Avec : Thaïs Valdes Nacho Lugo, Daisy Granados, Paula Ali Durée : 1:42 Pays : Cuba Année : 2001

Cuba n'avait pas eu de film présenté à Cannes depuis 1972. C'est la Quinzaine des réalisateurs qui accueille ce retour sur la Croisette. Une comédie sentimentale qui ne laissera pas un souvenir impérissable mais qui mérite le détour pour sa fraîcheur altruiste.

Lors de la présentation de Nada+ (Rien) à la Quinzaine des réalisateurs, le réalisateur a annoncé la couleur de l'état d'esprit de son film en amusant la galerie avec un naturel et une bonne humeur communicative. Sur le podium, il a installé le dieu des chemins emporté dans ses valises, avant de se faire prendre en photo avec le public dans son dos, « pour prouver à [sa] mère [qu'il était] vraiment à Cannes » (sic). Avant le début de la projection, il terminait en demandant qu public de ne rien dire, au cas où il n'aimerait pas le film, car « c'est exactement ce qu'[il] lui offre : rien. »

Carla Perez travaille dans un bureau de poste. Ses parents, émigrés aux Etats-Unis, l'ont inscrite à la fameuse loterie annuelle permettant de décrocher la précieuse carte verte, Sésame pour le pays de tous les rêves. En attendant le tirage, elle intercepte les lettres de ses concitoyens et s'amuse à les réécrire en les embellissant.

A partir de ce postulat, Nada+ aligne des portraits truculents mis en scène dans des situations burlesques où la caricature s'en donne à cœur joie. De la voisine bavarde qui s'invite à toute heure chez elle, au présentateur TV raté, en passant par la directrice du bureau de poste, véritable marâtre suspicieuse. Tout ce beau monde se côtoie dans un hymne à l'altruisme et à la solidarité. « Quand tu es seul, personne ne te dit au revoir », prétend le petit ami de Carla, qui lui répond : « je veux t'écrire pour te dire bonjour. » Au loin se dresse la statue de la Liberté. Mais Nada+ affirme avec optimisme que la vie peut être agréable à ceux qui s'entraident.

Un discours somme toute peu original, mais délivré par des personnages attachants et une mise en scène inventive : un noir et blanc avec incrustations directe de couleurs sur la pellicule, à l'image de la vie à Cuba telle que Juan Carlos Cremata Malberti nous la décrit.

Le dilemme auquel se confronte Carla à la fin du film reste au cœur des préoccupations des Cubains : partir ou rester et tenter de changer le cours des choses. Un éternel débat dans la société castriste proposé avec le sourire.

  Moland Fengkov