Les Filles Du Botaniste movie review DVD critique de Les Filles Du Botaniste



 

 



Les Filles Du Botaniste review

Les Filles Du Botaniste

:. Réalisateur : Daï Sijie
:. Acteurs : Mylène Jampanoï, Li Xiaoran
:. Scénario : Daï Sijie, Nadine Perront
:. Titre Original : Les Filles Du Botaniste
:. Durée : 1 :45
:. Année : 2006
:. Pays : France, Chine


Min Li, jeune métisse sino-russe orpheline à la suite d'un tremblement de terre, voit sa vie chavirer lorsqu'elle obtient un stage chez un botaniste de renom. L'érudit Mr. Chen, despotique et intransigeant, n'a guère d'ambition scientifique pour cette pauvresse qu'il accueille dans un jardin luxuriant et étouffant. Pourtant, il ourdit bien un torve projet, celui de faire convoler en justes noces son soldat de fils et cette beauté égarée. Seule ombre à ce tableau munificent, entre Min et la fille de son hôte, An, se nouent des relations de plus en plus complices, jusqu'à la communion saphique. Troubles et défiances des interdits vont alors accompagner le lent délitement insulaire de ce quatuor.

Le dernier succès de Daï Sijie en tant que cinéaste - ses romans bénéficiant d'un lectorat plus assidu -, Balzac Et La Petite Tailleuse Chinoise, n'incitait pas nécessairement à l'enthousiasme avant ces Filles Du Botaniste. A l'arrivée le long métrage laisse une impression mitigée et opaque. Outre une musique assourdissante et prétendument lyrique qui achève, pachydermique, le moindre soubresaut flapi de mise en scène, c'est surtout la profonde dualité de ce mélodrame qui divise l'auditoire. Deux courants antagonistes se côtoient ainsi entre latéralité des travellings (apparition de l'institution, lecture de la lettre posthume de Min) et description empesée marquée par l'engeance de l'écrit - rien de surprenant à voir l'homme de lettres désynchroniser la voix (savoir et narrateur omniscient ?) de l'image lors des premiers échanges entre l'élève et son futur professeur.

Structurellement cette dynamique appose les contingences d'un timide plaidoyer en faveur des libertés dans la Chine des années 80 - symboles patauds (pluie lacrymale, temple et onanisme spirituel, plante-sexe carnivore, pénis-racine enterré) et flous ostentatoires - avec un décorum caillé par une carence de singularité figurative. L'éruption de l'extatique et occidentale Mylène Jampanoï rappelle le subterfuge utilisé dans L'Annulaire pour traverser et désincarner la torpeur glacée du désir asiatique. Et que dire de l'appesantissement sur les rites quotidiens, sur les paysages opulents du Vietnam - le film ne reçut pas l'aval des autorités pour être tourné en Chine - ou sur ce jardin à la splendeur plastique somptueuse si ce n'est qu'il aliène hermétiquement, à la manière d'À La Verticale De L'Été, le contenu à la forme grandiloquente. Nous nageons ici en eaux balisées tandis qu'un certain académisme pointe benoîtement entre motifs ressassés de clandestinité ou joutes codifiées avec un environnement lourd de sens (Jour Et Nuit affleure notamment).

D'où les contradictions profondes dans lesquelles se débattent, par extension, les protagonistes. Car Daï Sijie les envisagent entre l'organique - importance avérée du tactile avec An pétrissant la résine ou Min s'extirpant des limons de la rivière - et les arabesques de l'âme - les délices féminins s'élevant en volutes de vapeur chargées de fragrances signifiantes. Mais exilés aux confins de cet exotisme de pacotille, ils peinent à faire fusionner essences et enveloppes. Et les voici procrastinés dans un théâtre déglingué et coupé du monde - iconicité brumeuse du sanctuaire surexploitée récemment par Kim Ki-Duk -, incapables d'apprivoiser une quelconque altérité ou de gérer les dissensions iniques de leurs couples. Le trépas s'impose, impavide, avant même les négligences ou vitupérations du dernier quart d'heure. Car au sein de ce microcosme irrespirable et vénéneux les corps paient un étrange tribut aux plantes avoisinantes. Pour accaparer le rôle de contrapuntistes de leur petit lopin de terre - rabrouer le père intolérant ou enfermer le mari dans un stéréotype de brute épaisse - les deux jeunes femmes acceptent d'être ponctionnées de leur humanité pour se transmuer en végétaux - double assujettissement souligné par la déférence filiale et l'addiction à l'éden permissif des ébats. La seule incursion en territoire externe, le voyage de noces, devient apologue violent d'un érotisme partagé et non subi, prélude des transgressions charnelles à venir comme celle qui scelle leur destin : faire l'amour en uniforme miliaire. Finalement, ce qui séduit le spectateur demeure cette sensation anxiogène de l'absence d'échappatoire, similaire à celle qui accable les images prisonnières d'un horizon visuel absolu et pétrifiant.


  Frédéric Flament

Quelques mois après la découverte des grands espaces texans et des amours invertis des bergers de Brokeback Mountain, la nature prête son cadre favorable à une nouvelle ode à l'homosexualité contrariée, féminine cette fois. Dai Sijié, auteur acclamé et metteur en scène honorable de Balzac et la petite Tailleuse chinoise, a tiré d'un fait divers chinois (la condamnation de deux amantes pour homosexualité dans les années 80) un film publicitaire coloré et insipide dans les décors somptueux d'une végétation vietnamienne luxuriante, la Chine ayant refusé de donner son accord pour son auto-flagellation cinématographique. Hélas, ni la beauté sauvage des images, ni la plastique irréprochable des actrices ne parvient à égaler la platitude des sentiments et la pauvreté des situations : les clichés éculés et l'absence d'émotion peinent à tenir le spectateur en éveil, bercé par un remix sirupeux du Canon de Pachelbel assorti d'accords pompiers tout droit tirés de la bande originale du Frankenstein de Kenneth Branagh. On s'ennuyait déjà ferme devant les interminables remises en question des cow-boys gay : les botanistes chinoises ont beau avoir soif d'absolu et être prêtes au sacrifice pour la cause, on reste tristement de glace devant leurs étreintes vaporeuses et leur malheur injuste.


  Laurent Herrou


     Balzac et la petite tailleuse chinoise


    


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