'espace chaleureux que réclame la véracité profonde des personnages, le flux nous emporte néanmoins dans les confins d'un pessimisme troublant où les conventions narratives implosent avec bonheur. Le cinéaste se permettant même quelques incartades lunaires par son clin d'œil à Mark Twain, son final et sa mélopée lancinante ou ses plans de coupe étonnamment consistants. Naviguant de figure de style en dialogue cruel, entre concept et dispositif — ou plutôt action (avortement) et réaction (fuite et vengeance sanguinaire) — la partition livrée se révèle décantée du moindre pathos (décors et couleurs lourds de sens d'Happiness) et loin de s'assagir se focalise sur le centre nerveux de sa rage satirique.

Ainsi ce voyage — qui n'a d'initiatique que le nom — nous emporte insidieusement en épousant la dérive sociétale des mœurs et des valeurs. Comme souvent chez l'incisif Todd Solondz la porte d'entrée est immanquablement la fausse naïveté teintée d'une forte dose d'égoïsme. Ici, une enfant qui fond en larmes — supplique pathétique — dans les bras de sa mère et dons la seule préoccupation est de mettre au monde un maximum d'enfants " pour avoir toujours quelqu'un à aimer ", entendez le corollaire : pour avoir toujours quelqu'un qui devra m'aimer. Pourtant, Aviva élude diligemment toute connotation sexuelle de la fécondation et, ce faisant, précipite son monde de conte de fées dans les affres sidérants de la morale moderne. Lewis Carroll ou Le Magicien D'Oz sont passés au filtre trash façon MTV (la chorale iconoclaste des Sunshine ou la pédophilie ambiante) et à force de vouloir se voiler la face la moindre once d'innocence disparaît au profit des maximes tranchantes de Peter Paul sur une décharge de fœtus ou de la confession sans appel de Mark accusé de pédophilie : " on ne change pas ", tous deux clones à peine voilés du cinéaste. Curieuse conclusion que ce palindrome cinglant pour un road movie puisqu'il stigmatise la disparition de l'horizon de l'existence dans le processus de construction d'une psyché. L'inanité du mouvement dans un territoire oxymoron (exigu et vaste) est une sensation qui affleure dans les réalisations des jeunes auteurs américains depuis quelques années et qui voyait son apothéose dans la récente Vie Aquatique de Wes Anderson. A force de rabâchage chronique le rêve yankee a perdu de sa substance et de sa superbe. Privés de raison les hères qui le peuplent arborent un sourire désincarné et se réfugie dans le fanatisme ou la transgression. Amours, croyances et réflexions se voient frappé d'infamie ou de fatalisme spectral. Comment ne pas rire jaune autour de la table des Sunshine, famille grégaire et dévote du sud — façon O'Brother — qui pour accéder au statut de bons chrétiens se croient obligés de sauver les enfants les plus déshérités possibles, cumulant un maximum d'handicaps — que l'on convoque à loisirs devant les étrangers — mais incapable de supporter d'héberger une enfant prostituée. La clairvoyance de l'auteur sur nos comportements mesquins et bien-pensants se trouve décuplée par cette inquiétude sourde de la projection de l'image. Qu'importe qui l'on est au plus profond de soi lorsque l'on s'abandonne à ses pulsions, il convient de recourir à des dehors policés.

Dans les œuvres précédentes du cinéaste, les situations et les protagonistes enchâssaient le vide, retenaient les excès d'ambiguïté naissant du décalage ou de la marge tandis que dans cet opus il décide de retenir avec plus d'insistance " la cause du mouvement qui est déjà dans le corps ". Si la dualité habite la scène, c'est le vertige qui est au centre du discours, et la scansion très légèrement dissonante d'Ellen Barkin nous propulse rapidement dans l'immanence au dépend d'une certaine transcendance.

Le voyage circulaire d'Aviva, d'un enterrement à un deuil refoulé dans l'extase, induit une inquiétante étrangeté pratiquement lynchienne qui baigne le propos : et si toute l'aventure était en germe dans les images filmées au caméscope qui ouvrent le bal ? Et si, pour reprendre la phrase de l'héroïne, c'était maintenant que nous étions heureux sans nous en rendre compte, à l'apogée d'un périple édifiant et indispensable.

  Frédéric Flament

     Happiness





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