critique du film L'Assassinat de Richard Nixon DVD The Assassination of Richard NixonL'Assassinat de Richard Nixon [The Assassination of Richard Nixon]






L'Assassinat de Richard Nixon













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L'Assassinat de Richard Nixon
Réalisé par Niels Mueller

Avec : Sean Penn, Don Cheadle, Naomi Watts, Michael Wincott
Scénario : Niels Mueller
Titre Original : The Assassination of Richard Nixon
Durée : 1:41
Pays : USA
Année : 2004
Site Officiel : L'Assassinat de Richard Nixon
Une portion du cauchemar américain. Pour son premier long métrage, Niels Mueller frappe fort et juste. Derrière le portrait d'un loser ordinaire qui, d'humiliations en déceptions, décide de détourner un avion pour le lancer sur la Maison Blanche, L'assassinat de Richard Nixon livre une vision âpre et cruelle de la société américaine, portée de bout en bout par un Sean Penn magistral.

Février 1974 : le scandale du Watergate s'apprête à tomber sur le président Richard Nixon. Un homme se rase dans sa voiture. Plans serrés sur un revolver, une mallette, et des enveloppes ; il cache une arme dans une prothèse placée sur sa jambe, et se dirige vers l'entrée d'un aéroport. En voix off, il s'adresse au compositeur et chef d'orchestre Leonard Bernstein à qui il raconte son histoire, enregistrée sur bandes. Flash-back, un an plus tôt. Sam Bicke vient de trouver un poste comme vendeur de mobilier de bureau. Il partage sa vie entre son travail, ses visites impromptues et maladroites chez son épouse dont il est séparé, mais qu'il voudrait reconquérir, et Bonny, un garagiste avec qui il rêve de monter sa propre affaire.

Au moment où le film s'ouvre sur la confession de Sam Bicke, on le trouve à la fin d'un lent mais inéluctable processus de destruction dont le récit va s'ingénier à détailler toutes les étapes. A ce stade ultime de son misérable parcours, Sam Bicke se montre déterminé, réfléchi, critique et lucide. Terrifiant même, puisqu'il bâtit un discours visant à démontrer qu'un grain de sable (sic), c'est-à-dire un moins que rien, un anonyme, un quidam, peut exister l'espace de quelques minutes, aux yeux du monde, en s'attaquant à l'homme le plus puissant du pays. Sam Bicke n'en vient pas à fomenter un tel projet gratuitement. Tout le film de Mueller livre les éléments qui firent de cet homme ordinaire un assassin potentiel. D'ailleurs, on le retrouve, un an plus tôt, faisant preuve d'un manque total de confiance en soi, tout le contraire de ce terroriste solitaire. Tous les compartiments de sa vie aident à laminer ses chances et sa volonté de réussir. Son épouse, indifférente, distante, dépourvue de compassion, le tient à distance pour reconstruire une famille avec un autre ; son frère ne lui témoigne que mépris, le traite de menteur et d'escroc, alors que les journaux télévisés s'évertuent à montrer un Nixon acculé qu'on contraint, tout comme lui, à se justifier constamment.

Le parallèle entre Sam et le président fonctionne comme un jeu de miroir. Le citoyen ordinaire, qui n'aspire qu'à une vie meilleure, telle que le rêve américain peut en offrir, s'identifie à la personnalité la plus importante des Etats-Unis. D'ailleurs, le patron de Sam compare son métier à celui qu'exerce Nixon (réélu en 1972 grâce aux mêmes promesses de la campagne précédente qu'il n'a même pas tenues), où la réussite (vendre sa marchandise) passe obligatoirement par le mensonge, dans l'une de ces nombreuses scènes de restaurant qui se transforment en interrogatoire ou en séance d'humiliation. De même, cet employé lambda qui rêve de se libérer de ses chaînes modernes sait qu'il ne peut exister qu'avec un nom. Tout comme son frère Julius, patron d'un garage, il n'accédera à la reconnaissance qu'en lançant sa propre affaire. La subtilité du scénario pousse l'ironie jusque dans le nom, dans cette scène où le fils de son associé l'appelle « oncle Sam ». L'espace d'un instant innocent, il porte le même nom que celui de la nation elle-même.

Pourtant, Sam ne parvient jamais à convaincre son public (son associé, son frère, son patron, sa femme, lui-même) : constamment en représentation, tout en essayant de garder sa part d'intégrité, il garde sur son visage l'image d'un perdant. Témoin cette scène où devant sa glace, il s'exerce à se présenter, sans conviction : « Hi, I'm Sam Bicke ». Lui-même n'y croit pas vraiment, notamment lorsqu'il se présente comme un homme d'affaire sûr de lui devant un banquier à qui il demande un prêt, ou encore lorsqu'il assure à sa femme qu'il maîtrise sa vie. Il est question de foi dans L'assassinat de Richard Nixon. Ceux qui représentent le pouvoir se définissent par leur aptitude à tromper leur monde (le patron de Sam, Nixon, le banquier), et ceux qui prônent la vérité restent sur le bas côté. Comme si la solitude était le corollaire à la sincérité. Même auprès des opprimés que sont les Black Panthers, Sam bute contre un mur d'incompréhension, se ridiculisant lui-même.Le salut ne peut venir que de lui-même. Le film ne raconte rien d'autre que l'histoire d'un homme qui n'aura pas su trouver et jouer son propre rôle dans une société sans pitié pour les médiocres et les faibles, malgré l'espoir et la volonté. Un homme qui voulait juste exister, mais qui n'a su résister.

  Moland Fengkov





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