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Instinct
Réalisé par John Turteltaub
Instinct est une allégorie visuelle de l'assèchement d'inspiration des scénaristes d'Hollywood.
Le Dr Caulder (Cuba Gooding Jr) est un jeune psy ambitieux qui désire faire ses preuves au plus vite. Pour ce faire, il jette son dévolu sur un cas médiatique, celui du Dr Powell (Anthony Hopkins). Cet ancien anthropologue devenu bête sauvage, spécialiste en gorilles, est désormais interné dans un asile à la suite d'un meurtre. Le film promet donc l'affront entre ces deux esprits forts où l'un tentera de percer les mystères de l'autre.
Cette pseudo-confrontation psychologique n'est en fait qu'une vulgaire compilation, tant au niveau scénaristique que du jeu.
Ainsi, aprés le "Best of des Années 60" rayon musique, voici le "Best of des Années 80" rayon cinéma. Avec Instinct voyez le meilleur du Silence des Agneaux, Gorilles dans la Brume, Greystoke et Vol au dessus d'un Nid de Coucou pourrait être le slogan accrocheur pour la bande annonce.
- du Silence des Agneaux:
-Confrontation psychologique entre un débutant et un Anthony Hopkins en cage.
-Utilisation dangereuse de stylos
-Couloir pénitancier inquiétant
- de Gorilles dans la Brume:
-Le Dr étudie et fraternise avec les gorilles.
-L'équilibre sera rompu par l'intervention extérieure des "méchants humains".
- de Greystoke:
-Il vit isolé dans la jungle dans un état semi-animal.
-Dur retour à la civilisation.
- de Vol au dessus d'un Nid de Coucou:
-Il est interné au milieu des fous et drogué.
-Il est harcelé par un garde tyrannique.
-Il devient le héros de ses petits camarades.
A cela, ajoutez une pincée de Disney à travers les deux "sidekicks" amusants et débiles dont le héros est flanqué, comme dans tout bon dessin animé.
Côté interprétation, les gorilles éclipsent de leur professionalisme les deux animaux savants Anthony et Cuba.
Hopkins nous sort la "compil" de sa carrière, nous refilant son vieux numéro d'Anibal Lecter sous l'apparence du vieux Zorro. Si on ne peut contester ses accents psychopathes, le regard primitif d'un Christophe Lambert en est absent.
Il passe en fait la plupart de son temps la tête baissée, derrière ses longs cheveux, comme pour se cacher de la honte d'un tel film.
Quant à Cuba Gooding Jr, rarement ai-je autant ri dans une salle de cinéma. L'étincelle qu'il a au fond des yeux rappelle celle du regard d'une tête de veau au fond d'une marmite. Il tente en vain de jouer comme Tom Cruise un rôle à la Tom Cruise. Mais n'est pas Tom Cruise qui veut. Plus il se donne à fond, plus on rit. Il faut le voir monter et descendre les marches de l'amphi, récitant son monologue tout en levant les bras au ciel. Tout n'est pourtant pas si négatif: savoir qu'il a un oscar me fait soudainement rêver qu'un jour, moi aussi je brandirai la petite statuette dorée, sous une pluie d'applaudissements.
Côté réalisation, le film ressemble à une pub Menthos. Quand on sait que John Turteltaub est l'auteur des inoubliables Phenomenom, Cool Runnings et 3 Ninjas, on devine que réalisme et minimalisme ne sont pas ses soucis premiers.
Enfin le film comporte quelques bétises des plus grossières.
En moins d'une minute le film se contredit: alors que Anthony Hopkins explose pour démontrer qu'il avait été accueilli par les singes en tant qu' humain et non qu'animal, la scène de flashback suivante le montre se débarassant de ses derniers artifices humains (jumelles, machette..).
Je me demande aussi toujours comment l'évadé d'un asile américain, sans le sou, peut se retrouver la scène suivante dans la jungle africaine.
Mystère, mystère, tout comme l'existence d'un tel film.
Fred Thom
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Instinct Critique du film
