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Les Invasions Barbares













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Les Invasions Barbares
Réalisé par Denys Arcand

Avec : Remy Girard, Stéphane Rousseau, Dorothee Berryman, Louise Portal
Scénario : Denys Arcand
Durée : 1:52
Pays : France, Canada
Année : 2003
Seize ans après Le déclin de l'empire américain, premier film québécois à attirer les foules à l'intérieur de ses frontières et par-delà les océans, Denys Arcand retrouve ses personnages dans les Invasions barbares, réunis autour d'un drame où bonne humeur, cynisme et chaleur, se moquent de l'ombre de la mort. Sensible et truculent.

Rémy, vieil universitaire libertaire et libertin, en phase terminale, vit ses derniers jours dans un hôpital de Montréal, autour de tous ceux qui l'ont un jour aimé : son ex-femme, son fils Sébastien, ses amis érudits et ses plus fidèles maîtresses. L'occasion de faire le point sur chacun et sur le monde. Que sont-ils devenus à l'heure des « invasions barbares », dont la plus traumatisante restera longtemps frappée du sceau de trois chiffres : 9.11 ?

Les Invasions barbares est avant tout une réflexion sur notre époque, celle de l'Occident, avec à sa tête les maîtres incontestés du monde : les américains. Avec un cynisme irrévérencieux à souhait, Arcand s'en prend joyeusement à cet empire. Symptôme : malgré la promesse d'y être soigné avec du matériel plus sophistiqué, Rémy refuse catégoriquement de se déplacer jusqu'au pays voisin. Seule concession : s'y rendre avec son fils pour y subir une séance de scanner. A leur arrivée, leur impertinence se résume en deux formules adressées à l'infirmière venue les accueillir : « Bless the Lord » ; « Alléluia ».

On le comprend dès le début du film, les dialogues fourmillent de formules au ton léger mais pleines d'esprit. Lorsque les protagonistes ne se lancent pas dans des théories savantes, à grands renforts de citations et de références littéraires ou historiques (dans le désordre, Dante, Montaigne, Cioran, Primo Lévi, Soljenitsyne, etc.), les proverbes fusent et font mouche, titillant les zygomatiques du spectateur qui se sent alors comme admis dans un cercle de joyeux épicuriens. Parmi la pléthore de traits d'esprit, cette maxime illustrant la virée aux Etats-Unis : « Noël au scanner, Pâques au cimetière. » Simple, efficace.

De discussions en débats, les personnages invitent le spectateur à réfléchir sur les rapports qu'entretiennent les événements contemporains avec les idées et les faits du passé. Rémy, au cours d'une conversation avec une infirmière, compare le nombre de victimes tombées sous les coups des américains et des conquistadors, au XVIe siècle, avec celles dénombrées au XXe. Et de s'émerveiller de l'efficacité des moyens de destruction de l'époque : « 200 millions de morts. Et tout ça sans bombes ! » Mais le réalisateur ne vise pas seulement les maîtres du monde. Dans une scène où les comparses dressent la liste de tous les mouvements en « -isme » auxquels ils ont un jour adhéré (structuralisme, nihilisme, marxisme, etc.), le crétinisme y compris, ils glissent une pique contre l'administration italienne de Berlusconi.

La religion, l'administration en général, avec ses procédures kafkaïennes, en prennent également pour leur grade. Toujours avec un humour d'une finesse exquise, nos trublions déversent avec volupté leur bile sur des intellos de salon comme Sollers, ou se moquent de politiciens comme le président français Félix Faure, qui, selon la rumeur, passa de vie à trépas alors que sa maîtresse lui offrait une gâterie : « il voulut être César, il ne fut que Pompée. Et sa maîtresse fut surnommée pompe funèbre. » La liste pourrait s'allonger, mais ce serait gâcher le plaisir du spectateur.

Si cet humour et cette bonne humeur d'une intelligence rare accompagnent tout le film, ils ne représentent pourtant pas ses seuls atouts. L'intrigue principale, grave, porte sur les derniers jours d'un condamné à mort. Pourtant, Arcand parvient à éviter l'écueil du pathos. L'énergie que déploie le fils de Rémy pour bousculer le système et pour adoucir les épreuves qui attendent son père, occasionne à l'écran quelques moments de pure comédie. Servi par une excellente interprétation et des dialogues soignés, le film traîne une mélancolie et une nostalgie émouvantes, en prenant le temps de lui accorder des plages de contemplation, humbles et discrètes, savamment insérées entre les conversations animées. Jamais agressif, le propos se montre dosé, et Arcand laisse la tendresse s'exprimer.

  Moland Fengkov





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