Anna M. movie review DVD critique de Anna M.



 

 



critique de Anna M.

Anna M.

:. Réalisateur : Michel Spinosa
:. Acteurs : Isabelle Carré, Gilbert Melki
:. Scénario : Michel Spinosa
:. Durée : 1:46
:. Année : 2007
:. Pays : France
:. Site Officiel : Anna M.


Anna travaille à la restauration d'ouvrages pour la Bibliothèque Nationale. Sa vie routinière s'organise entre tâches minutieuses, syncopes extatiques et appartement cendreux maternel. Elle finit par se jeter sous une voiture qui loin de l'achever la précipite sur la table d'opération du Dr. Zanevsy. La voilà fantasmant sur cet homme, chaque geste ou parole ne la convainquant que davantage d'un amour irraisonné qu'il lui vouerait. Seul hic le praticien ne ressent rien pour sa patiente et la catalogue comme profondément perturbée.

Anna M. tient du pari ambitieux puisqu'il entend suivre palier par palier - Illumination, Espoir, Dépit, Haine, Refuge - l'évolution mortifère d'une pathologie érotomaniaque en l'accompagnant au plus près, sans jamais la propulser dans la réalité pour en souligner les aberrations comportementales. L'héroïne - extraordinaire Isabelle Carré diffusant un trouble palpable - et le film sont ainsi aliénés par des décors baroques, des cadres oppressants, une ville monumentale ou une distanciation éthérée qui écrasent et isolent sans vergogne - perspectives d'un enfant enfermé dans un statut d'adulte. La pulsation de la mise en scène est à l'avenant, tout en ruptures et dissonances elle arbore rapidement une tonalité suicidaire dérangeante que ce soit pour l'élément visionné ou le spectateur, acculés.

Car la projection se fait éprouvante, anxiogène, le cinéaste jouant de l'amorce, de ce que son imprévisible démone aux traits séraphiques pourrait perpétrer (baby-sitter agressive envers deux enfants, attente vertigineuse du métro…) avant de prendre une autre voie - la plus sage - à l'acmé de la sourde tension. Ce malaise répété lui permet de sculpter la matière organique de son long métrage pour en tirer un bunker à l'image de la jeune femme dépossédée et transmuée lentement en monstre phagocytaire - la nudité brute de son enveloppe retranscrite lors de séances d'onanisme sans sensualité aucune, attendant de dévorer, haletante, celle de l'objet imploré et harcelé. Pas étonnant alors qu'Anna et la chronique de sa dérive semblent séjourner ailleurs, dans un fantastique à la fois mitoyen et décalé, un espace imprécateur, réceptacle convulsé du manque d'amour.

Sans la carence d'analyse sociétale nous serions tentés de rapprocher Anna M. de l'immense [Safe] : même volonté tenace de sonder notre capacité à refouler hystériquement la normalité (reproduction physique des blessures imaginées - jambe et tête), même performance entre vagissements et évanouissements vespéraux d'une actrice en état de grâce, même spirale calfeutrée vers l'ergastule du néant. Pourtant ils diffèrent avec le traitement du mysticisme évanescent sur lequel échoue irrévocablement Michel Spinosa. Il est aisé de comprendre en quoi cette propension humecte un récit si rigide mais le vrombissement liturgique s'égare et lasse, au risque de nous identifier à un Gilbert Melki médusé. Si l'essence exaltée de ces râles exaspère lors de l'avant-dernière scène, elle est néanmoins au centre des compositions graphiques les plus inspirées du film, les poses pastelles où Anna est étendue, tournée vers le ciel. Elle ne fait plus qu'un avec lui et nous de comprendre cette ode à l'amour fou non-asservie : tout élément de son environnement peut être potentiellement et irrationnellement poursuivi de ses assiduités, déviances et inquiétude faisant le suc de l'entreprise.


  Frédéric Flament


    


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