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Carnets de Voyage













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Carnets de Voyage
Réalisé par Walter Salles

Avec : Gael Garcia Bernal, Mia Maestro, Jaime Azócar, Rodrigo De la Serna
Scénario : Alberto Granado, Ché Guevara
Titre Original : The Motorcycle Diaries
Durée : 1:55
Pays: G.B.
Année : 2004
Site Officiel : Carnets de Voyage
Le Che en routard. Ou comment Carnets de Voyage, de Walter Salles, montre une icône de la Révolution avant qu'elle ne la devienne. Loin de prétendre à l'hagiographie pure et simple, encore moins de montrer que derrière ce visage étalé sur les T-shirts ou les posters des rebelles du monde entier, se cache un homme, dans toute sa simplicité et son honnêteté, le film du brésilien raconte l'histoire d'un voyage initiatique universel, qui aurait très bien pu mettre en scène d'autres héros. Plus qu'un hymne au Che, Carnets de Voyage chante le voyage, la découverte du monde et d'autrui, en d'autres termes, la curiosité. Mais pas seulement : le film porte un regard plein de tendresse sur un continent qui a su garder une part de son authenticité, de son identité.

Buenos Aires, janvier 1952 : Ernesto Guevara, étudiant en médecine, et son ami Alberto Granado, biochimiste, partent à la découverte de leur continent, sur une vieille moto qu'ils baptisent la « Poderosa » (la Vigoureuse). Carnets de Voyage s'ouvre sur une sorte de précaution à ceux qui s'attendent à voir un portrait du Che : ici, pas de récit exceptionnel, juste deux êtres sur la route. D'emblée, les premiers plans donnent le ton. Le projet de ce voyage de plusieurs mois semble venir d'une longue réflexion, d'un désir lointain, mais ne s'embarrasse pas d'une organisation stricte. En voix off, le personnage d'Ernesto le présente : 4000 kilomètres parcourus en quatre mois ; méthode : l'improvisation ; équipement : une Norton 500 de 1939 ; but : arriver à la pointe du continent sud-américain avant les trente ans du pilote ; itinéraire, présentation des deux participants, qui ont pour point commun un esprit rêveur et une curiosité pour les choses, etc.

Inspiré des carnets de route du Che, croisés avec le livre de Granado (Con el Che por Sudamerica), aujourd'hui âgé de 82 ans, qui a accompagné l'équipe sur le tournage, le long du même itinéraire suivi par les deux hommes à l'époque, Carnets de Voyage s'attache à montrer, par petites touches, comment ces deux jeunes ont découvert un sens à leur vie, au gré des rencontres, non seulement avec les autochtones, mais aussi avec la nature et avec une certaine réalité sociopolitique, encore d'actualité, car la plupart des problèmes structurels et sociaux qui les avaient alors frappés n'ont toujours pas été résolus, à l'heure du modernisme. Ce qui confère à ce récit un caractère contemporain. Très vite, le mythe du Che s'efface derrière une humanisation du personnage. Calme et timide, piètre danseur, asthmatique, mais avant tout proche de son prochain, et sensible aux injustices qu'il lui est donné de découvrir, Ernesto apparaît comme un jeune homme sincère et plein de vie, à l'instar de son compagnon de route, Alberto, plus hâbleur, roublard et volontiers séducteur. Teinté d'humour, le film montre deux hommes issus de la bourgeoisie, mais qui refusent au cours de leur voyage, de fréquenter ces milieux, leur préférant les gens simples. Quelques extraits des lettres du Che adressées à sa mère illustrent ses impressions et sa sensibilité face au monde qui se déploie sous ses yeux. On y découvre les questionnements qui se bousculent alors dans son esprit, et l'émergence d'un esprit panaméricain, rêvant d'une unité entre les peuples.

Le film fonctionne tout particulièrement lors de ces scènes proches du documentaire dans lesquelles les personnages discutent avec les habitants, notamment dans cette séquence où ils se partagent des feuilles de coca ou lors de cette visite d'un marché. Toujours discret, l'embryon d'un esprit révolutionnaire sourd sous l'émerveillement inhérent au voyage. Ernesto se demande comment une révolution pourrait-elle être menée sans la prise des armes. En chemin, le sort des Indiens jetés sur la route ou chassés de leurs terres, rappelant les photos de Sebastian Salgado ou celles de Martin Chambi, exacerbe son esprit de révolte. Ernesto raconte à sa mère qu'il vécut une nuit froide auprès d'un jeune couple déshérité, mais que cette nuit lui permit de se rapprocher de l'espèce humaine. D'ailleurs, il leur offrira les 15 dollars que sa petite amie lui avait confié pour lui acheter un maillot de bain. Après les interrogations, quelques événements lui donnent l'occasion de passer directement à l'action, comme dans cette scène où il prend parti pour des mineurs venus chercher du travail. Les nombreuses chutes en moto sont autant de métaphores de cet apprentissage de la vie. On se relève avant de poursuivre sa route, et lorsque le véhicule rend l'âme, on poursuit tant bien que mal son voyage, en stop ou à pied. Quoi qu'il arrive, on ne baisse pas les bras et on garde le cap.

La dernière partie du film se déroulant dans la léproserie où les deux amis passèrent trois semaines à aider les médecins et sœurs, donne l'occasion d'affirmer le caractère du futur révolutionnaire. D'emblée, Ernesto déroge au règlement en refusant de porter des gants pur toucher les malades. Le soir de son anniversaire, il se lance dans un discours politique, son premier, puis traverse à la nage le fleuve qui sépare les malades des bien portants, unifiant symboliquement les deux rives. Pour le reste, Carnets de Voyage reste un film dont la mise en scène, somme toute classique, laisse la part belle à ses personnages. L'une des images les plus fortes restera néanmoins la dernière, où le véritable Granado salue un avion qui prend son envol.

  Moland Fengkov





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