Dans Paris movie review DVD critique de Dans Paris



 

 



critique de Dans Paris

Dans Paris

:. Réalisateur : Christophe Honoré
:. Acteurs : Romain Duris, Louis Garrel
:. Scénario : Christophe Honoré
:. Durée : 1:30
:. Année : 2006
:. Pays : France


Comment réinventer son cinéma en s'abritant derrière celui des autres ? Dans Paris, le troisième film de Christophe Honoré, fait l'éclatante démonstration qu'il faut parfois en passer par une forme imposée pour se singulariser.

Dès le prologue et l'adresse caméra que fait un Louis Garrel plus héritier de Léaud que jamais, le spectateur est prévenu : voici un film littéraire, affranchi et vif, tourné dans les pas de Truffaut, d'Eustache et de Godard, un film qui paraît s'inventer sous nos yeux, et prend appui sur les libres paysages de la Nouvelle Vague pour bercer de fantaisie l'inévitable tristesse des jours.

Il faut pour cela passer ces dix premières minutes qui font craindre le pire, où Paul (Romain Duris), se sépare d'avec sa compagne Anna dans une succession de scènes rejouant l'éternel danse d'amour et de haine. Dans cet amas de clichés passionnels qui alourdissaient déjà les deux précédents films du réalisateur, Honoré semble reprendre les mailles de son cinéma avant de tout retricoter drôlement les sentiments et les relations, comme ses plans et sa narration qu'il ramasse en une seule journée. Car voilà Paul qui retourne lécher ses blessures dans l'appartement familial. Son père (Guy Marchand), y traîne en robe de chambre, tandis que son jeune frère Jonathan l'invite à le rejoindre au Bon Marché qu'il promet de rallier en moins d'une demi-heure à pieds. Il lui faudra pourtant une journée entière à cet enfant de Doinel, une journée au cours de laquelle nous verrons Paul rire, pleurer et même murmurer une chanson qu'on croirait échappée de chez Demy, pendant que son frère multipliera les rencontres amoureuses comme autant de bornes rappelant le méticuleux sens topographique de Rohmer.

Film tout entier empreint de références à ce cinéma français qui ne cesse d'enchanter, Dans Paris ne disparaît cependant jamais dans un formalisme maladroit tant ils s'ouvre à pleins battements au pouls de ses comédiens. Sa fragile réussite se tient peut-être bien là, dans cet abandon formel qui permet toutes les communions avec des acteurs libres et magnifiques dont on est très vite convaincu qu'ils forment une famille. Derrière l'apparente simplicité du propos et de la forme se niche donc la superbe invention de liens familiaux, faits de chair et de sentiments comme de bosses et de plaies, où chaque être tente un peu de conserver sa tristesse pour la dérober sagement au regard des autres. A ce jeu, les comédiens sont tous excellents, suspendus au bord du jeu et de la vie, et même chargés de leur propre légende comme cette apparition de Marie-France Pisier en mère aussi exceptionnelle que triviale.

Nul ne s'étonnera alors de trouver dans ce film simple et hardi, aussi généreux qu'habité par une connaissance intime du 7ème art, la présence fuyante d'un personnage disparu qui tisse encore sa toile dans le cœur des vivants. Car il en est des familles comme du cinéma : ils ne tiennent que par leurs fantômes.


  Guillaume Orignac


    


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