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American Psycho













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American Psycho
Réalisé par Mary Harron

Adapter American Psycho à l’écran était une tâche périlleuse, quasi-impossible tant le roman de Bret Easton Ellis est crû dans sa représentation détaillée voire chirurgicale de la violence et du sexe. La réalisatrice Mary Harron (I Shot Andy Warhol) s’en acquitte pourtant avec succés, préservant l’essence de la nouvelle tout en l’édulcorant visuellement.

Pour ceux qui seraient peu familiers avec le roman, American Psycho est une satire du milieu Yuppie de New York à travers les yeux du personnage central, Patrick Bateman, un financier de haut-vol le jour, tueur en série la nuit. Sorti au début des années 90, le livre de Bret Easton Ellis jetait un regard cynique sur la décennie qui venait de s’achever et qui avait été le point culminant de la culture yuppie (on se souvient de Wall Street qui avait déjà abordé ce sujet). L’utilisation extrême de la violence et du sexe ne servaient que de pretexte à montrer l’avilissement derrière le masque d’une génération de héros des affaires, pied-d’estal à l’époque.

Et c’est parce que la réalisatrice a su cerner ce point, que le film est une réussite. Au lieu de nous infliger un film slasher—et il y avait matière—sa réalisation suggère plutôt que montrer en détail, évitant ainsi un classement X. Mary Harron se concentre sur le personnage et son interaction avec le monde dans lequel il évolue, l’utilisant comme véhicule d’un satire caustique et jouissive de cette “génération Wall Street”. Bateman est un personnage narcissique, amoureux de lui-même, au propre comme au figuré, qui aspire au rang d’homme parfait. Mais derriere son masque de beauté—comme la scène d’ouverture le suggère—se cache un monstre qui s’attaque à ceux qui déshonorent sa race d’homme parfait—clochard, prostituées—et à ceux qui pourraient lui faire de l’ombre ou lui renvoient sa propre image. Et c’est d’ailleurs pour ça que le seul personnage innocent du film se verra épargné; le seul être qu’il serait prêt à aimer.

Le film oscille donc entre horreur, fantasmagorie et sarcasmes, toujours sous le signe de l’humour—noir bien sûr. Et les scènes de satire de Bateman et de son monde sont hilarantes—du concours de cartes de visite à l’orgie avec les prostituées où il ne fait que se regarder dans la glace tout en se filmant en plein acte, en passant par les scènes de violence irréelles. La critique se veut acerbe et n’épargne aucun des personnages (sauf un). Collègues, fiancées, avocat, prostituées et même le detective: tous sont rongés par le vice, désir de paraître, argent, perversion, folie, cruauté, Bateman réunissant cepandant toutes ces qualités comme pour mieux les absorber. Il semble en fait, avoir été choisi pour porter tous les péchés de son monde, un Sodom & Gomorhe moderne, et le fait qu’il ne soit pas puni pour ses crimes (fictifs ou non n’a que peu d’importance) n’a que pour but, comme il prend conscience, d’être torturé pour toujours pour tous les vices de son monde qu’il porte en lui.

Mais le film ne marcherait pas sans l’interprêtation éclatante de Christian Bale qui donne vie au personnage procurant au spectateur une jubilation inesperée. C’est un régal de voir la performance de Bale dans un tel rôle monstrueux auquel il apporte un décalage des plus jouissifs. Sérieux ou fou, Bale dégage toujours un charme et une folie douce qui rend son personnage hilarant. Un peu comme Malcom McDowell dans Orange Mécanique. On se rappèle ainsi de la façon élégante, comme une danse, avec laquelle McDowell tuait ses victimes, comparable ici aux envolées quasi-philosophiques de Bateman sur ses chanteurs préférés comme Huey Lewis, Phil Collins & Whitney Houston!!—d'autant plus ironique quand on connait la profondeur de ces chanteurs. La bande son oscille donc entre daube FM et musique branchée aux goûts d’Ellis. On notera aussi la justesse de l'effacement de Chloë Sevigny qui apporte un bref moment de fraicheur et de pureté.

Certes, ormis celle de la scène de la douche, les longues descriptions du livre sont absentes. Mais aurait-il fallu les respecter, le film aurait duré plusieurs jours. On peut aussi s'interroger sur une des dernières scènes avec la police, trop volontairement fantasmagorique pour être honnête. Pourtant, ce qui pourrait paraître maladroit, est en fait un astucieux leurre destiné à semer la confusion dans l'esprit du spectateur et à l'amener dans une mauvaise direction quant à la santé mentale de Patrick Bateman. Le film brouille habilement les limites entre réalité et fantasmagorie et offre soudainement au spectateur comme à Patrick Bateman une solution évidente, sorte de sortie de secours facile du cauchemard pour le personnage et du film pour le spectateur. Pourtant comme l'indique le panneau derrière l'avocat et Bateman dans cette dernière scène qui contient la clé du film "This is not an exit". Dans un monde oú règnent les apparences, les illusions sont trompeuses. Comment être sûr de la parole d'un homme qui confond ses clients? Les appats du marché de l'immobilier New Yorkais apportent aussi un autre indice. Quant à la paranoïa, elle prendrait facilement racine dans une folie si monstrueuse. Folie ou prison ne seront donc pas une sortie de secours pour Bateman qui devra subir la punition infinie d'une réalité cruelle.

American Psycho dévoile la noirceur et le cynisme de l'Amerique des anné 80 et réussit d'autant plus qu'il leurre ceux qu'il cible: ses détracteurs.

  Fred Thom




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