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La Mentale
Réalisé par Manuel Boursinhac

Avec : Samy Naceri, Samuel Le Bihan, Clotilde Courau, Frédéric Pellegeay
Durée : 1:56
Pays : France
Année : 2002
Web : Site Officiel
Film dur à digérer et auquel vous réfléchirez bien après la fin du générique, La Mentale s'émisse dans votre esprit et vous donne envie de hurler la douleur qui vous tord l'estomac et le cœur…Enfin nous livre-t'on un film authentique, âpre, sans concession, sans message politique, ni moralisation (le film ne désigne pas de coupable et ne s'enorgueillit pas de trouver des solutions) sur le monde du grand banditisme ! Rien d'étonnant à cela, quand on connaît les hommes aux « manettes » de l'entreprise : Manuel Boursinhac et Bibi Nacéri. Une histoire de famille, de communauté, mais pas seulement...

Le premier a déjà fait ses preuves en tant que réalisateur grâce à son premier film Un pur moment de rock'n'roll,(dans lequel Samy Nacéri interprétait déjà un rôle, celui de Kamel) sur l'univers et la réalité des toxicomanes. Mais, c'est à Bibi Nacéri que l'on doit l'instigation du projet. Ayant porté l'écriture de ce scénario en lui depuis ses jeunes années, pendant lesquelles, malgré lui, il a appris à connaître ce milieu de gangsters, Bibi Nacéri fait appel à Manuel Boursinhac, ami de longue date, pour structurer son récit et lui donner un langage cinématographique. Une fois le scénario achevé, le duo d'hommes n'eut aucun mal à constituer un casting digne de ce nom.

Naturellement, Bibi Nacéri choisit Samy, son frère, pour interpréter Yanis. Ce dernier reçoit enfin, ici, en cadeau, un rôle charismatique à la hauteur de son talent, qui jusqu'ici n'avait pas encore trouvé d'écrin à sa mesure. Dans un jeu à la fois très physique et nuancé (eh non, il ne possède pas que deux rictus à la « Bruce Willis » !), il sort ses tripes pour un film qui lui est particulièrement cher et cela crève l'écran. Le choix de Samuel Le Bihan, en revanche, dans la peau du personnage principal et central de la tragédie, Driss, est contestable, pas pour la crédibilité de son interprétation mais physiquement. Pour tenter de nous convaincre qu'il est « beur », la production l'a affublé d'un dentier, d'une bonne dose de fond de teint, de sourcils teints en noir et de lentilles foncées ! Le comédien est d'une grande intensité et parvient à nous remuer au plus profond (cet ancien élève de la Comédie française est époustouflant de naturel et de subtilité) malgré ces handicaps. Alors évidemment, on ne remet pas en cause le choix du comédien, mais peut-être aurait-il fallu apporter quelques modifications au personnage de Driss ? Il aurait pu être le cousin de cœur de Yanis…

Ce second long-métrage du réalisateur Manuel Boursinhac est un mille-feuilles, complexe et riche. Les niveaux de lecture et les thèmes traités s'effeuillent au fil du récit.

Qu'est-ce que La Mentale ?

Elle peut se définir en trois règles à respecter dans le milieu des voyous : « savoir de taire », « protéger sa famille » et « ne jamais trahir » (le code moral est bien entendu tout relatif dans ce milieu). Ayant les cartes en main, on devine assez vite que Driss et Yanis vont enfreindre cette « loi au-dessus des lois » et faire tourner ainsi leurs vies, et celles de leurs proches, à la tragédie. Aucun protagoniste n'échappe pas à son destin. Le personnage de Driss est particulièrement complexe et tragique, au centre du tourbillon. Hésitant face à un choix de vie (et de mort !), c'est à lui que l'on s'identifie car il a encore un pied dans la « vie normale », grâce à Lise. Elle est ancrée dans la réalité et rejette ce milieu. Et pourtant, Driss est un homme déraciné, tiraillé entre deux modes de vie et deux pays(l'Algérie et la France).

Yanis, en revanche, a choisi son mode de vie, il y a longtemps. Il incarne le côté sombre de Driss et du film. Il a tracé son chemin dans ce monde sans pitié du grand banditisme. Le personnage interprété par Samy Naceri, lui, envoie au tapis les idées reçues sur la difficulté de vivre entre deux cultures : "Ma mère est française, mon père est au Bled, je passe mes vacances là-bas, je vais à l'école ici, alors mes racines, la religion, tout ça, j'en ai rien à foutre, je suis de l'endroit où je trouve ma gamelle." Son personnage n'est pas édulcoré. Par conséquent, il ne suscite pas l'admiration et la fascination, ce qui pouvait être le cas dans un film comme Le Parrain avec la famille Corleone. Cet effet pervers était surtout dû à une mise en scène brillante et parfois complaisante. Ici, le parti est pris de la sobriété(excepté une scène de fraternité, au restaurant où Driss retrouve sa bande, filmée au ralenti). Vivant comme des rois, les mafieux ne meurent jamais dans leur lit : ils crèvent comme des chiens (la scène d'une extrême violence morale et visuelle de « l'abattage » du frère de Driss et de son copain dans la chambre froide fait office de témoin). Au final, le discours (il existe tout de même) est clair : on n'a rien à gagner à mener cette vie là. L'analyse et le décorticage, sans concession, de ce milieu d'une grande cruauté, sont rendus avec grande habileté et authenticité par Manuel Boursinhac.

Les personnages féminins sont très bien écrits et remarquablement portés par des interprètes au jeu-vérité palpable. La comédienne Marie Guillard incarne Lise, la facette « rangée » de Driss, celle par laquelle une nouvelle vie peut survenir. Clotilde Courau, elle, endosse la robe lamée de Nina, gitane voleuse émérite et ex-amante de Driss. Elle représente la tentation, et incarne pour lui la passion sans contrainte et sans obligation. Elle est un des éléments moteurs pouvant convaincre Driss de rejoindre son cousin, Yanis, dans ses affaires frauduleuses. L'actrice dans son travail de préparation pour son rôle de Nina, en amont, a beaucoup parlé avec la femme de Bibi Nacéry, une gitane. Elle l'a aidé à acquérir cet accent si reconnaissable entre tous.

Omniprésent et ultime personnage du film, la bande originale, composée par Thierry « Titi » Robin, colle à merveille au film. Rejetant le hip hop pour éviter les écueils de la banlieue, le réalisateur choisit plutôt des consonances tziganes. En effet, le compositeur, qui signe ici sa première musique de film, est un gitan qui, au travers de ses voyages en Inde, en Europe de l'est et en Amérique du sud, s'est nourri et a enrichi sa guitare de ces influences. Même si la plupart des morceaux s'apparentent plus à ceux des « espagnolants » Gipsy Kings qu'à ceux du groupe turc Taraf de Haïdouks, quelques partitions sont cependant réussies et sonnent comme des échos de la brillante bande originale du Parrain : celles du générique de début et de la mort de Driss.

Quand on observe la scène d'ouverture de La Mentale, on identifie rapidement l'influence qu'un réalisateur comme Jean-Pierre Melville a pu exercer sur Manuel Boursinhac. La séquence d'ouverture est révélatrice de cet héritage. Le montage parallèle entre les plans de Driss fumant au lit avec Lise et ceux de ces motards sur une route sinueuse, en route pour un « casse » ne sont pas sans rappeler, selon moi, la scène d'ouverture du « Doulos ». Polar, film de grand banditisme, de gangsters français : Manuel Boursinhac et Bibi Nacéri réinventent avec La Mentale le film de genre. Qu'il n'y ait pas de méprise, il n'est pas question ici du monde des cités. Plusieurs générations (Nacéri, Duchaussoy, le frère de Dris) se croisent, s'entendent et se tuent. Un jeune enfant noir des banlieues, par sa silhouette, apparaît dans de nombreux plans et crée un lien entre les moments forts du film. Témoin de la violence, il est également une relève éventuelle pour le milieu. Mais différence de poids : lui a encore le choix…

  Laurence Nicoli




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