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Carandiru













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Carandiru
Réalisé par Hector Babenco

Avec : Luiz Carlos Vasconcelos, Milton Gonçalves, Ivan de Almeida, Ailton Graça
Scénario : Victor Navas, Fernando Bonassi, Hector Babenco
Titre Original: Carandiru
Durée : 2:26
Pays : Brésil
Année : 2003
Web : Site Officiel
Adaptation de Carandiru station, un best-seller de Drauzio Varella, Carandiru propose une plongée au cœur de la prison de São Paulo, la plus grande d'Amérique latine, avec environ 7 000 détenus, pour une capacité de 4 500. Guidé par un médecin humaniste (l'auteur) pris d'affection pour les prisonniers, le spectateur partage le quotidien des condamnés, avant le massacre perpétré le 2 octobre 1992 par la police, à la suite d'une émeute.

Le film s'ouvre sur un règlement de comptes désamorcé par Ebony, prisonnier préposé aux cuisines. Si le directeur arrive sur les lieux rapidement, Ebony ne lâche pas pour autant les rênes de la situation. On l'a compris : à Carandiru, les voix de la direction et celles des détenus s'élèvent en chœur et vibrent au diapason, afin de maintenir un équilibre et un ordre précaires, indispensables au relatif bon fonctionnement des lieux. Les sentinelles armées effectuant leurs rondes le long des remparts, toujours discrètes, ne représentent que le dernier recours en cas de débordement.

Ce qui frappe d'emblée dans le film de Babenco, ce sont les détails qui servent à rendre compte des règles tacites établies dans cet endroit de réclusion. Tueurs, voleurs et violeurs semblent cohabiter en édictant leurs propres règles, souvent des transpositions de la loi de la rue, avec ses codes, ses devoirs, ses droits, et ses punitions.

Entre les murs des différents pavillons, on assiste au quotidien d'une ville à part entière, avec sa vie de quartiers, ses métiers, ses habitations. Nulle cellule fermée : l'impression de visiter des studios dans une banlieue crasse déconcerte. Chacun va et vient à sa guise, s'approprie sa cellule et la décore à son goût. On y regarde la télé, on y cuisine sa popote, on étend son linge aux barreaux. Difficile de se convaincre qu'il s'agit d'une prison. Les couleurs et les éclairages servent cette atmosphère hyperréaliste. Inspiré par les éclairages propres de la prison, Walter Carvalho, directeur de la photo, mélange les couleurs, fait cohabiter lumières chaudes et lumières froides. Résultat : un chaos chromatique à l'opposé de l'image sombre et glauque que l'on se fait de ce genre d'endroit. Pourtant, la poisse et la crasse habitent les murs.

La poisse, les personnages la traînent comme un boulet. Dommage que Babenco n'ait su dresser intelligemment leurs portraits. Il ne parvient pas à éviter l'ennuyeuse énumération des histoires personnelles. Au cours du défilé des prisonniers dans l'infirmerie où le médecin va rapidement gagner leur confiance, on a droit à moult flash-backs sur les parcours de chacun. Aussi nécessaires soient ces biographies pour s'attacher aux protagonistes, Babenco peine à lier le tout.

Il parvient en revanche à réveiller l'empathie du spectateur par le truchement d'un humour distancié, comme dans cette scène où un volontaire aide le médecin à piquer les patients, tout en fumant du crack : pour se justifier, il prétend que les veines, fluo, lui apparaissent plus clairement, comme à Las Vegas ! Personne n'est dupe : tous peuvent clamer l'erreur judiciaire et leur innocence, ils demeurent des criminels et doivent le rester pour survivre en prison. L'accent mis sur leur joie de vivre leur rend pourtant une part d'humanité. Reste alors à les voir évoluer au quotidien, et surtout lors de longues séquences festives, dont la plus réussie reste la journée des visites des familles, joyeuse kermesse ponctuée de situations cocasses se référant aux histoires de chaque personnage. Pivot central, le médecin, véritable confident innocent sans préjugés, leur donne la parole. A la fin du film, comme dans un documentaire, les survivants s'adressent à la caméra, témoignent et commentent les événements. Chacun livre ses hypothèses sur les raisons de la mutinerie : une dette impayée ? Un match de football ? Un slip ?

La fin du film, centrée sur le massacre, dérape parfois vers la complaisance, avec des corps en contre-jour figés dans la position du Christ crucifié, une cascade de sang dévalant les escaliers, ou ces plans sur les corps nus des survivants humiliés, tassés les uns contre les autres dans la cour. Pourtant, cette longue demi-heure, divisée en plusieurs étapes (échauffourée entre détenus, mise à sac de la prison, négociations avec les autorités, massacre, humiliation), scelle avec pertinence le discours quelque peu engagé de Babenco. La question sur la vérité trouve alors sa légitimité. Le rapport officiel établit 111 prisonniers morts et aucun policier. Seuls présents lors du drame : Dieu, la police, les détenus. Ce sont les détenus qui parlent, mais comme le dit si bien l'un d'eux, « la prison n'est pas la demeure de la vérité ».

  Moland Fengkov





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